L’université a longtemps été perçue comme une forteresse de savoir, où les étudiants engrangent des connaissances avant d’être lâchés dans le grand bain du monde du travail. L’UPPA a décidé de briser ces murs en introduisant des fablabs pédagogiques, des espaces où l’apprentissage se construit dans l’action, en collaboration avec des entreprises, des associations et des chercheurs.
Ces laboratoires de fabrication appliquée s’intègrent à six axes stratégiques en lien avec les besoins du territoire : sciences de l’eau, actions internationales, construction durable, sciences du numérique, sécurité alimentaire et sport & santé. Deux d’entre eux sont déjà en fonctionnement à Bayonne et Anglet, et trois autres suivront en 2025.
« Ces fablabs proposent des lieux aménagés pour que les étudiants de l’UPPA puissent être des acteurs majeurs de leur formation », souligne Christian La Borderie, directeur scientifique du projet IREKIA. Un pari qui ambitionne de rapprocher formation universitaire et réalité professionnelle en plaçant les étudiants en situation de projet.
Anglet pour les sciences de l’eau
Sur le campus de Montaury à Anglet, le fablab Milieux aquatiques se distingue par son approche terrain. Ici, on ne se contente pas d’étudier la biologie ou la physique de l’eau dans un amphi : on crée des outils pour mieux comprendre et préserver les milieux aquatiques.
Les étudiants développent par exemple une bouée connectée capable de mesurer en temps réel les caractéristiques physico-chimiques du lac Nord du parc Izadia. D’autres travaillent sur une cartographie thermique des rivières, un projet mené avec INRAE et des chercheurs en biodiversité aquatique.
Dans cet espace de 70 m², les disciplines s’entremêlent : informaticiens, biologistes et ingénieurs travaillent de concert pour mettre au point des solutions innovantes. L’objectif n’est pas tant la réussite immédiate d’un projet que l’expérimentation, l’apprentissage et la créativité.
Certains projets aboutissent, d’autres pas, et c’est là tout l’intérêt d’un fablab. Une pédagogie inspirée des écoles d’ingénieurs, où les étudiants acquièrent des compétences pratiques tout en développant leur autonomie et leur capacité à travailler en équipe.
Bayonne pour agir à l’international
Du côté de Bayonne, le fablab Actions internationales plonge les étudiants dans les problématiques globales qui agitent notre monde. Qu’il s’agisse d’humanitaire, de gouvernance ou de commerce international, l’idée est d’allier réflexion académique et action concrète.
Un exemple marquant ? Un atelier de simulation du changement climatique, où les étudiants jouent le rôle de décideurs et doivent composer avec des contraintes économiques et environnementales pour établir des politiques publiques.
Autre projet phare : le Challenge Export, qui consiste à organiser un salon international du vin à Bayonne. Les étudiants réalisent une étude de marché, démarchent des exposants et montent un événement professionnel, se confrontant ainsi aux réalités du monde du travail.
Grâce à ces expériences immersives, le fablab développe chez les étudiants des compétences transversales : gestion de projet, prise de décision, négociation et travail en équipe.
Apprendre autrement
L’initiative des fablabs ne se limite pas à une simple modernisation des pratiques pédagogiques. Elle s’inscrit dans une stratégie plus large portée par le projet IREKIA, qui vise à faire de la côte basque un pôle universitaire de référence.
Aujourd’hui, le bassin Bayonne-Anglet-Biarritz ne compte que 20 étudiants pour 1 000 habitants, un ratio bien inférieur à d’autres villes de Nouvelle-Aquitaine. L’UPPA entend inverser cette tendance en proposant une offre de formation adaptée aux besoins du territoire, en lien avec les entreprises locales et les grands enjeux sociétaux.
Les fablabs jouent ainsi un rôle clé dans cette ambition : attirer des étudiants en leur offrant un apprentissage concret et professionnalisant. À travers ses fablabs, l’UPPA fait le choix d’une université ouverte sur le monde, où les savoirs s’acquièrent dans la pratique et le partage. Ce modèle pédagogique, qui privilégie l’expérimentation et l’intelligence collective, prépare les étudiants à s’insérer dans un environnement professionnel en constante évolution.
Comme le résume Christian La Borderie : « Les projets proposés mettent en relation étudiants, enseignants et acteurs professionnels pour permettre aux étudiants de développer des compétences disciplinaires, situationnelles et transversales. » Sur la côte basque, l’université devient un espace d’innovation, de collaboration et d’exploration, où chacun construit son avenir en fabriquant le monde de demain.
Sébastien Soumagnas
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