Après la disparition du médiatique pourfendeur de la mal-bouffe Jean Pierre Coffe, il est intéressant de rappeler que le combat ne s’est pas arrêté avec cette triste nouvelle. Si le flambeau est porté depuis longtemps par le journaliste d’origine basque Perico Legasse, il est utile de rappeler qu’il existe depuis presque 25 ans une association d’agriculteurs qui se bat en Pays basque pour défendre une production locale « sincère et citoyenne » sous la charte fermière Idoki.
Ce qu’il faut savoir…
C’est en 1992 que l’association des Producteurs fermiers du Pays basque a créé la marque Idoki. Cette démarche unique définit une production fermière à taille humaine et en relation directe avec les consommateurs. Aujourd’hui, 176 exploitations proposent une gamme de produits fermiers répondant à des cahiers des charges contrôlés par un organisme externe.
Idoki, mot emprunté au jeu de carte basque le Mus, signifie que le joueur met les cartes sur table. D’où le choix de l’association de marquer par ce terme la volonté de transparence de sa démarche.
Les producteurs fermiers affiliés à Idoki transforment et vendent directement la production issue de leur ferme, privilégient les variétés végétales et races locales. Les bêtes sont nourries au pré avec des fourrages et céréales produits sur place. Ils proposent une palette large de produits fermiers : fromage de brebis Ossau-Iraty, fromage de vache et de chèvre, produits laitiers, foies gras et confits, volailles, viandes d’agneau, de bœuf et de veau, pigeonneau, vin AOC Irouléguy, légumes, fruits, confitures, jus de pomme, piment d’Espelette AOC, miel, tisanes ...
L’exemple d’Haranea…
Christian Aguerre s’est installé en 1998 sur la ferme de sa grand-mère, Haranea, au pied de l’Ursumu et du pic du Mondarrain sur la commune d’Itsassou, et s’est associé avec Gilles Billaud puis Martine Bouquerot. Les trois producteurs sont bien représentatifs de la philosophie et du travail des membres d’Idoki pour une agriculture à échelle humaine, respectueuse de l’environnement pour des produits sains et savoureux.
Haranea est une petite ferme au relief pentu où les associés valorisent plusieurs productions : les poulets et les œufs, le porc basque et le piment d’Espelette. Les poulets y sont élevés en plein air, et les poussins ont accès aux parcours enherbés à partir de 6 semaines. Nourris avec une alimentation non OGM et finis au maïs grain, les poulets sont abattus à la ferme, entre 13 et 20 semaines.
Les porcs basques Kintoa sont élevés en plein air jusqu’à 18 mois. L’alimentation combine la pâture, le blé, le maïs, l’orge, le tourteau de colza et de tournesol. La découpe est réalisée à la ferme qui propose de la viande fraîche Kintoa (rôti, côtes, boudins, saucisses, txistorrak) et du jambon de porc Kintoa, conserves (pâté, chichon, boudin) et ventrèche (poitrine), savons à base de saindoux..
Le piment d’Espelette AOP, certifié en Agriculture Biologique, est proposé sous forme de poudre de piment d’Espelette et de purée, coulis, gelée et vinaigre.
Vous pouvez retrouver Christian Aguerre et ses associés chaque mardi et vendredi au marché de Saint Jean de Luz, sur le stand Baserria Idoki ou bien en groupement avec quatre fermes voisines ils proposent un panier collectif appelé Basaburuko Saskia livré à domicile chez des particuliers.
Les fermiers en ligne
Grâce au site www.idoki.org tout le monde peut mettre un visage sur chaque producteur, découvrir leurs productions et connaître les engagements de la charte fermière. Une carte interactive "Où trouver nos produits", permet de visualiser les points de vente et de livraison. Le site est bilingue français et basque car plus de 80% des membres d’Idoki sont bascophones.
Le terme « fermier » ou « produit de la ferme » fait l’objet d’un véritable engouement des consommateurs. Le risque d’une utilisation abusive existe, il n’y a pas de définition réglementaire applicable à tous les produits fermiers. De 1999 à 2005, Idoki a activement participé au chantier d’écriture du projet de loi d’orientation agricole de 1999 définissant l’utilisation du terme « fermier ». Le décret d’application n’a jamais vu le jour. Seules des définitions partielles pour les fromages et les volailles (Label Rouge) existent aujourd’hui. Idoki continue de militer afin d’obtenir une définition des produits fermiers au niveau national (loi d’avenir agricole) et européen (règlement qualité). L’enjeu est de protéger le consommateur et le véritable producteur fermier.
Face à ce vide juridique, la charte fermière Idoki a toute sa raison d’être !
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