COUP DE COEURValérie Madesclaire et Le Ligator

Depuis 1997, elle perpétue à Bayonne la tradition de la reliure, de la dorure et de la restauration de livres anciens. Un métier passionnant, mais aussi un véritable art...

L’atelier « Le Ligator » de la rue des Faures travaille pour les particuliers, les professionnels et les institutions comme les musées, les mairies ou les services d’archives désireux de préserver ou de restaurer leurs documents anciens. Visite guidée.

À Bayonne, Valérie Madesclaire, 33 ans de métier, est désormais le dernier artisan relieur de la ville. Il ne resterait d’ailleurs plus en Pays basque qu’un autre atelier à Itxassou, créé plus récemment.

Originaire de Caen, Valérie Madesclaire a racheté il y a maintenant 23 ans son fonds de commerce de la rue des Faures. Un atelier doté de tous les outils nécessaires au relieur-doreur, du massicot (pour la découpe des tranches/marges des livres) à la cisaille en passant par l’étau à endosser, l’indispensable presse, les roulettes et palettes ornées (pour les motifs dorés) ou le matériel de dorure (pour apposer les titres au dos des livres).

Débrochage, grecquage, couture, arrondissure et endossure, passure, couvrure, dorure : relier un livre dans les règles est un vrai métier et même un art, loin d’ailleurs d’être aussi désuet qu’on pourrait l’imaginer. De tous temps, l’homme a cherché à préserver ses écrits et ses documents. L’invention quasi-millénaire de la reliure y a grandement contribué. Et c’est encore largement le cas.

Les particuliers sont séduits…

Aujourd’hui, il y a schématiquement deux écoles parmi les artisans relieurs : les spécialistes de la reliure à l’ancienne, traditionnelle, et les artisans au style plus contemporain. Passionnée par l’esthétique médiévale, Valérie Madesclaire se revendique plutôt de la première catégorie, ce qui ne l’empêche pas de travailler à des reliures parfois très créatives, dont on peut trouver moult exemples dans son atelier, un lieu unique dont on vous recommande chaudement la visite. Elle est également présente chaque année, en avril, sur le salon du livre ancien et moderne de Bayonne, à la Maison des associations.

Ces derniers temps, et depuis qu’elle est la seule à exercer ce métier sur Bayonne, la structure de sa clientèle a sensiblement évolué. Son atelier, baptisé « Le Ligator » en hommage aux moines « ligatores » qui contribuèrent au Moyen-Âge à la propagation de cet art de la reliure, avait principalement l’habitude d’œuvrer pour des professionnels ou des institutions comme les archives départementales (Pau & Bayonne), le Musée Basque ou bien des tribunaux administratifs, des mairies, des offices de notaires et des éditeurs locaux.

Mais la tendance paraît donc s’inverser un peu : « Les particuliers représentent désormais 60% des revenus de l’atelier », explique Valérie Madesclaire. Des particuliers qui viennent avec des demandes très variées, souhaitant faire restaurer ou relier des livres auxquels ils sont attachés (comme par exemple des envois autographes d’auteurs régionaux), aussi bien que « des travaux universitaires, des généalogies, des albums photo ou des manuscrits personnels ».

Restauration d’ouvrages anciens…

Outre la reliure à proprement parler, une partie non négligeable de l’activité consiste pour l’atelier à restaurer des documents et ouvrages anciens, souvent des livres de valeur dont l’impression peut remonter jusqu’au XVIe siècle. Remise en état de coiffes abîmées, de coins de plats émoussés, de feuillets déchirés ou attaqués (via un papier idoine) : c’est là encore un métier à part entière… et dans certains cas un moyen de sauver des archives ou des documents précieux, vieux registres d’État-civil ou autres.

Entre deux travaux pour ses clients, Valérie Madesclaire relie en outre de jolis petits carnets de notes ou d’adresses qu’elle met à la vente à son atelier. Elle travaille également avec un enlumineur de Boucau pour proposer des réalisations personnalisées.