Tout comme les entreprises, les collectivités publiques sont aussi soumises aux principes du développement durable. Baptisé Agenda 21 en 1992, il a depuis été remplacé par l'Agenda 2030 en 2015 et s'est vu ajouter 17 objectifs de développement durable (ODD).
Les mégots de cigarettes représentent une source de pollution majeure, surtout dans les zones côtières. En se décomposant, ils libèrent des microplastiques et d'autres substances toxiques, menaçant la biodiversité marine et terrestre. Un seul mégot peut polluer jusqu'à 500 litres d'eau et met des années à se dégrader, À Mimizan, où la forêt, l'océan et les zones humides forment un écosystème fragile, la gestion de cette pollution est cruciale. Consciente de ce défi et intégrée dans le cadre de l'Agenda 21 de la ville, la municipalité a décidé d'agir en partenariat avec Keenat, une entreprise spécialisée dans le recyclage de déchets urbains.
Recycler les mégots grâce à Keenat
Keenat, via sa solution écomégot®, a pour mission de réduire l'impact environnemental des mégots en les collectant et en les recyclant. Depuis 2016, cette entreprise, ancrée dans l'économie sociale et solidaire, propose des solutions qui vont au-delà de la simple collecte des mégots. En effet, Keenat a mis au point un procédé de recyclage breveté qui n'utilise ni eau ni solvants, respectant ainsi les ressources naturelles tout en décontaminant efficacement les mégots.
Le processus de Keenat se distingue par une série de chauffes successives à près de 200°C, éliminant les composés les plus toxiques comme la nicotine et le phénol. Les mégots ainsi traités sont ensuite transformés en panneaux de sensibilisation, un symbole fort qui allie recyclage et éducation. Ces panneaux sont destinés à sensibiliser le public aux dangers des mégots pour l'environnement, et sont installés dans des collectivités, universités, et parcs.
Actions concrètes sur le terrain
La collaboration entre Mimizan et Keenat se traduit par la mise en place de dispositifs concrets pour collecter et recycler les mégots. Ainsi, la ville a installé des Points d'Apport Volontaire (PAV) à des endroits stratégiques. Deux de ces PAV sont déjà en place, l'un sur la place du marché côté plage, et l'autre, mobile, est destiné à être déployé lors d'événements locaux, notamment pendant la haute saison touristique. Ces PAV, d'une capacité de 50 000 mégots, sont conçus pour être visibles et accessibles, avec un design attractif et durable, capable de résister aux conditions extérieures, que ce soit en bord de mer ou dans les rues.
Pour renforcer cette démarche, des cendriers de poche sont distribués gratuitement à la mairie, à l'office de tourisme et par les nageurs sauveteurs. L'objectif est clair : inciter les fumeurs à ne plus jeter leurs mégots au sol, mais à les conserver pour les déposer dans les PAV. Toutefois, comme l'a souligné Mathilde Saintin, chargée de mission Agenda 21, l'adoption par le public reste un défi. En effet, lors des premières opérations de collecte, les PAV n'ont pas encore atteint leur pleine capacité, signe que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour changer les habitudes.
Un engagement pour un avenir durable
La stratégie de Mimizan s'inscrit dans une vision plus large de développement durable, où chaque action, aussi petite soit-elle, contribue à la préservation de l'environnement. Le partenariat avec Keenat n'est qu'une étape dans un engagement plus global de la ville pour améliorer la qualité de vie de ses habitants tout en protégeant ses ressources naturelles.
La ville prévoit également d'intensifier les actions de sensibilisation, notamment à travers des événements publics. En septembre, un stand interactif sera installé sur le marché de Mimizan-Plage pour informer les citoyens sur l'importance de recycler les mégots et sur les dangers qu'ils représentent pour l'environnement. Ces initiatives visent à créer une prise de conscience collective, à encourager des comportements plus responsables, et à faire de Mimizan une ville exemplaire en matière de gestion des déchets.
À Mimizan, la lutte contre les mégots de cigarettes ne se limite pas à des actions ponctuelles. Elle s'inscrit dans un engagement à long terme pour protéger l'environnement et améliorer la qualité de vie. En combinant innovation, sensibilisation et valorisation, la ville montre qu'il est possible de transformer un déchet en ressource, et de faire de la propreté urbaine un enjeu partagé par tous.
L'initiative "Je ne jette pas, mais je valorise" est un exemple concret de ce que peut accomplir une collectivité lorsqu'elle mobilise ses habitants autour d'un objectif commun : préserver la beauté et la richesse de son environnement naturel. Grâce à ces efforts, Mimizan espère non seulement réduire la pollution due aux mégots, mais aussi inspirer un changement durable dans les mentalités et les pratiques de tous ceux qui vivent ou visitent cette région.
Sébastien Soumagnas
Réagissez à cet article
Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire