« Il y avait à cette époque un mouvement global en France, et notamment en province, impulsé par ces passionnés qui ont développé un cinéma d’art et essai dans les petites villes, alors que les salles étaient plutôt détenues par des privés », explique Sylvie Buscail, déléguée générale.
Des privés qui auront bien du mal à maintenir leurs salles ouvertes lors de la crise des années 80, contrairement aux modèles associatifs ou municipaux. De son côté, Ciné 32 continue de se développer à Auch. Elle passe à deux salles, puis cinq.
En fait, le Gers est considéré un peu comme une seule salle de cinéma
À la fin de la décennie, elle regroupe en réseau les quinze salles réparties sur le département, tout en leur laissant leur indépendance. « C’est un système de mutualisation qui a permis de programmer plus rapidement les sorties en salle, en conservant les copies qui arrivaient à Auch pour les faire circuler directement à Condom, Lectoure, Mauvezin… En fait, le Gers est considéré un peu comme une seule salle de cinéma ».
En 2012, l’équipe déménage pour s’installer dans ses locaux actuels. « Nous nous sommes mis à la page de la nouvelle exploitation, avec un lieu confortable répondant aux normes de projection, et des espaces de convivialité avec bistrot, espaces ateliers, rencontres, etc., où l’on peut discuter avant et après les projections ».
Alors que le cinéma en France se porte à merveille jusqu’en 2019, les confinements successifs vont venir mettre à mal cette situation florissante. Car, à l’heure de la réouverture, beaucoup hésitent à revenir dans les salles obscures, d’autres ont fait le choix de plateformes de streaming à domicile…
« Ce n’est pas la première crise traversée par le secteur. Il y a eu la télévision, les VHS… mais le cinéma est toujours resté la sortie préférée des Français à travers les temps. Il faut attendre un peu que les choses se remettent progressivement en place » tempère Sylvie.
En tant que salle de proximité, l’équipe propose une programmation dont l’enjeu est de s’adresser à la diversité des publics. « Elle se fait au gré des sorties nationales, avec un travail spécifique ensuite aux salles d’art et d’essais et associatives, autour de rencontres avec les réalisateurs, de soirées-débats avec des associations, qui tous participent au dynamisme de Ciné 32. Il faut que le cinéma reste un vecteur de culture et d’art, de connaissances du monde ».
Le succès est lié également à la formation exceptionnelle des scolaires, dès la maternelle, à la culture du cinéma. Durant l’année, ce sont en effet plus de 800 interventions qui ont lieu dans les classes de tout le département.
Du 5 au 9 octobre prochain, Ciné 32 fêtera la 25e édition de son festival “Indépendance(s) et Création”, un moment fort de l’année. Ce festival propose une cinquantaine d’œuvres en avant premières, dont plus de la moitié accompagnées par les équipes des films. Il rassemble à part égale les exploitants de salle venus d’un peu partout faire leur choix, des étudiants en cinéma, et le public.
« Nous avons dû l’annuler l’an dernier à cause de l’incendie qui a occasionné deux mois et demi de fermeture. Il se trouve que nous avions un projet d’agrandissement déjà bien avancé avant le confinement, et cet incendie a ranimé ce projet. Nous avons donc décidé de relancer ces travaux, qui concernent notamment l’ouverture de deux petites salles supplémentaires de 50 places. Nous espérons que tout sera prêt pour le dernier trimestre 2023… ».
Une équipe à toutes épreuves, dans une épopée flamboyante.
Voir le site internet de "Ciné 32"
Marielle Fourcade
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