Le Pays basque est composé de sept provinces, à savoir trois en France et quatre en Espagne. Cependant, le peuple basque fait fi des frontières, ce qui n'est bien entendu pas le cas des États français et espagnol. Et si les provinces françaises occupant la partie ouest des Pyrénées Atlantiques se partagent le département avec le Béarn, elles n'ont aucun droit politico-administratif en France. Du côté espagnol, il en est tout autre...
En effet, le Pays Basque espagnol jouit de droits qui permettent à ce territoire de disposer d'une grande autonomie quant à leurs organisations administratives et politiques. Du côté espagnol, deux entités politiques sont présentes, à savoir la Communauté Autonome du Pays basque, qui comptent le Gipuzkoa, la Biscaye et l'Alava, et la Communauté forale de Navarre qui comprend la province de Haute-Navarre.
Une AOP pour le cidre basque
L'attachement des basques à leur culture, leurs traditions, leur langue ou encore leur pays ne s'arrête pas aux frontières imposées par les deux pays dans lesquels les sept provinces demeurent. C'est donc naturellement qu'ils échangent, partagent et créent sur le territoire basque tout entier. Et plus le temps passe, plus la collaboration et les initiatives communes se développent.
Alors que des deux côtés de la frontière, le cidre coule à flots, la mise en place d'une Appellation d'Origine Transfrontalière concernant la filière du cidre basque est sur le point de voir le jour. Cette appellation qui existe déjà du côté espagnol sous l'étiquette Euskal Sagardoa (les producteurs partagent un nom et même un cidre) depuis 2018, a en début d'année 2024, reçu la proposition du secteur cidricole basque français de faire partie de l'aventure.
Ainsi, les représentants des filières des deux côtés de la frontière ont cogité sur une proposition en collaboration avec l'INAO (Institut National des Appellations d'Origine) et le personnel technique de Hazi (une entité du Gouvernement basque), puis avec le soutien et l'accompagnement du Gouvernement Basque et d'Euskal Herria Hirigune Elkargoa. Après l'aval des ministères français et espagnol, la balle est aujourd'hui dans le camp de l'Union européenne.
Une première en Europe
L'Appellation d'Origine Euskal Sagardoa, qui couvrira dorénavant les sept provinces basques, inclura les deux variétés de pommes utilisées des deux côtés de la frontière. Elle deviendra d'ailleurs la première appellation transfrontalière pour un breuvage qui partagera une même réglementation ainsi qu'une gestion centralisée. A l'heure où nous écrivons, Euskal Sagardoa est dans l'attente de l'autorisation de Bruxelles.
A partir du moment où l'aval de l'Union européenne aura été reçu, la Navarre pourra intégrer l'appellation d'Origine, les deux entités, à savoir le Gouvernement Basque et le Gouvernement de Navarre s'y étant engagés. Du côté des instances européennes, l'autorisation de cette Appellation d'Origine Transfrontalière devrait se concrétiser d'ici au mois de juillet.
Le piment sans frontières
Outre la filière cidricole qui a donc mis en commun la production de cidre des sept provinces du Pays basque, l'idée a semble t'il fait son chemin et fait des émules. En effet, le 12 mars dernier, « le piment d'Espelette AOP, le piment de Lodosa, le piment de Gernika s'associent pour créer un nouveau réseau transfrontalier inter filières: ReTPIM. » Tout comme pour le cidre, cette initiative est soutenue par les principaux acteurs administratifs des deux côtés des Pyrénées.
Avec pour chef de file le syndicat AOP Piment d'Espelette, ReTPIM compte ainsi créer un réseau transfrontalier « de producteurs et de techniciens de piments sous appellation d'origine protégée (IGP) » précise le groupement européen de coopération territoriale NAEN, l'Eurorégion Nouvelle-Aquitaine-Euskadi-Navarre. Le piment basque est donc en chemin pour créer une synergie entre les différents acteurs de la filière.
Ce projet soutenu par la Région Nouvelle-Aquitaine, l'Eusko Label, l'Eurorégion NAEN, Hazi, l'Intia, le gouvernement de Navarre, et l'Eusko Jaurlaritza - Gobierno Vasco, va orienter son travail sur trois axes principaux : l’incidence socio-économique, la technique et la traçabilité de son élaboration. Le but recherché est de mettre en commun les connaissances et les problématiques pour éviter de plancher sur les mêmes sujets.
Côté budget, le projet a été financé, pour plus de la moitié par NAEN, à savoir que l'Eurorégion a versé pas moins de 47 801 euros. La somme restante a été couverte par les différents participants, comme le syndicat Piment d'Espelette et ses confrères du Pays basque Sud puis les acteurs du secteur agroalimentaire du Sud, à savoir Hazi et Intia.
Ainsi, d'ici à février 2025, cinq réunions de ReTPIM se tiendront afin de travailler sur des sujets communs à chacune des trois entités partenaires du piment basque.
Sébastien Soumagnas
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