Quant à vous, messieurs, ne me remerciez pas, je ne soutiens absolument pas votre cause, mais pour une fois, vous avez peut-être raison… Car les filles de joie ont laissé d’autres empreintes dans l’histoire que celles de leurs ébats.
Dans son ouvrage « Du couvent au bordel. Mots du joli monde », Claudine Brécourt-Villars nous en donne quelques exemples. Accessoirement, la prochaine fois que vous traînerez vos miches dans un lupanar, ça vous permettra de causer « correk’ » ! Et de devenir de vraies langues de pute !
Le mot « Bizness », qui traîne ses guêtres dans le langage des pickpockets depuis le XIXème siècle, qualifie tout simplement l’activité de se prostituer. Gérer son bout de trottoir, c’est gérer son biz. Logique, jusque-là. Evidemment, quand un gars vous dira qu’il est dans le « business », faites gaffe quand même…
Accrochez-vous, là, je suis presque certaine de vous apprendre un truc. D’où vient le mot « courtier » ? Que tous les assureurs détournent le regard une minute, car le mot vient du néerlandais « makelare », qui signifie « intermédiaire », et qui, par extension, est devenu « maquereau ». Pute borgne, qui s’est exclamé « on s’en doutait ! » ?
Vous gardez dans votre panoplie d’insultes personnelles celle de « salope » comme étant la pire ? Mouais, bof, c’est jamais qu’un joli nom d’oiseau. En effet, selon Claudine Brécourt-Villars, le mot « salope » vient de « sale » et « hoppe », dérivé de la huppe. Donc, salope = oiseau cracra. On a vu pire ! C’est presque mignon. Non ?
Pas d’étonnement avec le mot « ambulante », qui ne doit pas se confondre avec « ambulance » (bus de prostituées ?). Car l’ambulante, déambulait de café en café, de client en client, de trottoir en trottoir. Rien de plus. Rien de moins non plus. « Qu’est-ce que tu fais ? » ; « J’ambule, j’ambule » ; « Spice di Salope ! »
Un bidochard est un « vendeur de bidoche », donc de viande, donc un placeur de prostituées. Un mac, un proxo, quoi ! Evitez toutefois de traiter votre boucher de « proxo », il est possible qu’il ne comprenne pas (à moins de lire PresseLib’ tous les lundis matin, ce qui serait très bon pour sa santé, évidemment).
Le cave se rebiffe ? Un cave, c’est un niaiseux, mais surtout le client de la prostituée. Sa femme devient ipso facto la cavette. Pour le caviste, personne n’a rien dit, ça doit pas avoir de rapport (sexuel, ha ha ha).
Non, non, et non, un faux-poids n’est pas une mytho qui passe son temps à tricher avec la balance, ou une anorexique en puissance, NON ! In the language vernaculaire du commerce de la fesse, le faux-poids, c’est une prostituée qui n’a pas l’âge légal d’exercer ses charmes, si vous voyez le genre. Bref, une mineure. « T’arrêtes ouais de mater les faux-poids ? » Quelle classe !
La grisette n’est pas une prostituée honteuse et déprimée par son activité. Qui verrait la vie en gris davantage qu’en rose. D’ailleurs ce n’est pas une péripatéticienne à temps complet, plutôt une ouvrière du XIXème siècle ou une étudiante actuelle qui vendrait son corps de temps en temps pour arrondir ses fins de mois et payer le loyer. Séquence émotion. Pleurez, maintenant.
Non, l’horizontale n’est pas une position classique qui illustrerait la coucherie traditionnelle. Plus courtisane que racoleuse des bas quartiers, « l’horizontale » se fait largement entretenir. Qu’est-ce qu’on connaît pas comme horizontales, finalement !
Et l’essoreuse, hein ? Vous croyez que c’est une prostituée super vaillante qui vous « essorerait » comme pas deux ? Point du tout. C’est chou comme tout, jugez-en par vous-mêmes : l’essoreuse, c’est une prostituée tellement âgée qu’elle ne peut plus se permettre d’être exigeante quant à sa clientèle. C’est pas vous l’essoré, c’est elle !
Riches de cet incommensurable savoir, vous pouvez désormais attaquer une semaine qui vous laissera essorés, déambulant, à l’horizontale et grisets… Ou pas.
Enfin bon, moi je dis ça, je dis rien.
Gracianne Hastoy
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