C’était il y a longtemps. Tu n’étais pas né, et moi non plus, en 1870 pour être précis. A Dax, ville de rugby, un certain Alphonse Castex se met en tête de recycler les plumes des canards des alentours, dont on ne fait rien. Et des plumes de canard, ce n’est pas ce qui manque dans le coin-coin. Et le voilà s’échinant sur la matière, à tenter de la rendre plus douce, plus hygiénique. Tu imagines qu’à l’époque, si on ne manquait pas de bras, côté machines, c’était un peu la Bérézina… Oui, c’est un mot compliqué ; ça veut dire qu’il n’y avait rien, rasibus, quoi !
Et puis Alphonse eut l’Idée. La belle, celle qui allait assurer sa fortune et celle de ses descendants. Bourrer de plumes et duvets de canards et d’oies les édredons, les traversins et les oreillers. La notoriété de Castex s’étend illico et dépasse les frontières des Landes, la petite entreprise devenue grande fournit dorénavant particuliers, tapissiers et décorateurs de renom, bien au-delà de la Chalosse.
Jusqu’à ce jour des années 80, lorsque s’impose la mode de la couette, une vraie bonne idée car non seulement elle tient chaud, mais au matin, on n’a pas à border son lit, comme le sergent me l’a appris à l’armée, et comme ta maman te le demande tous les jours, sans trop de succès. Quelques coups de la paume de la main, et le lit est impeccable, comme neuf. Un virage à prendre pour Castex, qui réussit sa reconversion et devient le roi de la couette. Vive le roi !
Depuis, l’entreprise ne finit pas de grandir. Avec Vincent Bourretère, c’est la quatrième génération qui est aux manettes et qui a su prendre le virage de l’exportation avec ses produits vedettes, oreillers, traversins, édredons, couettes et linges de lit, tout en continuant à vendre ses plumes neuves et ses duvets, comme on le faisait à l’origine.
Preuve que Castex correspond pile-poil-plume (ah, l’humour Presse Lib’ !) aux critères d’excellence, elle vient de recevoir le label « Entreprise du patrimoine vivant » la situant parmi les plus remarquables de France…
Et puis il faut que je te dise… Mais tu t’es endormi ! Fais de beaux rêves, mon enfant, dans ton monde tout douillet, entouré de plumes et de canards. Qui font coin-coin, oui. Bonne nuit, mon ange.
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