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ENTREPRISE D’ICIJean Othax et la Maison Francis-Miot

Une belle aventure humaine née d’une grande complicité, enrichie par un savoir-faire et une qualité qui font la différence. La marque fait recette dans le monde entier malgré la crise…
MIOT OTHAX 2
Tout le monde garde en mémoire ce génial maître confiturier : le sourire légendaire de Francis Miot accompagnait le véritable torrent d’idées qu’il déversait inlassablement. Son complice, Jean Othax, a su prolonger sa marque de fabrique pour garder vivante la créativité maison. Rencontre.

Comment a commencé cette saga ?


Jean Othax – J’ai fait la connaissance de Francis Miot, grâce à mon frère, Jean-Bernard, qui lui donnait un coup de main pour la commercialisation des produits. Puis, quand je suis devenu maire d’Uzos, j’ai eu l’occasion d’apprécier son talent et ses qualités humaines lors de l’implantation de son entreprise sur la commune. Mais, c’est au cours d’une de nos balades en vélo, en juillet 2005, que Francis Miot m’a fait une confidence qui m’a servi de déclic : il voulait prendre du recul et négociait une reprise par un groupe du Lot-et-Garonne. J’ai étudié le dossier, j’ai demandé de nombreux avis, et je me suis positionné pour prendre le relais.

Vos premières initiatives ?


J. O. – D’abord, j’ai proposé à Francis Miot de rester partenaire de l’entreprise et de garder quelques parts dans le capital de la société. C’était important pour transmettre au mieux son savoir-faire et celui de ses équipes, mais aussi pour apporter son énergie et son enthousiasme à la communication. L’un des premiers chantiers a été celui de la distribution de nos produits. Le réseau des boulangeries était en pleine transformation avec sa concentration dans les mains de quelques entrepreneurs, tandis qu’émergeait un grand nombre d’épiceries fines. Du coup, nous avons revu notre gamme et conçu des packages complets. Parallèlement, nous avons décidé de faire du développement à l’export une priorité. Les ventes à l’international représentent désormais 40% de notre chiffre d’affaires, contre 2% à l’époque.

Comment avez-vous fait face à la crise sanitaire ?

J. O. – C'est une période difficile. On ne fait que 30% du chiffre d'affaire et l'intégralité de l'export est au ralenti. Les États-Unis et les Émirats Arabes Unis sont en stand-by. Sur le sol français, EuroDisney est fermé jusqu'à nouvel ordre. Ce sont autant de marchés à l’arrêt. Entre mars et le 11 mai, nos magasins ont été fermés partiellement, mais nous avons quand même pu assurer les fêtes de Pâques. En revanche, la boutique en ligne a explosé au niveau des commandes. Nous avons donc mis en place un service de drive et un service de livraison, que nous maintiendrons au-delà de cette crise.

Prêts pour la relance ?

J. O. – Il y a encore du temps selon moi. Je ne vois pas l'export reprendre avant 2021, et le reste ne devrait pas reprendre avant septembre. Nous avons fait des demandes de Plans Garantis État et les banques nous ont suivi, pour continuer nos investissements lancés avant la crise. Nous avons déjà sécurisé tous nos sites en tenant compte des mesures d'hygiènes préconisées par l'État. Ceci dit, nous nous sommes mis en position de relancer au plus vite notre activité avec la fin du confinement.

Il faudra être solidaire ?

J. O. – Oui, c'est évident. Il faut s'unir. Tous ensemble, nous devons montrer que notre région est attractive pour relancer le tourisme. Tous les secteurs doivent être solidaires pour réussir à relancer l'économie et, de ce fait, l'emploi. Il faut penser à travailler de plus en plus en privilégiant la proximité. C'est nécessaire si l'on veut aider notre territoire à repartir. Nous devons nous serrer les coudes !

Le secret du succès des produits Francis-Miot ?


J. O. – Il est clair que tout s’est construit sur le talent de Francis Miot. Il était le meilleur confiturier de France. D’où l’importance de garder et renforcer ce savoir-faire. Ce sont les mêmes équipes qui œuvrent à la production, les mêmes qui officient au laboratoire. Nous avons la chance d'avoir une équipe jeune, dévouée et passionnée par leurs métiers. Parfois, cette qualité exceptionnelle était cachée par une communication très originale, mais c’est bien elle qui porte les succès. A chaque produit, il associait une histoire. Comme pour ses célèbres « Coucougnettes » associées au Vert Galant, le séducteur Henri IV. Nous avons décidé de pousser de plus en plus la qualité, et de l’afficher.

Sur quoi repose cette qualité ?


J. O. – Cela passe par la recherche constante des meilleurs ingrédients, dans la région en priorité ou en provenance d’autres territoires si nécessaire : les figues du Béarn, les pêches de Monein, les kiwis des Landes, les abricots du Roussillon, le citron de Menton, l’orange amère de Roquebrune… Nous entretenons des relations étroites avec les producteurs pour avoir des fruits cueillis à maturité, au meilleur moment. C’est ainsi que nous pouvons proposer les confitures les moins riches en sucre du marché, avec des gammes avec 65% et 75% de fruit, et désormais à 100% de fruit et donc 100% de sucres naturels. Nous faisons aussi très attention à la qualité des cultures et au traitement des fruits : s’il n’est pas mal traité, le fruit nous récompensera. Je connais bien la question puisque mes parents avaient une affaire de primeurs. En plus de la qualité des fruits, nous avons un processus de cuisson qui fait aussi la différence.

Tout cela représente des investissements importants ?


J. O. – Très importants. A la rentrée, nous allons faire des travaux majeurs au niveau du labo. Il va être revisité. L’objectif est de doubler la production avec le même process. Au total, nous allons investir 500.000 euros en deux ans. Nous avons aussi fait évoluer nos magasins d’Uzos, de Pau, de Saint-Jean-de-Luz, et nous avons ouvert un quatrième site à Saint-Jean-Pied-de-Port. En 2021, nous avons le projet de refaire le musée. Un nouveau concept avec scénographie a été étudié en partenariat avec l’AaDT (Agence d’attractivité et Développement Touristiques du 64). Il est prévu du cinéma en 3D, des parcours sensoriels et des animations interactives… des innovations fortes pour marquer les touristes. Fin juin, nous ouvrirons un nouveau concept, au 45 rue Maréchal Joffre à Pau, une boutique « Miot Salé ». Il y aura un bar à salade, un bar à fruit et nous proposerons des tartines et des box apéro. Cela permettra de proposer notre nouvelle activité de transformation des légumes en tartinable, pour accompagner les entrées, les apéros, etc.

Vous êtes à la tête d’une solide équipe…


J. O. – Aujourd’hui, l’entreprise emploie 60 personnes dont un grand nombre a vécu l’aventure depuis le début. Cela crée des liens forts. Damien Traille, l’ancien international de rugby, nous a rejoint pour s’occuper des grands comptes. Il est également actionnaire et prépare la relève en apprenant le métier de directeur commercial. Je le connais depuis longtemps puisque je lui ai fait signer son premier contrat rugby. C’est un champion et cela se voit au niveau de sa puissance de travail et de ses qualités personnelles. Sur le plan familial, je peux compter sur mon neveu, Stéphane, mon frère, Jean-Bernard, et mon fils, Thomas, qui a également lancé sa propre entreprise, Packitoo. Maintenant, je vous donne rendez-vous très prochainement pour dévoiler une première mondiale.

Informations sur la Maison Francis-Miot – cliquez ici

 

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