Baptisé le « Goncourt des animaux », ce prix distingue un livre où l'animal est à l'honneur. Il est décerné dans le salon Goncourt, chez Drouant à Paris, et clôt traditionnellement la saison littéraire.
Le jury est composé de personnalités reconnues : Reha Hutin (présidente de la Fondation 30 Millions d’Amis), Michel Houellebecq, Frédéric Lenoir, Didier Decoin de l’Académie Goncourt, Jean-Loup Dabadie et Frédéric Vitoux de l'Académie française, Irène Frain, Didier van Cauwelaert et Teresa Cremisi.
Questions à Christian Laborde…
Qu’est-ce qui vous tient à coeur dans ce prix ?
Christian Laborde - Je suis ravi que « La cause des vaches » ait eu cette reconnaissance et que ce prix ait été créé spécialement pour elles. C’est un prix spécial pour la cause animale qui donne un éclairage supplémentaire sur la cruauté de l’élevage hyper industriel, de ces fermes-usines comme les Mille Vaches en Picardie. Mais au-delà du pamphlet, le jury a été sensible à la dimension lyrique du livre qui est une célébration de la vache, de cette vache que nous connaissons dans nos pâturages, dans nos montagnes.
Donc vous cognez d’un côté et vous lancez un cri d’amour de l’autre ?
C. L. – J’ai voulu relier les aspects pamphlétaire et lyrique. Il s’agit de défendre une civilisation contre la barbarie. La question de la survie du paysan se pose. L’industrialisation casse les prix du lait, c’est la mort du petit paysan. Si les petits paysans disparaissent, nos paysages disparaissent.
Revenons à la célébration de la vache…
C. L. – La vache des pâturages, c’est de la beauté. Philosophe, avec sa lenteur ; elle marche à son pas, à son rythme. Penser, c’est ruminer… La vache a été célébrée par les poètes et, comme tous les animaux, elle mérite le respect. Dans mon enfance catholique à Aureilhan, paysan, j’ai appris ce respect des bêtes. On ne passait à table que lorsque les bêtes avaient été soignées. C’était naturel.
Quel accueil a reçu le livre depuis sa sortie ?
C. L. – Excellent. Les médias l’ont largement relayé en appréciant notamment la dimension littéraire et une écriture pour célébrer la vache. Cela ne peut que favoriser la sortie d’autres ouvrages pour continuer ce combat.
Vous frappez forts contre certains élevages…
C. L. – Le développement des énormes fermes-usines est une barbarie. Les vaches ne voient plus les près. Elles sont parquées en permanence entre des murs de béton pour leur faire « pisser » du lait en permanence. Elles deviennent de simples machines à faire du lait, de la viande et même de l’énergie, en étant reliées en permanence à une méthanisation pour transformer leurs bouses.
Cela pose aussi le problème plus général de l’agriculture ?
C. L. - On oublie, comme l’a souligné Pierre Rabhi, que l’agriculture est faite pour nourrir et pas uniquement pour produire. Dans ces fermes-usines, le malheur est que les vaches ne peuvent pas se plaindre. Elles ne sont pas syndiquées. Il faudrait créer la CGT des vaches. Mais au-delà des vaches, ce sont les petits paysans qui sont en danger. Les bêtes souffrent et les paysans se pendent dans l’indifférence générale. Dans les débats sur les primaires pour les élections présidentielles, pas une seule question a été posée sur l’avenir de l’agriculture.
« La cause des vaches », Editions du Rocher - 144 pages - 15 €
Informations sur le site Internet de Christian Laborde
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