Pour une fois que ce n’est pas un Fonds de pension de l’Oklahoma ou de Shanghai qui était sur le coup, cela mérite l’attention. Le groupe de textile à petits prix, Tati est en effet en mauvaise posture, donc en vente, et Gifi va débourser 70 millions d’euros pour s’en rendre acquéreur. Histoire de deux épopées commerciales, au destin contraire.
On a tous acheté au moins une fois quelque chose chez Tati. Parce que dans le genre « déballe-moi ça, c’est pas cher », ses magasins ont longtemps été inimitables. Et puis on s’est lassé, les magasins se sont perdus, hésitant entre le textile, la lingerie, la maison, sans ligne directrice lisible. Et ça, le chaland n’aime pas.
Voilà pourquoi elle chute en piqué et que l’entreprise de Philippe Ginestet pointe son nez.
Gifi, c’est 533 magasins, 6.200 salariés et 1,2 milliard de chiffre d’affaires. Soit une puissance de feu lui permettant de faire une offre, consistant à racheter 110 magasins sur 145, avec un plan d’investissement de 70 millions d’euros (y compris le prix d’achat) et la promesse de garder 1.400 des 1.700 collaborateurs.
Sur la table de négociations de la banque d’affaires Oddo, six enveloppes avaient été déposées, provenant de six acheteurs potentiels. Le concurrent le plus sérieux de Gifi était le consortium d'enseignes à bas prix composé de La Foir'Fouille, les spécialistes de la déco Centrakor et Maxi Bazar, l'enseigne de déstockage Stokomani, et Dépôt Bingo. Et finalement, le Tribunal de commerce de Bobigny a choisi l'offre de Gifi.
Si le groupe Eram, l’actuel propriétaire de Tati, a effacé 450 millions de dettes dans le but de rendre l’affaire plus sexy, l’enseigne a tout de même perdu l’an dernier 65 millions d’euros. Pire encore : l’image de marque de Tati est complètement à reconstruire, car devenue trop mode et haut de gamme. Et sans image auprès des acheteurs (ou plutôt des acheteuses), pas d’engouement, pas de ruées aux caisses, pas de ventes, et pas de bénéfices. Conclusion : tout est à reconstruire.
L’empire de Philippe Ginestet…
C’est en 1981, à Villeneuve-sur-Lot, que Philippe Ginestet a ouvert son premier magasin avec des fins de série et des surplus de stocks. Il le baptise Gifi : Gi comme Ginestet et Fi pour Philippe. Il fait décoller son affaire avec une ouverture le dimanche et le lancement de magasins en mandat de gestion. Aujourd’hui, il est tout simplement le numéro 1 du discount en France, avec un réseau de plus de 500 magasins.
En 2000, Philippe Ginestet décide de racheter les Laboratoires Maurice Mességué à Fleurance dans le Gers. Un sacré pari qu’il relève en renouvelant la gamme et en la diffusant dans le réseau Gifi.
Autre aventure, il reprend en 2011 le château Lalande à Saint-Sylvestre-sur-Lot et le transforme en complexe de luxe avec un hôtel multicolore, le Stelsia (lire notre article).
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