Si l'on vous parle d'un moulage de cellulose, il est fort probable que vous ne sachiez pas de quoi il s'agit. Pourtant, il y a de très grandes chances que vous en soyez au contact tous les jours... « C'est comme ça que l'on fait les boîtes d’œufs par exemple », explique Léa Tourbier, chargé du développement commercial et de la communication d'AVEC. Un mélange de cellulose (matière présente dans les végétaux, dont le bois, et utilisée pour faire du papier) et d'eau qui, transformé, devient solide et peut être utilisé comme calage pour du rangement par exemple.
Mais dans les Landes, cette technologie a été repensée pour être plus facile à travailler, et largement développée. C'est Pierre-Yves Morvan, fondateur de l'entreprise, qui en a eu l'idée. « Après 35 ans dans l'industrie, il a commencé à se tourner de plus en plus vers les solutions naturelles pour répondre aux besoins de ce secteur. Tout ce qu'il trouvait nécessitait de la colle, et la colle organique coûtait bien trop cher pour être rentable. La seule solution qui ne nécessitait pas de colle, c'est la cellulose... ».
Notre ambition c'est réellement de concurrencer le plastique
Ainsi, dans les locaux de Domolodes, AVEC utilise une façon unique de transformation quelle a d'ailleurs brevetée. « Un mélange d'eau et de cellulose que l'on injecte dans un moule réalisé en impression 3D, là aussi à partir de matières naturelles. Ensuite, nous aspirons la cellulose et en moins de 10 secondes la pièce est formée, il ne reste plus qu'à faire les finitions. Cela nous permet de réaliser à plein régime 1000 grandes pièces par jour et 6000 petites. Puis, nous la laissons sécher à froid, à l'air libre ». Une efficacité record, pour une production (très) bas-carbone, et pour des coûts compétitifs. « Notre ambition c'est réellement de concurrencer le plastique. Nous savons très bien que si une solution est proposée, aussi innovante soit-elle, elle doit être rentable pour les entreprises, sinon elle n'est pas adoptée ».
Une production donc naturelle, responsable, et... recyclable ! « Nous pouvons récupérer du papier, du papier journal, ou des anciennes pièces pour les mélanger à nouveau et les retransformer. Si les fibres sont abîmées, nous injectons quelques fibres vierges pour pouvoir travailler ». Une matière d'ailleurs française et sourcée, puisqu'elle provient d'une papeterie proche d’Angoulême qui travaille un bois très local, dans un rayon de 100 kilomètres autour de son usine seulement.
Aujourd'hui, AVEC réalise des calages pour protéger des palettes, caler des bouteilles, ou présenter des produits. « Ce sont les principales choses que nous réalisons, mais nous pouvons faire beaucoup d'autres choses », poursuit Léa Tourbier. L'entreprise travaille donc avec des entreprises dans la cosmétique, l'aéronautique, l'agroalimentaire ; l'industrie dans sa globalité.
Mais l'avenir de l'entreprise se situe, de façon plus générale, dans les matières naturelles. « Nous travaillons sur une solution de colle naturelle pour permettre de réaliser du liège 100% organique, et à plus long terme encore, du mobilier professionnel entièrement naturel. Notre travail avec la cellulose nous permet d'amorcer toute cette réflexion », conclut Léa Tourbier. Alors la prochaine fois que vous achèterez des œufs, et que vous regardez cette boîte en cellulose, vous pourrez imaginer tout ce qui est possible d'en faire...
Timothé Linard
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