Le Greta Sud Aquitaine propose des formations pour adultes. Actuellement, 42 personnes suivent la formation initiale, tandis qu’une quinzaine suit différents modules (voir ci-dessous).
Ce vendredi, au lycée Honoré Baradat à Pau, le témoignage d’Ahmed Andaloussi n’a pu que renforcer la vocation des élèves présents. A 46 ans, le Béarnais d’Artigueloutan, qui enchaîne des performances sportives au plus haut niveau, est admiratif et sacrément reconnaissant : « c’est grâce aux aides-soignants que j’ai pu m’en sortir ». Questions-réponses…
Ahmed Andaloussi – Un accident de voiture le 30 aôut 1993, à 3h du matin après une sortie de boîte. J’étais passager, ma vie a basculé. J’étais complètement cassé, tout le haut fracturé. C’était horriblement douloureux, à l’époque on administrait peu de morphine. J’ai mis deux ans avant de commencer à me relever.
A. A. – J’ai été enfermé dans des centres de rééducation près de Toulouse, puis dans les Pyrénées près de Font-Romeu. J’ai énormément souffert. L’épreuve est terrible. J’ai d’abord sombré, y compris dans l’alcool. Quand on est ainsi handicapé, on ressent aussi la culpabilisation : « tu n’avais qu’à pas boire ». Les choses ont évolué, mais à l’époque on avait l’impression d’être un paria ou une bête de foire. Les gens nous regardaient de travers.
A. A. – D’abord, le soutien des aides soignants. Ils ont su prendre le temps de m’écouter, de me parler. Pourtant, ils ont un travail très difficile et interviennent dans l’intime des patients. Et des patients qui sont souvent en révolte et en colère. C’est un joli métier, très humain, et de très haut niveau. Les plus beaux souvenirs de cette période, je les ai eu avec les aides soignants. Ils m’ont aidé à surmonter l’épreuve et m’ont donné envie de m’en sortir.
A. A. – Mon fils. J’étais obsédé : « Je vais être quoi pour lui ? ». Je ne me suis pas battu pour moi, mais pour lui, pour le regard de mon enfant. Ma motivation a été d’arriver à ce qu’il soit fier de son père. Avant, j’étais cuisinier. Renoncer à ce métier m’a valu des moments de détresse, jusqu’à ce que je décide de me reconstruire par le sport et d’aller au bout du défi.
Comment ?
A. A. – Il faut faire son travail seul. Je ne voulais pas être entouré par mes proches pour ne pas leur imposer ma souffrance. Quelque part, j’ai recherché la douleur dans le sport. Quand la douleur est trop forte, il n’y a plus de douleur. Je me suis fixé des challenges impossibles pour être un exemple pour mon fils.
A. A. – En y croyant, on arrive au bout de ses projets. Il faut ne jamais rien lâcher et toujours croire en ses rêves. Même quand on me dit que ce n’est pas possible, je veux y arriver. J’anime régulièrement des ateliers des débats pour montrer que tout est possible.
Quels sports ?
A. A. – J’ai fait de la musculation pour m’en sortir, mais j’ai du arrêter. Je suis passé de 48 kg à 90, c’était trop. Je me suis ensuite mis au basket avec le Pau Béarn Handisport, pour me protéger au sein d’un collectif. J’ai également fait de l’escrime avec la Section Paloise, jusqu’aux championnats de France. J’ai du renoncer, car je ne pouvais plus tenir le sabre. Je suis alors allé vers la natation, le seul sport qui ne faisait pas mal. C’était avec mon fils. J’ai appris à nager, ce qui n’est pas évident avec le bas paralysé. Enfin, je suis arrivé au paratriathlon par hasard. Et je me suis aussitôt fixé un objectif fou : me qualifier pour l’épreuve d’Hawaï, avec seulement 4 places réservées aux handicapés. Personne n’y croyait.
A. A. – Il n’y a pas de cadeau dans le sport de haut niveau, pas davantage pour les handicapés. Je fais partie de l’équipe de France de paratriathlon depuis 5 ans avec trois disciplines : la natation, le vélo (allongé) et la course à pied (en fauteuil). Il y a deux types d’épreuves. Pour le championnat de France et les épreuves de qualification, il faut nager sur 750 mètres, faire 20 km à vélo et « courir » 5 km. Cela représente des efforts très violents pendant une heure. Pour l’Ironman, on passe respectivement à 3,8 km, 180 km et 42 km… pour 10 heures de souffrances terribles. Lors de la qualification décrochée en Nouvelle-Zélande, je ne me rappelle pas des 5 derniers kilomètres. Je suis allé au bout de l’impossible. J’ai réussi à être le premier Français à se qualifier pour le championnat du monde. Ce sera en fin d’année à Hawaï.
Vous vous entraînez tous les jours ?
A. A. – Oui. Je fais systématiquement 5 à 6 heures d’entraînement par jour dans les trois disciplines. Je commence très tôt pour être à la maison à 18h. Heureusement, j’aime m’entraîner seul.
Votre fils vous accompagne…
A. A. – Pour le paratriathlon, on doit être accompagné d’un handler qui permet de faire la transition de la natation au vélo, puis du vélo au fauteuil de course. C’est mon fils qui assure et j’en suis très heureux.
Quel regard sur l’accessibilité ?
A. A. – En France, beaucoup de choses ont été faites, mais on est encore très en retard par rapport à ce qui se fait dans de nombreux pays. A l’époque, on nous apprenait à monter les escaliers en fauteuil. Maintenant, beaucoup d’accès ont été aménagés dans les lieux publics, dans les stades et les salles de spectacle... Ceci dit, je pense aussi que nous devons savoir accepter que certains sites ne soient pas facilement accessibles, parce que les aménagements sont très compliqués et très coûteux, ou dans certains lieux historiques où les contraintes sont grandes comme au Château de Pau.
Accepte t-on son handicap ?
A. A. – On n’accepte jamais. On vit avec, on n’a pas le choix. On enferme sa colère. Dans les rêves et les cauchemars, je me vois marcher comme avant. 25 ans après. J’ajouterai qu’il ne faut pas croire que les handicapés qui ne font pas du sport sont des feignants. Le matériel coute très cher et beaucoup n’ont pas les moyens de s’équiper. Ce sont eux qui sont les plus exemplaires.
Pour suivre Ahmed Andaloussi, rendez-vous sur sa page Facebook
La formation aide soignant…
Le Greta Sud Aquitaine propose de nombreux modules de formation adultes pour ce métier. La formation initiale regroupe 42 élèves et se déroule sur 11 mois, de janvier à décembre, avec 17 semaines de cours et 24 semaines de stages (6 stages de 4 semaines) dans les établissements du Béarn : hôpital, cliniques, maisons de retraite, etc.
Pour rejoindre ces formations, il faut passer un concours d’entrée. Si cous êtes intéressés, le dépôt des candidatures est ouvert.
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