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    Je dis ça je dis rien...

    Janvier, la déprime congelée
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    Janvier. Adieu ô mon beau sapin, adieu les agapes du Réveillon, nous voilà dans le dur de l'hiver avec tout son cocktail de trucs déprimants : le froid, le verglas et les trottoirs glissants, les écharpes qui grattent, le chauffage qui ne réchauffe pas assez vite, la salle-de-bains où vous hésitez deux heures avant de vous changer parce que ça caille, la bouillotte à mémé que vous cachez subrepticement au fond du lit, en espérant que personne ne saura jamais que vous avez recours à des trucs pareils, et les fameux pyjamas en pilou qui ne sont peut-être pas méga érotiques, mais qui tiennent chaud.

    Et comme si ce n'était pas suffisant, il y a mille autres petites emmerdes qui donnent carrément l'envie d'hiberner et d'oublier ce climat horrible et en outre, propice au développement de microbes et virus... Janvier, la déprime assurée !

    Et…

    Tiens, par exemple, songer qu'après le 1er janvier, il faudra attendre jusqu'au 6 avril (une sainte date, oui je sais ma soeur !), soit le lundi de Pâques pour bénéficier d'un jour férié. Le seul autre moyen de glander dans son lit hors week-end, à mater des trucs débiles à la télé, c'est de choper la grippe. Tu parles d'une joie !

    Il y a aussi l'émission télé qui t'enthousiasmait en été, et qui maintenant vire à l'invitation au suicide : le bulletin météo ! "Il fera - 5° ce matin à Aurillac... et dans l'après-midi, 1° à Aurillac, couvrez-vous !". Non franchement, Météo France, un peu de considération pour les pauvres gens qui habitent à Aurillac. Ça finira mal, on vous l'annonce...

    Alors un petit mensonge, bien utilisé, ça peut soulager une existence : "Demain, à Aurillac, dans l'après-midi il fera 15°, avec des pointes à 20° par endroits." Zou, ça peut pas faire de mal. Et puis qui vous en tiendra rigueur, hein ? Certainement pas les Aurillacquais, euh non, les Aurillakéké, non plus... Wikimachin, vite... Ah les Aurillacois et coises ! Déjà les pauvres, c'est moche Aurillacois, alors pitié pour eux.

    Côté foot, ces messieurs tirent la tronche et ont de bonnes raisons. Pas de Ligue des Champions, et une pauvre Coupe de France ou Coupe de la Ligue à mater sur des terrains gelés. T'as déjà vu un mec content d'avoir son ticket pour un match fin janvier, toi ? Ben non, parce que deux heures en tribune, à devoir arborer l'écharpe de ton club de seconde zone, et à te cailler les miches, c'est pas de la passion, c'est une punition. Et puis voilà !

    Et la vitamine D, hein ? Contenue dans le soleil, et qui t'évite de penser à une recette-maison de Lexomil, Prozac et autres drogues dures. Parce que se lever à 7 heures du matin dans le froid et la nuit, et rentrer du bureau, toujours dans le froid et le crépuscule, ben ça te flingue le moral, et puis c'est tout ! Encore que si t'étais le seul dans ton cas, mais non !

    En été, tu les croises, heureux, de bonne humeur, insouciants, la tête aux préparatifs de l'apéro et barbecue de sardines grillées avec les copains. Même si t'étais tenté d'avoir le moral dans les chaussettes, ils te revigorent de leur enthousiasme estival. Tandis que là, engoncés dans leurs doudounes (moches les tenues de Bibendum Michelin !), leur goutte au nez, leur teint hâve et cadavérique, pour tout dire, ils achèvent de te finir.

    Puisqu'on en est à la comparaison définitive avec l'été, abordons un autre sujet... brûlant. Enfin, brûlant, faut voir. L'été, c'est terrasse de bistrot, ou petite salade dans un Tupper, pas d'odeurs. L'hiver, bonjour les calories, et ton collègue de bureau qui se réchauffe sa PastaBox aux quatre fromages dans le micro-ondes de la salle de repos et qui t'enivre les capteurs nasaux. Bref, qui te colle la gerbe. Et quand tu veux ouvrir la fenêtre pour aérer un peu, les autres collègues se jettent sur toi comme la petite vérole sur le bas-clergé parce que ça cailleeeeeeeeeeeeeeee... I'm a poor lonesome cowboy frigorifié...

    Le pire étant ceux qui débarquent, moufles aux couleurs flashy et nez rouge joyeusement assumé, et qui t'assurent que l'hiver, c'est génial, et qu'ils adorent le chocolat chaud et la tartiflette. Et qu'ils vont se taper des descentes à ski tout schuss, sans un instant avoir une pensée de commisération pour tes ligaments croisés du genou HS depuis des siècles ! Rien de tel pour te foutre le bourdon. Tu sais où je vais te la mettre ta tartiflette ? Dans la tronche, si t'insistes...

    La malédiction de janvier, ce sont aussi tous ces pulls, ces sous-pulls (ça existe encore !?), ces couches et ces couches successives de vêtements qui se superposent. Qui te font faire des lessives sans arrêt. Des lessives que tu peux pas étendre dehors. Et qui rétrécissent dans le sèche-linge (et si tu prends le programme accéléré, ton pull il ressort, disponible en taille Barbie de ta fille, un chouya petit). Sans compter que si tu marches d'un pas vif dans le froid revigorant de l'hiver, eh ben je te donne pas une demi-heure pour transpirer de partout. Ce qui pourrait bien te faire choper la crève en arrivant dans ton bureau surchauffé. D'où un jour férié à l'avance, note (voir plus haut).

    Le chauffage, puisqu'on en parle. Autant en été, tu te fous joyeusement de forcer sur la clim' et le ventilo, autant en hiver, apprendre l'augmentation du prix du gaz ou de l'électricité, au moment où, toi pauvre humain, tu es le plus vulnérable, le plus fragile dans ton petit corps pas adapté aux rudes frimas, ça te débecteeeeeeeeeeeeeeeeeeee... Bande de profiteurs, va !

    Mais le summum de la dépression, dans l'hiver, c'est quand même la soupe. Que celui qui n'a jamais eu la tentation de se foutre en l'air devant une soupe, me jette ma première brique de Liebig à la tête !

    Enfin bon, aglagla, moi je dis ça, je dis rien...

    Gracianne Hastoy

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