Les valeurs partagées, l’admiration réciproque, l’affection qui lient désormais les deux hommes incitent Philippe Darmuzey à écrire la geste de Bala. Comme si les mémoires de l’auteur s’écrivaient à travers le parcours du héros.
Ce livre révèle les aspects presque mythiques de Bala, le formidable joueur, mais aussi le conteur hors pair et le pionnier des consultants audiovisuels, dont l’activité inlassable et l’humanisme ont semblé traverser plusieurs vies d’hommes.
« Dans la peau d’Albaladejo – Rugby, feria, Bala ! » sortira le 20 janvier prochain (Editions Sud-Ouest, 22 euros). Philippe Darmuzey et Pierre Albaladejo ont décidé de verser les droits d’auteur à l’action sociale en faveur des personnes âgées dépendantes.
Voici ci-dessous trois extraits de ce livre de 208 pages. Ils donnent le ton…
Bala, un héros de cape et d’épée, de botte et de vista, de larmes et de olé, de culture, de télé.
« J’ai deux héros. L’un et l’autre ont enchanté ma jeunesse adolescente et étudiante. L’un et l’autre sont à jamais dans mon musée imaginaire de l’idéal humain. Je n’ai jamais rencontré l’un et puis, un jour, J’ai croisé l’autre. Bala et moi, loin de Mandela. Je suis MadiBala [diminutif familier de Nelson Mandela] comme dans le slogan tragique du 11 Janvier 2015 ! [« Je suis Charlie »]
« Tragédie, justement, pour mes héros grecs. L’un, héros de la grande tragédie universelle de la discrimination raciale, de la privation de liberté, du pardon et de la rédemption ; l’autre, héros de Cervantès et de la tragédie dacquoise, sorti aussi grandi de la défaite que de l’ascension et du déclin de sa ville de rugby et de cure. Pourtant, il ne l’a jamais abandonnée, Bala, son insouciante cité de la fête, des cures et des traditions bourgeoises. Bala, un héros de cape et d’épée, de botte et de vista, de larmes et de olé, de culture, de télé ».
Bala, Roger et la télé : le rugby inoculé à nos enfants
(…) « C’est le moment pour notre Roger national de sortir de la lampe magique télévisuelle le génie de la vulgarisation technique du rugby. Couderc a trouvé son gourou, son ange gardien bienveillant, un peu Don Quichotte, un peu gentleman, qu’il adoube avec les Français comme le super consultant humaniste du monde ovale. Le premier d’une génération qui ne le fera jamais oublier.
« Bala d’emblée met la barre si haut qu’aucun amateur de rugby, aucune téléspectratrice épisodique du Tournoi des Cinq nations, ne peut désormais plus se passer des deux compères à la casquette de gentleman farmer derrière leur micro ».
Splendid Bala
« Les soirs de corrida aux fêtes de Dax, alors que la foule revient des arènes, on voit la silhouette mythique du maître de l’art taurin, tracer élégamment son chemin vers les terrasses bondées du Splendid. Le Splendid est le grand hôtel surplombant l’Adour qui donne à Dax son point de ralliement esthétique. Ici Art déco et Corrida ont toujours fait bon ménage. Les toreros triomphateurs y convergent toujours, parfois portés à dos d’homme.
« Bala y réserve ses commentaires à chaud, non sans avoir croisé de nombreux regards d’élégantes à l’oeil noir et de tous ceux qui sont fiers d’avoir échangé son sourire. A “las cinquo de la tarde”, il a pris ses quartiers dans le burladero, tout près du territoire des “noirs” ; il a scruté les toros, observé les quadrillas, analysé les premières passes et promené son regard d’aigle andalou sur les gradins de l’arène où vibrent tant de connaissances et d’amis de l’aficion…
« La corrida, c’est aussi important que le rugby, et les deux partagent la vie intense du maestro… De grands toreros auraient fait de flamboyants trois-quart centres et pourquoi pas des demis-d’ouverture. Bala, s’il est beaucoup descendu dans l’arène, a dû être torero dans une autre vie. Ou, mieux encore, “mayoral”, ce représentant avisé et connaisseur des ganaderias andalouses »...
Pierre Albaladejo
Né en 1933, le Dacquois a participé aux plus grandes épopées du XV de France. Demi d’ouverture étincelant, « Monsieur Drop », a remporté 4 Tournois des 5 Nations en 1954, 1960, 1961 et 1962. Sélectionné 30 fois avec les Bleus, il s’est aussi illustré pendant les tournées en Nouvelle-Zélande et en Afrique du Sud.
Fidèle joueur de l’US Dax, de 1952 à 1966, il restera toujours très proche du club de sa vie, sa deuxième famille.
Pierre Albaladejo a été le premier consultant sportif à la radio en 1968. Sept ans plus tard, il rejoint la 2e chaîne pour commenter les matches avec Roger Couderc. Un duo mémorable.
Passionné de tauromachie, il commentera des corridas avec beaucoup de talent sur Canal+, et présentera l'émission Toromania sur France 3 Aquitaine pendant 17 ans.
Philippe Darmuzey
Né en 1947 à Bordeaux, il partage son temps entre Bruxelles, la Nouvelle-Aquitaine et le reste de l’Europe. Il fréquente adolescent, les Landes des étangs, de la forêt et de l’océan ; il traverse les grandes années dacquoises du rugby et de la feria.
A l’âge universitaire, il rallie pour la vie le Bordeaux Etudiants Club (BEC), doyen des clubs universitaires de France. Le jeu de rugby agrémente ses semaines d’étude du droit et des relations internationales. Il joue au poste de trois-quarts aile dans la sélection française qui bat l’Australie à Limoges en 1971.
Puis, il mène une carrière de directeur à la Commission européenne au service des relations auro-africaines et de l’action extérieure de l’UE. Il écrit, publie un blog, observe les relations internationales. Il débat sur la gouvernance du sport, et notamment sur la violence dans le rugby.
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