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Publié le Mis à jour le

ZOOML’horticulture tire la langue et s’indigne

Pépinières, floriculteurs et autres producteurs de plants potagers se trouvent dans une situation catastrophique, faute de pouvoir vendre aux distributeurs le fruit de leur travail.
HORTICULTURE 5
Dans le sillage de la FNPHP (Fédération nationale des pépiniéristes, horticulteurs et paysagistes), les professionnels poussent un cri d’alarme et pointent du doigt l’absurdité de leur situation depuis le début de la crise sanitaire.

Ces derniers temps, fleurissent un peu partout les témoignages d’horticulteurs en grande difficulté. Un exemple parmi de nombreux autres : celui des Pépinières Carté de Fleurance, qui ont dû jeter 3 millions de fleurs et se retrouvent avec 500.000 plants à repiquer sur les bras. L’entreprise et ses 50 salariés sont menacés, alors que comme souvent dans ce secteur d’activité, 80% du chiffre d’affaires de la maison est réalisé dans la période qui vient de s’ouvrir et qui court de mars à mai. Une catastrophe au goût d’autant plus amer que toute la profession dénonce une situation absurde, à commencer par la FNPHP, fédération nationale du secteur, affiliée à la FNSEA.

Le hic ? Au départ, l’activité n’a pas été jugée de première nécessité dans le cadre des mesures gouvernementales adoptées pour faire face au coronavirus. Ce qui est vécu comme une injustice par les producteurs, qui ne peuvent plus écouler leurs plants potagers et aromatiques, leurs fleurs et autres arbustes en passant par les circuits habituels, jardineries et points de vente spécialisés étant désormais fermés. Résultat, une partie de la production horticole, éminemment périssable, doit être détruite.

Ce qui a déjà donné lieu à des gestes assez surprenants, tels celui de cet horticulteur breton qui a fleuri gracieusement les tombes de sa commune, et plus près de nous celui du magasin Passion Fleur de Mont-de-Marsan, qui a préféré faire don de ses derniers stocks au public, lequel avait à sa disposition une boîte à dons. L’enseigne bien connue des Landais a souhaité reverser l’argent récolté au personnel hospitalier.

Une filière en souffrance… et déjà fragile…

Pour les acteurs de la filière, ce genre d’option vaut toujours mieux qu’une destruction pure et simple. Et pour les producteurs, cette destruction a même un coût… Naturellement, on s’est indigné dans la profession de ce que des produits en apparence plus secondaires soient dans le même temps jugés de première nécessité (le tabac est particulièrement visé), mais aussi et surtout de ce que les distributeurs spécialisés soient ainsi pénalisés, alors que la grande distribution, de par son statut, peut continuer de vendre graines et plants…

L’étrangeté de la situation a fait que certains départements ont octroyé des dérogations, ce qui vient alimenter le sentiment d’injustice dans les zones qui n’en bénéficient pas encore…

Outre le fait que cette crise sanitaire tombe en pleine période de pic d’activité, le secteur horticole était déjà fragilisé depuis plusieurs années par un climat défavorable. Rageant, alors que le temps est idéal cette année… Pour couronner le tout, la filière doit en plus faire face aux mêmes difficultés que les exploitations agricoles dans le recrutement de sa main d’œuvre saisonnière, en particulier à cause de la fermeture des frontières. Aïe, aïe, aïe…

Au-delà des producteurs eux-mêmes, on peut ajouter qu’un quart de la production de plants potagers serait vendue aux particuliers cultivant pour leur propre subsistance, ce qui leur permettrait de réaliser de substantielles économies. Un manque à gagner d’autant plus important pour certains ménages que le prix des fruits et légumes étrangers est appelé à grimper en magasin. En d’autres termes, certains budgets pourraient pâtir de la situation, alors que les particuliers sont confinés et pourraient s’occuper de leur jardin, si possible en faisant participer leurs enfants… Comme dirait l’autre, n’en jetez plus, le vase est plein…

Même s’il est bien délicat d’être audible en ce moment, la FNPHP est désormais soutenue dans ses revendications par plusieurs députés. Les restrictions pourraient être plus généralement assouplies. On l’espère en tout cas pour une filière nationale comptant plus de 3.300 horticulteurs et pépiniéristes et plus de 10.600 salariés permanents (et 18.275 équivalents temps plein), pour plus de 16.000 hectares en culture et un chiffre d’affaires à la production d’1,24 milliard d’euros, parmi lesquels 125 millions en Nouvelle-Aquitaine (397 entreprises et 1.982 ETP) et 92 en Occitanie (303 entreprises, 1.361 ETP). Il y a 6 ans, cette filière française comptait encore 4.000 entreprises et 14.000 salariés permanents. La production générait 1,5 milliard de revenus.

Quand les conditions s’y prêteront, il faudra vraiment qu’on pense à le dire avec des fleurs…

Plus d’informations sur le site internet fnphp.com

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