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L'INFO INCONTOURNABLEGaz : Teréga au cœur de la sécurisation de l’approvisionnement

Avec une réserve déjà au plus haut et une augmentation du flux en provenance d’Espagne, l’opérateur historique du transport et du stockage de gaz joue un rôle essentiel.
Teréga anticipe le futur énergétique pour l’accélérerDR- Teréga
Teréga a profité de l’été pour remplir ses stockages de Lussagnet dans les Landes et d’Izaute dans le Gers. « Ils sont quasiment pleins (97%), ce qui est exceptionnel puisque d’habitude à cette période, nous sommes autour de 80% » se félicite Dominique Mockly, président et directeur général de l’entreprise basée à Pau.

L’objectif principal du stockage est de permettre de faire face à des pics de consommation, dûs notamment à la météo. C’est pourquoi, la consigne donnée par le gouvernement aux opérateurs est de garder ce niveau maximum de stockage le plus longtemps possible et de ne l’utiliser qu’en cas d’impératif dans des périodes de grand froid. Pour information, la capacité totale de stockage de gaz en France est de 130 TéraWatt-heures pour une consommation annuelle de 450 TWh.
 
« Nous avons lancé une étude intégrant les scénarios possibles pour être en mesure de répondre à toutes les situations. Un scénario central a été établi à partir des prévisions météo pour l’hiver prochain, avec les consommations en conséquence. Il a été complété par un scénario test prenant en compte l’éventualité d’un hiver plus froid, soit en pic (ce qui est le plus délicat à gérer), soit en durée » précise Dominique Mockly. « Ces données sont croisées avec les arrivées de gaz prévues et a priori disponibles malgré l’arrêt de l’approvisionnement en provenance de la Russie ».
 
Lors de la conférence de presse, organisée ce mercredi, GRT Gaz et Teréga ont présenté les résultats de cette étude qui fait ressortir que la situation est potentiellement sous contrôle, même en cas d’hiver particulièrement froid. Pas de souci donc si la période de novembre à mars s’inscrit dans des températures « normales ». Si l’hiver est plus froid voire très froid, le déficit reste parfaitement gérable selon les opérateurs français.

Des cas extrêmes ont également été simulés avec des fortes pointes de consommation : ils pourront être absorbés sans risque majeur au niveau de l’approvisionnement des Français et des entreprises. Le scénario le plus délicat serait un très grand froid en fin d’hiver, à un moment où les stockages sont moins remplis, et donc fournissent moins de puissance.

Quoi qu’il en soit, tout est fait pour anticiper des imprévus et garder une marge de manœuvre pour assurer la fourniture de gaz, normalement et dans les meilleures conditions. Le levier le plus important est celui de la sobriété, et cela dès maintenant. On l’a compris, l’enjeu est de garder les stockages pleins le plus longtemps possible.

D’où la sensibilisation des particuliers et la préparation d’un plan d’économie d’énergie avec les professionnels. « La priorité est de favoriser le volontarisme, et c’est en bonne voie. Le gouvernement a misé sur une baisse de consommation des entreprises de 10% en deux ans. Les industriels veulent viser -10% tout de suite, ne serait que pour limiter leurs charges avec des prix de l’énergie en forte hausse. Sur ce plan, nous pouvons donc être optimistes » ajoute le président de Teréga.
 
Deuxième axe de travail, dresser la liste des industriels ayant la capacité d’être interruptibles, c’est à dire de pouvoir accepter ponctuellement des coupures d’énergie sans conséquence grave. « Ce dispositif a toujours existé, mais il n’avait pas été utilisé concrètement jusqu’à présent. Les préfets vont établir la liste des entreprises ayant signé de contrats d’interruptibilité » complète Dominique Mockly. C’est un autre levier pour avoir une plus grande marge.

La mesure ultime est le délestage au niveau de certaines entreprises. Le scénario est préparé, même s’il est très peu probable d’y avoir recours.

L’interconnexion historique Pirineos passe par Larrau.

Des approvisionnements sécurisés et amplifiés…

Au-delà des capacités de stockage, l’enjeu est de renforcer les sources d’approvisionnement de gaz naturel, et de les rendre moins dépendantes de pays à risque. La Russie est le deuxième fournisseur de gaz pour la France (17% des importations), derrière la Norvège (36%), devant les Pays-Bas (8%), l'Algérie (8%), le Nigéria (7%) et le Qatar (2%). Par contre, le gaz russe représente 40% des importations totales en Europe. D’où les tensions sur toute la zone.
 
Pour rappel, le gaz est acheminé soit par transport maritime, soit via des gazoducs. Les navires méthaniers assurent l’approvisionnement en gaz naturel liquéfié (GNL), refroidi pour devenir liquide puis regazéifié à son arrivée dans les 4 terminaux français. Un cinquième terminal est en construction au Havre pour septembre 2023, avec une capacité correspondant à 10% de la consommation annuelle dans l’hexagone.
 
Quant aux gazoducs, les premières actions portent sur l’optimisation des capacités actuelles. C’est le cas pour l’interface entre l’Espagne et le bassin de l’Adour qui va pouvoir être adapté rapidement par nos voisins. « Nous allons pouvoir augmenter le flux d’importation de 40 GWh/j, dès qu’ils auront modifié leur système de compression. C’est une simple question de fonctionnement. Ainsi, l’Artère de l’Adour, construite en 2015, pourra acheminer 105 GWh/j (au lieu de 65), de Biriatou à Lussagnet ; l’interconnexion historique Pirineos, passant par Larrau, garde sa capacité de 225 GWh/j. Il faut savoir que ces 40 GWh/j supplémentaires représentent la moitié de l’engagement de fourniture de gaz vis-à-vis de l’Allemagne » insiste Dominique Mockly. Il ne reste plus qu’à ouvrir le dialogue avec le régulateur pour la « vente » de ces volumes de gaz supplémentaires en provenance du Sud.

Teréga compte toujours être un acteur majeur de la transition écologique. Mais si l’urgence de la situation mobilise toutes les forces pour assurer l’approvisionnement, le stockage et la sécurisation. « La crise a le mérite de renforcer les liens entre Européens. Chacun regarde mieux comment développer des synergies avec ses voisins. C’est un pas important qui devrait permettre d’avancer plus vite sur les grands dossiers d’avenir » se réjouit le président de Teréga.

« De leur côté, les industriels vont s’interroger sur les énergies qui leur offriront plus d’indépendance et des prix moins chers. On aura des tendances intéressantes d’ici 2023 et, même s’il faudra minimum deux ans pour préparer certaines transitions, les évolutions seront beaucoup plus rapides que ce que l’on imaginait ».
 
Quoi qu’il en soit, Teréga, le premier opérateur indépendant français pour le transport et le stockage, est plutôt optimiste : les coupures de gaz, parfois évoquées ici et là, devraient être évitées.

Pour en savoir plus sur les chantiers en cours pour la transition énergétique, lire notre article : Teréga se positionne en accélérateur de l’avenir énergétique.

A savoir…

Le gaz représente la 3e source d’énergie utilisée en France : 16% de la consommation totale. Il arrive après le nucléaire (40%) et le pétrole (28%).

Les particuliers arrivent en tête de la consommation de gaz (31%), devant les industriels (28%), les installations de production de chaleur et d’électricité (19%) et le secteur tertiaire (17%).

11 millions de logements utilisent principalement le gaz (chauffage, cuisine, eau chaude…).

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