Le Conservatoire Pau Béarn Pyrénées, futur pôle d'excellence régional ?

L’équipe pédagogique a été renouvelée, en grande majorité en raison de départs à la retraite. Ainsi une quinzaine de nouveaux professeurs de clarinette, hautbois, harpe, trompette, danse classique, batterie et piano jazz et de théâtre ont fait leur rentrée au Conservatoire palois. Quant à l’équipe administrative, elle s’est également étoffée, avec l’arrivée de Corinne Arnaud, directrice adjointe du Conservatoire, et d’un nouveau directeur du chœur.

Autre nouveauté : la création d’un atelier gratuit pour les tout-petits et leurs parents. Ce dernier se base sur l’immersion des participants dans un univers sensoriel et qui aura lieu une fois par trimestre.

Le Conservatoire travaille ainsi en partenariat avec différentes structures, comme l'Université de Pau et des Pays de l'Adour, Espaces Pluriels, l'Orchestre de Pau, les écoles de musique du territoire et les Conservatoires de Nouvelle-Aquitaine pour créer des passerelles pédagogiques en musique, danse et théâtre.

L'enseignement au Conservatoire favorise ainsi l'invention et l'adaptation : parcours personnalisés, parcours adaptés, formation musicale par l'Orchestre, ateliers-découverte, atelier rythmique corporel...

« Cette agilité gagnerait à être davantage connue des familles, car elle peut résoudre certains nombres de difficultés d’organisation », note Clarisse Johnson-Le Loher, la présidente déléguée du Conservatoire.

Depuis le 11 septembre dernier, la toute jeune filière théâtre (créée il y a six ans, mais en fonctionnement normal depuis trois) s’est installée dans l’ancien cinéma le Méliès. On l’oublie souvent, le bâtiment situé au 6 rue Bargoin, à Pau, a connu plusieurs vies : avant d’être Le Méliès, ce fut une église anglicane, les locaux de la MJC, mais aussi un théâtre.

Après une période de ballottement entre le Conservatoire et les Réparatrices, les 150 élèves et trois professeurs du département bénéficient d’une salle de spectacle de plus de 300 places et d’un studio de 100 m2, dédié aux cours en petits groupes.

« C’était un besoin que nous avions identifié sur le territoire. Ce nouveau département a suscité d’ailleurs un fort engouement : en trois ans, nous avons doublé le nombre d'élèves. Aujourd’hui ,notre rythme de croisière est atteint. Cette installation est importante pour le département théâtre : il s’est monté il y a quelques années et les locaux du Conservatoire n’avaient pas été pensés pour l’accueillir. Aujourd’hui, ils ont un espace dédié de qualité », souligne Clarisse Johnson-Le Loher.

Un lien étroit entre les élèves et les professionnels

Cette nouvelle proximité avec l’ensemble culturel du Foirail est un atout certain pour les élèves, d’autant que la saison du Conservatoire a été pensée pour permettre un va-et-vient perpétuel entre les enjeux pédagogiques et artistiques.

En effet, des temps d’échanges, de rencontres, des stages et des masters class avec des professionnels de passage ou en résidence à Pau sont régulièrement organisés. « Pour nous, c’est important que les artistes soient au cœur de la transmission. On souhaite vraiment profiter de ces présences artistiques sur le territoire pour permettre à nos élèves d’évoluer et d’aller plus loin dans leur pratique », assure Gilles Guilleux, le directeur du Conservatoire.

En parallèle de leur cursus, les élèves peuvent participer à des ateliers créatifs et à des projets innovants : orchestration de plusieurs chansons d'artistes programmés dans la saison Musique du monde de l'Atelier du Neez, Cartes Blanches données aux élèves de Danse contemporaine, battles de théâtre, construction d'un violoncelle avec des matériaux de récupération...

Tout au long de l'année, le Conservatoire collabore régulièrement avec des partenaires internationaux : pôle d'enseignement supérieur Musikene, Université du Costa Rica, Université de Stavanger, Freunde und Förderer des Göttinger Barockorchesters de Göttingen, etc.

Par ailleurs, depuis trois ans, le Conservatoire a noué un partenariat avec le jeune ballet Elephant in the Black box, afin de développer un pôle d’enseignement artistique : le Centre chorégraphique « La Chapelle ». « Des élèves du monde entier viennent dans ce pôle. Le niveau est très élevé, ce qui donne envie à d’autres étudiants de se perfectionner. Une fois par mois, les danseurs ont une représentation thématique », explique Gilles Guilleux.

Vers un label régional ?

Le Conservatoire à Rayonnement départemental Pau Béarn Pyrénées est donc une pépinière de talents. Entre 120 et 160 manifestations par an, dans et hors les murs, sont programmées.

Elles sont le reflet de la diversité des enseignements et de l'inventivité du Conservatoire : barre de danse sur le boulevard des Pyrénées, ciné-concert au CGR, passe-rue et bal gascon au quartier du Hédas, Rebonds de la saison Théâtre à Pau, Nuit des Conservatoires, mais aussi des “Découvertes libres”, qui donnent à voir autrement le Conservatoire.

« Le Conservatoire et la qualité de ses enseignements participent fortement au rayonnement régional du Béarn », juge Michel Bernos, vice-président de l’agglomération Pau Béarn Pyrénées, en charge de la culture et du tourisme.

Le développement de nouvelles disciplines, telles que le jazz ou encore le théâtre, n’est pas un hasard. En effet, le Conservatoire a déposé un dossier afin de devenir un établissement à rayonnement régional, une nouvelle étape très importante pour son déploiement futur. Il offrirait ainsi de nouvelles opportunités aux élèves, serait un véritable atout en termes d’attractivité et apporterait à la structure des ressources complémentaires.

Pour le moment, le dossier du Conservatoire de Pau est en cours d’instruction. Son obtention serait une véritable reconnaissance de la qualité de l’enseignement de l’établissement palois, fruit d’un travail de longue haleine. « La politique de diffusion, de création et de recherche est cruciale afin d’atteindre un échelon régional. Le Béarn doit devenir un laboratoire culturel. C’est beaucoup de travail et il en reste encore beaucoup à faire », expose Jean Lacoste, adjoint au maire en charge de la culture.

La prochaine étape : une inspection sur site au courant de l’année scolaire.

Noémie Besnard