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L'INFO INCONTOURNABLELes lacs des Pyrénées en tension

La SHEM est un producteur hydroélectrique historique et majeur dans le grand Sud-Ouest. Elle s’inquiète des niveaux historiquement bas de ses retenues d’eau.
Un lac des Pyrénées utilisé par la Shem.
L’entreprise a notamment pour mission de soutenir l'étiage c'est-à-dire le niveau d'eau du Gave d'Ossau qui passe à Oloron-Sainte-Marie.

Devenue une filiale du groupe Engie dans les années 2000, la Société hydroélectrique du Midi (SHEM) gère la production hydroélectrique des 56 usines et 12 grands barrages sur l’ensemble du massif pyrénéen. Chaque année, elle produit en moyenne 1.838 GWh, ce qui équivaut à la consommation énergétique d’un million d’habitants. La Shem est aussi régulièrement sollicitée pour fournir de l’eau potable et approvisionner les stations d’épuration, les industries, l’agriculture ou le tourisme en eau et électricité.

Avec les périodes de fortes sécheresses, l’ensemble des lacs situés à proximité́ des centrales hydroélectriques pyrénéennes ont atteint un niveau critique. À l’heure où le contexte géopolitique international remet en question les importations énergétiques et l’appel du gouvernement français à plus de « sobriété », Hervé Aurensan, cadre à la direction de l’exploitation, dresse un portrait alarmant.

Pouvez-vous nous dire quelles sont les principales causes de cette tension hydraulique ?

Hervé Aurensan (H.A) : Il y en a plusieurs. À commencer par le taux d’enneigement très moyen de l’hiver 2021. Chaque hiver, nous mesurons l’enneigement autour de nos retenues. Objectif : une bonne gestion annuelle des ressources. La neige est arrivée très tôt, mais les fortes chaleurs ont provoqué l’évaporation rapide du manteau neigeux. Ce qui a provoqué un manque de réserves d’eau dans nos retenues

Nous n’avions pas eu le volume d’eau escompté et avions alors alerté les autorités.

À cette situation s’est ajouté un mois de mai très chaud et sec, qui a asséché les rivières. Nous avons donc été obligés de puiser très tôt dans les retenues d’eau, ce qui met à mal nos réserves déjà amoindries par l’hiver.

Au mois d’août, vous-vous étiez déjà inquiétés de cette tension. Qu’en est-il aujourd’hui ?

H.A : À la mi-septembre, certaines retenues étaient déjà vides et d’autres sont dans un état critique. En temps normal, les réservoirs sont remplis entre 80 et 85% en novembre. Actuellement, nous disposons de seulement 30% de nos capacités totales. Il s’agit du taux que nous avons normalement à la fin du mois de février ou au début du mois de mars. Et le taux de remplissage risque de diminuer encore, sauf épisode pluvieux important.

Y-a-t-il des solutions à cette « crise hydraulique » ?

H.A : Non. Nous sommes malheureusement tributaires de la météo et n’avons pas de solutions pour combler le déficit hydraulique. Nous sommes obligés de maintenir un niveau minimum de 5% pour sécuriser nos installations. Si la situation ne s’arrange pas, nous n’allons pas pouvoir apporter notre soutien au réseau électrique français cet hiver. 

Noémie Besnard

Voir le site officiel de la Shem

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