L’histoire d’Optima Aero en France a débuté sur le tarmac d’Anglet. C’est là que la société canadienne, déjà bien implantée à Montréal et Dallas, a choisi en 2021 de poser ses valises européennes. Son credo : prolonger la durée de vie des hélicoptères grâce à des pièces reconditionnées, certifiées et remises sur le marché. « Nous avons choisi la région pour la richesse de son écosystème », rappelle Toby Gauld, président d’Optima Aero. Dès le départ, l’ambition était claire : faire rimer industrie aéronautique et transition écologique, en misant sur des circuits courts et la réduction de l’empreinte carbone.
L’implantation au Pays basque n’était pas un simple escale technique, mais bien une porte d’entrée stratégique vers l’Europe. De la côte basque aux marchés africains et moyen-orientaux, Optima Aero s’est rapidement imposée comme un acteur crédible du secteur, apportant des solutions alternatives aux pièces neuves, souvent coûteuses et lourdes en impact environnemental. Les premières années ont permis de tester le modèle, de consolider les partenariats locaux et de préparer l’étape suivante : le décollage vers une implantation industrielle d’envergure.
Cap sur Tarnos
Ce cap, c’est Tarnos. En octobre 2025, Optima Aero inaugurera son nouveau site industriel de 3 000 m², situé dans la commune landaise, à deux pas des grandes installations aéronautiques déjà présentes dans le secteur. Un choix loin d’être anodin : l’endroit offre une situation géographique idéale, aux portes de Bayonne et à proximité immédiate de clients et partenaires stratégiques.
« L’acquisition de ce site industriel en France constitue une étape majeure dans le développement international d’Optima Aero. Elle renforce notre capacité à servir nos clients européens avec des solutions fiables, durables et innovantes », insiste Toby Gauld. Pour lui, le site de Tarnos est bien plus qu’un simple atelier : c’est un jalon essentiel dans une stratégie de long terme où performance et responsabilité environnementale volent en formation serrée.
Le cœur battant de ce nouvel équipement sera le démantèlement et la revalorisation de composants d’hélicoptères. Une activité technique, mais aussi éminemment symbolique : donner une seconde vie aux pièces plutôt que les laisser finir dans les hangars de ferraille. Chaque rotor, chaque moteur, chaque sous-ensemble trouve ainsi une nouvelle place dans la chaîne aéronautique.
Cette logique s’inscrit pleinement dans l’économie circulaire, chère à Optima Aero. En réemployant des pièces réparables plutôt que d’en produire de nouvelles, l’entreprise réduit de façon spectaculaire les émissions de carbone du secteur. Jusqu’à seize fois le poids des pièces peut être évité en CO₂ lorsque l’on choisit le reconditionnement plutôt que la fabrication neuve. Une véritable propulsion écologique pour une industrie encore marquée par ses fortes empreintes.
Innovation durable et écosystème local
Mais Optima ne veut pas se limiter au réemploi classique. À Tarnos, la société prévoit aussi d’intégrer des activités d’upcycling, consistant à transformer des composants hors d’usage en objets utilitaires ou même en pièces d’art. Une manière d’élargir l’horizon de la durabilité et de sensibiliser au passage le grand public.
« Notre ambition est double, souligne Sandra Bernard, directrice générale Europe. Contribuer activement à la transition écologique de l’aéronautique grâce à des solutions concrètes de revalorisation, et participer au développement économique de la région tout en faisant de ce site un centre d’excellence opérationnelle. »
Le message est clair : Tarnos ne sera pas qu’un atelier de réparation, mais un véritable laboratoire d’idées, ancré dans son territoire. « Nous avons à cœur de collaborer avec l’ensemble des acteurs locaux, qu’il s’agisse du tissu industriel ou des associations, afin de faire de ce projet une réussite partagée et durable », poursuit Sandra Bernard.
Concrètement, le site proposera des capacités de réparation pour les gammes Airbus Helicopters et Leonardo Helicopters, tout en déployant progressivement de nouveaux services comme la location d’outillage spécialisé. Pour les opérateurs et centres de maintenance, cela signifie un accès facilité à des solutions techniques, rapides et durables.
Cette diversification correspond à une tendance lourde de l’industrie : ne plus considérer l’aéronef comme une machine linéaire (de sa fabrication à sa casse) mais comme un ensemble de cycles de vie à optimiser. Optima se positionne ainsi comme un copilote des opérateurs, garantissant la disponibilité des pièces tout en maîtrisant les coûts et l’empreinte écologique.
Tarnos, une piste d’envol pour l’emploi
L’installation d’Optima Aero à Tarnos ne concerne pas uniquement l’aéronautique mondiale. Elle ouvre aussi des perspectives concrètes pour l’économie locale. Une trentaine de postes devraient rapidement être créés, entre techniciens, logisticiens et ingénieurs. Des profils qualifiés, mais aussi des opportunités pour de jeunes talents formés dans les écoles de la région.
Ce n’est pas un hasard si la société insiste sur son ancrage territorial. Elle bénéficie déjà du soutien de nombreux partenaires institutionnels comme la Région Nouvelle-Aquitaine, sans oublier les liens avec le Québec. À Tarnos, Optima espère aussi attirer des collaborations nouvelles avec les industriels et centres de recherche locaux, renforçant ainsi l’écosystème aéronautique du Sud-Ouest.
Avec ce nouvel ancrage, Optima Aero confirme sa volonté de jouer dans la cour des grands. L’entreprise, élue PME de l’année en 2023 lors des Prix Gilles Demers, mise désormais sur une croissance européenne forte. L’ouverture du site de Tarnos, prévue le 20 octobre 2025, représente l’amorce d’un virage stratégique.
En quelques années, la société est passée du rôle de challenger à celui d’acteur central dans le domaine du reconditionnement. Son modèle, qui combine rentabilité et durabilité, semble taillé pour un secteur en quête de solutions concrètes face aux enjeux climatiques. À l’heure où l’aviation est scrutée pour ses émissions, le pari d’Optima est clair : prouver que l’on peut faire voler l’innovation et l’écologie de concert.
L’économie circulaire, nouveau plan de vol
Le choix de s’installer à Tarnos traduit une conviction forte : l’avenir de l’aéronautique passera par la circularité. Dans une industrie historiquement tournée vers la production neuve et le remplacement, Optima change le logiciel. Chaque pièce récupérée, chaque moteur reconditionné devient un argument en faveur d’un secteur plus responsable.
Cette philosophie se traduit déjà en résultats mesurables. L’économie de matières premières, la réduction des déchets et la baisse des émissions ne sont plus des concepts, mais des chiffres tangibles qui intéressent directement les opérateurs. Pour beaucoup, adopter les solutions d’Optima n’est pas seulement un choix écologique, mais une stratégie économique gagnante.
De Montréal à Dallas, en passant désormais par Tarnos, Optima Aero trace une trajectoire ascendante. Son installation dans les Landes n’est pas un simple déménagement, mais une véritable montée en puissance. Avec ce site flambant neuf, l’entreprise ambitionne de faire de la revalorisation des hélicoptères un modèle économique central et une vitrine de l’aéronautique durable.
« Ce projet illustre notre ambition de croître tout en contribuant positivement à l’industrie aéronautique et confirme notre engagement à long terme en France et en Europe », conclut Toby Gauld. Une manière de dire que l’aventure ne fait que commencer, et que Tarnos pourrait bien devenir la tour de contrôle d’une nouvelle ère pour l’économie circulaire aéronautique.
Sébastien Soumagnas
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