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Publié le Mis à jour le

CHANGER DE VIEFabienne Rond : « Ouvrir une librairie était une envie de jeunesse »

Conseillère clientèle dans le secteur bancaire, Fabienne vient de changer de vie en ouvrant une librairie à Tarnos… où il en manquait une !
Portrait de Fabienne Rond libraire à Tarnos
Dans cette belle reconversion, rien n’a été laissé au hasard et cela se voit : l’implantation de la Librairie des Colettes est idéale et la boutique, agréable, a été pensée comme un lieu d’échange.

Native de Périgueux, Fabienne Rond n’a pas eu peur, à 52 ans, d’ouvrir un nouveau chapitre dans une vie professionnelle qui en comptait déjà plusieurs. Après ses études de droit, elle avait mis le cap sur la Gironde : « J’ai vécu 20 ans à Bordeaux, où j’ai travaillé dans divers domaines, comme assistante de direction, dans le bâtiment, dans l’intérim et enfin dans le secteur bancaire », expose-t-elle. Elle s’est installée il y a 10 ans à Capbreton, pour se rapprocher de son compagnon, commerçant à Saint-Paul-lès-Dax. Jusqu’à récemment, elle était conseillère de clientèle en agence bancaire.

Mais depuis le 29 mars dernier, Fabienne Rond est officiellement… libraire. Située à Tarnos, en face de la belle médiathèque de la ville, dans le quartier neuf de l’hôtel de ville, la Librairie des Colettes vient réparer une lacune, puisqu’il n’y avait plus de commerce de ce type sur la commune. Le choix ne doit rien au hasard : du genre « bien organisé », Fabienne y a mûrement songé : « Je recherchais une zone à la population variée, qui ne se restreignait pas à une sociologie particulière, avec tous types de lecteurs. Et puis je recherchais une activité plus continue, pérenne, que saisonnière ».

Mon cadre professionnel a changé, mais le contact avec le client reste primordial

On l’a compris : Fabienne n’a pas changé de vie d’un coup. Elle s’estminutieusement préparée pendant deux ans. Elle a suivi deux mois de formation à l’École de la Librairie, à Maisons-Alfort, entre présentiel et stages à Bordeaux. Il a ensuite fallu du temps pour dénicher un bail intéressant en période de surenchère (et dans un domaine du livre où les marges, très encadrées, ne permettent pas de faire des folies). Cela ne s’est pas fait non plus sans une rigoureuse étude de marché et le dépôt d’un dossier à l’Alca (Agence du livre, du cinéma et de l’audiovisuel en Nouvelle-Aquitaine) pour obtenir des subventions. Avant l’ouverture, c’était donc déjà l’épopée ! Mais Fabienne a heureusement pu compter sur différents soutiens, tel celui de la CCI du 40 (via la plateforme Initiative Landes).

Au fait, pourquoi une librairie ? « Je suis passionnée depuis l’enfance par les livres et la littérature. L’ouverture d’une librairie était une envie de jeunesse. La vie et ses obligations ont fait je ne l’ai pas réalisée avant, mais j’ai toujours eu cette idée dans un coin de ma tête », réplique Fabienne, dont le rêve a sans doute été celui de beaucoup d’entre nous. Mais ses enfants ayant grandi et l’expérience professionnelle aidant, elle s’est sentie prête pour le grand saut. Un « vrai changement », oui, mais dans la continuité : « La partie contact, la relation avec le client, le conseil, ont été mon aspect favori dans tous les postes que j’ai occupés. Si mon cadre professionnel est différent, cette dimension reste primordiale pour une libraire ». Jusque dans ses goûts, Fabienne était une curieuse taillée pour ce métier : « Je n’ai pas de genre de prédilection. J’aime la découverte, entendre parler des ouvrages me donne envie de les lire. Je lis vraiment de tout, des classiques, de la poésie, du polar, de la BD, et bien sûr des auteurs contemporains, comme Serge Joncour ou Jean-Baptiste Del Amo ». Le profil idéal pour conseiller dans tous les domaines une clientèle diverse. 

Après deux mois d’exploitation, les retours sont bons. « Cette ouverture est vue d’un bon œil par le public, par la commune et par la médiathèque. Environ 200 personnes ont déjà franchi le pas de la porte, j’ai des commandes et même si après deux bonnes années, les ventes de livres à l’échelle nationale sont dans un creux, les bénéfices du coup de projecteur apporté par le covid sont encore visibles ici », analyse Fabienne, qui a aussi intégré le réseau des libraires indépendants de Nouvelle-Aquitaine.

Pour le reste, la gérante souhaite faire de sa librairie un lieu d’échange, autour d’un thé ou d’un café, notamment avec des auteurs, comme dernièrement Nathalie Bernard. De passage à la médiathèque de Tarnos, l’auteure jeunesse a dédicacé ses ouvrages à la librairie. Spacieux et aéré, le commerce s’y prête très bien.

C’est d’abord une passion, mais avec l’intérêt du défi d’essayer d’en vivre

Même une entrepreneure préparée comme Fabienne en apprend tous les jours sur le tas. « Je connaissais les dimensions méconnues du métier, la gestion des commandes, l’aspect logistique, les choix de références. Je savais dans quoi je m’engageais, qu’il ne s’agissait pas simplement de lire tranquillement derrière son comptoir. Mais si une chose m’a surpris, c’est l’intéressante complexité de la gestion de catalogue, surtout pour les commandes d’implantation », expose la gérante. Car oui, le livre est un marché complexe, qui se caractérise par un nombre très important de références augmentant sans cesse au fil des publications courantes. Le libraire doit faire des choix qui l’engagent, choix de volumes comme de références. « Dans le secteur, il y a aussi toute une réflexion autour de l’écologie du livre. Il faut commander intelligemment : on sait que les ouvrages retournés aux éditeurs finissent souvent au pilon ». Et oui : nos libraires sont des stratèges !

Mais dites-nous, chère Fabienne, que faites-vous de vos jours de repos pour couper un peu de cette vie livresque ? « Je ne devrais peut-être pas… mais je lis beaucoup, cette fois dans mon jardin… Cela dit, j’adore aussi me promener en forêt et faire la cuisine », sourit Fabienne, qui saura donc aussi vous conseiller des ouvrages culinaires… et redonner le goût de lire à certains allergiques : « Il y a beaucoup de moyens de venir à la lecture, par exemple par le roman graphique ou le livre audio ». Bravo en tout cas pour ce grand saut. Alors que la lecture est déclarée cause nationale, l’ouverture d’une librairie est toujours une victoire. « C’est d’abord une passion, mais avec aussi l’intérêt du défi d’essayer d’en vivre », résume Fabienne.

Amis lecteurs de Tarnos et des alentours, la librairie des Colettes est ouverte du mardi au samedi de 9h30 à 12h30 et de 14h30 à 19h30. Et d’ailleurs, pourquoi « des Colettes » ? « La référence à l'écrivain Colette est un petit clin d'œil au féminin. Colette était une femme résolument moderne. Avant-gardiste dans ses choix personnels et professionnels, elle a eu 7 vies comme ses chats, des vies de romancière, mime, comédienne, critique dramatique, à l'occasion éditrice ou scénariste... Le pluriel à Colette me permettait de faire le lien entre toutes et de rendre hommage à sa modernité », conclut Fabienne, qui rejoint donc le club avec cet audacieux changement de vie !

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Plus d’informations : Lalibrairiedescolettes@gmail.com

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