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Le “Tarbes” (en)chanté de La Féline

Avec son 4e album, Agnès Gayraud, alias La Féline, déclare sa flamme à sa ville natale à travers les souvenirs de sa jeunesse tarbaise. Une balade musicale où l’ordinaire côtoie le sublime avec une élégante justesse.
Photo de "La féline" devant un restaurant asiatique à Tarbes

Pas facile de présenter Agnès Gayraud, mais pour tenter de faire simple, disons qu’elle est philosophe, critique musical à Libération, et professeur à l’École Nationale des Beaux-arts de Lyon. De quoi déjà remplir amplement un quotidien, auquel elle ajoute avec une aisance déconcertante des talents d’auteur-compositeur-interprète sous son nom d’artiste, La Féline.

« J’ai toujours eu le désir d’écrire des chansons et des les interpréter devant des gens depuis toute petite. J’ai choisi ce nom en 2008, après avoir vu le film de Jacques Tourneur, car je trouvais qu’il y avait une élégance et une douceur esthétique dans la mise en scène. J’aimais que ma musique soit reliée au cinéma, un art que j’apprécie particulièrement » raconte Agnès.   

Avec déjà trois albums à son actif, “Adieu l’Enfance” (2014), “Triomphe” (2017) et “Vie Future” (2019), c’est “Tarbes” qui s’imposera à elle, à l’heure du premier confinement et des bouleversements intimes qu’il provoque.

Ça fait longtemps que je ne suis pas retournée à Tarbes 

« Tarbes, c’est la ville où je suis née, où j’ai grandi. J’y reviens souvent voir ma mère et mon père qui y vivent encore. Alors que dans mon dernier album j’avais le sentiment d’une fin de monde très cosmique, j’ai ressenti un manque profond par rapport à mes racines. Cette période de confinements nous renvoyait à l’homogénéité de nos intérieurs, et j’ai eu envie de parler de quelque chose de spécifique. J’ai commencé à jouer sur mon petit orgue qui a un son un peu désuet, et la première chanson, qui est aussi celle du disque, commence par “Ça fait longtemps que je ne suis pas retournée à Tarbes”. C’est un chant élégiaque qui a convoqué des souvenirs de mon adolescence, je me suis sentie inspirée par cette mélancolie très forte, et la volonté de témoigner mon amour à ma ville. L’idée était de raconter des histoires, des affects qui me traversaient, parfois avec des mots un peu durs, mais justes. Comme quand je chante “Tu n’étais pas si belle et ça n’a pas beaucoup changé”. Ce n’est pas une carte postale, il y a de l’ordinaire, mais aussi du sublime. Les Pyrénées, c’est imbattable comme horizon, les bords de l’Adour, c’est magnifique aussi ! ».

Les treize titres du disque (avec la participation de jeunes choristes du Conservatoire Henri Duparc pour certains) au son pop, folk et blues, nous entraînent vers le Tarbes des années 90, au gré des souvenirs d’Agnès, affectivement mêlés aux lieux incontournables de la ville, comme la Place de Verdun, Solazur, la troublante silhouette de “La Panthère des Pyrénées ”. 

C’est un sentiment collectif très intime

« Faire des chansons, c’est la chose la plus joyeuse du monde, ça peut toucher des gens. Je reçois énormément de messages de personnes qui ont été émues aux larmes en écoutant un morceau ; c’est un sentiment collectif très intime.  Mais, au-delà de mon Tarbes, je voulais parler aussi du Tarbes contemporain, à travers toute une série de photos d’Alexandre Guirkinger exposées au Parvis. On y voyait notamment celle du bar légendaire Le Moderne, prise en 2021, qui devenu aujourd’hui une enseigne nationale de Tacos… ».

Le jour de sortie de son album, Agnès a tenu à se produire en concert pour la première fois dans sa ville natale, devant sa famille, ses amis venus découvrir la jeune Tarbaise de l’époque devenue aujourd’hui artiste, avec une émotion parfois difficile à contenir. « J’ai réussi à ne pleurer qu’à la fin lorsque j’ai joué un morceau en bord de scène, et qu’en face de moi, j’ai reconnu un monsieur qui me lisait des livres lorsque j’étais enfant.  Je ne l’avais pas revu depuis trente ans. Il avait les larmes aux yeux, et j’ai fondu en larmes moi aussi… ».

En décembre, Agnès s'est envolée vers l’Inde pour quatre concerts à Delhi, Bangalore, Pondichéry et Kochi, avant de terminer sa tournée en début d’année à Paris et Lyon. Bien loin des contraintes d’un confinement à l’origine de son album, riche en émotions partagées.  

Marielle Fourcade

Voir le site internet de La Féline

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