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    REGARD SUR LA CRISEL’exil d’Hélène

    Ce matin, un courrier a apporté un peu de légèreté dans ces temps lourds. Il venait d’une habitante de Venise qui nous parlait de la redécouverte de sa ville…
    VENISE
    « Venise en ces jours singuliers nous ramène à l’essentiel. La nature a repris le dessus... loin du vacarme des déferlements touristiques. A confondre l’essentiel et le futile, à ne plus savoir regarder la beauté du monde, l’humanité était en train de courir à sa perte ».

    De cette grande épreuve, on peut espérer que vienne un rééchelonnement des valeurs, une révision des priorités, une réallocation des ressources. Ce sera une nouvelle épreuve, celle de la sagesse : changer de chemin, regarder ailleurs, ranger les vieux comportements pour trouver les nouvelles voies d’une vie possible sur terre pour 8 milliards de personnes. On trouvera toujours de bonnes raisons pour revenir aux recettes d’hier, alors même que l’on sait qu’elles mènent dans le mur.

    Pour nous guider dans cette vaste entreprise, on peut revenir à un texte qu’Albert Camus a écrit en 1948 : « L’exil d’Hélène ».  Tout y est ! Notre messagère de Venise y trouverait son miel.

    Que nous disait Albert Camus dans sa prescience extraordinaire du monde qui venait, après le désastre de deux guerres mondiales ? D’abord que « Nous avons exilé la beauté », que « Notre Europe, lancée à la conquête de la totalité, est fille de la démesure », que « nous avons conquis, déplacé les bornes, maîtrisé le ciel et la terre. Notre raison a fait le vide. Enfin seuls, nous achevons notre empire sur un désert ».

    Ensuite, que nous avons oublié le message clé de la philosophie grecque : il y a des limites et on ne peut pas impunément les franchir. Les crises sanitaire et climatiques actuelles, l’entassement des réfugiés aux frontières montrent à satiété que les limites ont été foulées aux pieds.

    Enfin, et c’est peut-être l’essentiel du message de l’Exil d’Hélène, qu’il y a un futur, que la vie est plus large : « Mais cette époque est la nôtre, et nous ne pouvons pas vivre en nous haïssant. Elle n’est tombée si bas que par l’excès de ses vertus autant que la grandeur de ses défauts. L’ignorance reconnue, le refus du fanatisme, les bornes du monde et de l’homme, le visage aimé, la beauté enfin, voici le camp où nous rejoindrons les Grecs ».

    Alors, voilà, nous avons notre camp de base. Engageons-nous dans l’ascension.

    Thierry Moulonguet

    Illustration de Une : Le Grand Canal de Venise, William Turner, vers 1835, Metropolitan Museum of Art, New York.

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