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GENS D'ICIBientôt nonagénaire, il rénove des métiers à tisser vieux de centaines d'années

Hans-Jürgen Mai, 88 ans, est l'un des très rares tisserands encore en activité en France. Sa particularité, c'est de redonner vie aux instruments nécessaires à son activité avant de la pratiquer...
Hans-Jürgen Mai travaille sur un métier à tisser.
Possesseur d'un savoir-faire ancestral qui tend malheureusement à disparaître, le tisserand, avec l'aide de sa femme, a créé une association dont l'objectif est justement de faire perdurer ce métier. Une mission de transmission, de partage, et d'échange, pour tous.

Cela fait plus de 20 ans qu'Hans-Jürgen Mai, natif de Silésie, s'est lancé dans cette activité de rénovation. « Un jour, j'ai visité l'Écomusée de Marquèze, et j'y ai vu un métier à tisser complètement délabré. Le personnel du musée me disait que c'était peine perdue, que plus personne ne connaissait ce métier, et je leur ai répondu que si, moi je le connaissais », commence-t-il.

Il y a une vraie satisfaction personnelle. Je ne saurais pas expliquer pourquoi, mais revoir vivre des métiers à tisser de 100, 200 ou 300 ans, c’est très valorisant

Une connaissance qu'il doit à ses ancêtres, tisserands depuis plusieurs générations. Une voie qu'il n'a pas souhaité emprunter, du moins, dans un premier temps... « J'ai fait des études de textiles, car mon père le voulait. Mais dès que j'ai eu la majorité, je suis parti. J'avais envie de choses plus techniques et modernes pour l'époque, donc je me suis tourné vers l'aviation ». Engagé dans l'armée de l'air allemande, Hans-Jürgen Mai aura été contrôleur aérien et pilote.

Il retrouvera donc sa première vocation bien après la fin de sa carrière militaire, et se liera de passion, comme ses ancêtres, pour le métier de tisserand. « Il y a une vraie satisfaction personnelle. Je ne saurais pas expliquer pourquoi, mais revoir vivre des métiers à tisser de 100, 200, voire 300 ans, c'est très valorisant », confie-t-il. « C'est une vraie passion, et c'est très enrichissant, surtout à la retraite », complète Christiane Mai, sa femme.

Avec mes connaissances et celles d’artisans locaux qui m’aident pour la fabrication, on peut faire revivre ces outils

« Je pense qu'il est le seul à faire ça comme il le fait. Nous avons fait le recensement des métiers à tisser à bras accessible partout en France, et il n'y en a que très peu... À peine un par département... Donc c'est important que cela ne se perde pas », poursuit-elle. « Les musées n'ont pas le réflexe de rénover leurs métiers. Ils sont abîmés, ils les rangent, c'est dommage, car avec mes connaissances et celles d'artisans locaux qui m'aident pour la fabrication, on peut faire revivre ces outils », développe l'octogénaire.

Une passion que le couple souhaite partager au travers de leur association installée à Biscarrosse ; Tissage et Patrimoine. « Le but est de faire profiter les gens d'ici. Nous proposons des ateliers pour adultes et pour enfants, des démonstrations dans des musées, expositions, nous formons des guides, etc. L'idée c'est que l'on puisse faire perdurer ce savoir-faire, permettre aux gens de découvrir ce métier ».

L'association travaille actuellement avec 5 musées en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie : le Musée basque et de l'histoire de Bayonne, le musée Au carrefour des Patrimoines de Campan, le Conservatoire des métiers d'autrefois à Donzac, l'Écomusée de Marquèze, et le Musée gascon de Toujouse. « Si l'on nous appelle et que nous pouvons réaliser la rénovation, tout naturellement nous acceptons ».

D'ailleurs, pour pouvoir admirer le coup de main de Hans-Jürgen Mai, le couple vous donne rendez-vous le 24 juillet à Donzac dans le Tarn et Garonne pour la Grande Fête du Conservatoire des vieux métiers, et les 6 et 7 août, à Biganos, pour la fête de la ruralité. Plus proche de nous, c'est ce dimanche 29 mai, à Marquèze, que vous pourrez retrouver l'artisan, dans le cadre d'une journée dédiée à la tonte des moutons. La laine sera centrale à la journée, une occasion rêvée pour le tisserand de partager sa passion.

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