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Le projet La Rhun-E prend de l’altitude

Porté par les Pyrénées-Atlantiques, la Navarre et l’Agglomération Pays basque, ce projet transfrontalier s’inscrit dans une démarche de préservation et de gestion durable du massif.
Jean-Jacques Lasserre et José Mari Aierdi au sommet de la Rhune
Gobierno de Navarra DR
Financé à 65 % par l’Union européenne via le programme Interreg, ce chantier de trois millions d’euros incarne une coopération franco-espagnole exemplaire.
Le massif de la Rhune au coeur du projet transfrontalier
DR

Depuis des siècles, le massif de la Rhune transcende les frontières, reliant les habitants des Pyrénées-Atlantiques et de Navarre. Perché à 905 mètres d’altitude, ce site emblématique du Pays basque constitue un joyau naturel et patrimonial. Mais son attractivité croissante met à l’épreuve ses équilibres fragiles.

La gestion des flux touristiques, le maintien du pastoralisme, la protection de la biodiversité et la gestion des infrastructures au sommet figurent parmi les nombreux défis que partagent les communes de Sare, Ascain, Urrugne et Bera. Face à ces enjeux, la nécessité d’une gouvernance transfrontalière s’impose. C’est dans ce cadre qu’a émergé le projet La Rhun-E, porté par une coalition d’acteurs locaux et soutenu par l’Europe.

L’Europe première de cordée

L’Union européenne joue un rôle clé dans ce projet. Grâce au programme Interreg VI A Espagne-France-Andorre (Poctefa 2021-2027), elle finance 65 % des 3 millions d’euros mobilisés. L’objectif de ce programme est de renforcer la cohésion économique et sociale entre les territoires frontaliers en encourageant des initiatives communes.

Jean-Jacques Lasserre, président des Pyrénées-Atlantiques, et José Mari Aierdi, conseiller délégué au développement rural et à l’environnement de Navarre, ont présenté le projet le 28 octobre depuis Sare. Ils ont souligné l’importance de cette coopération qui dépasse les frontières administratives pour répondre aux enjeux environnementaux et patrimoniaux partagés.

Le projet La Rhun-E se décline en plusieurs volets complémentaires. Parmi les priorités, figurent des travaux relatifs à l’eau, l’assainissement et l’électricité, indispensables pour préserver la qualité environnementale du site. Un espace public commun au sommet sera aménagé, avec des infrastructures adaptées, notamment des toilettes publiques à l’arrivée du petit train.

Les sentiers de randonnée, prisés par des milliers de visiteurs chaque année, feront l’objet d’une réhabilitation afin de mieux canaliser les flux et limiter leur impact sur la biodiversité. En parallèle, des actions seront menées pour valoriser le patrimoine naturel et culturel du massif, avec des études et des campagnes de sensibilisation aux "bons gestes" en montagne.

Le maintien du pastoralisme, activité ancestrale et pilier de l’identité basque, est également au cœur du projet. Des investissements viseront à garantir la pérennité de cette pratique tout en respectant les impératifs écologiques.

José Mari Aierdi, conseiller délégué au développement rural et à l’environnement de Navarre
Gobierno de Navarra DR

Gouvernance inédite

Le projet La Rhun-E innove aussi par son modèle de gouvernance. L’ambition est de créer une porte d’entrée commune symbolisant cette collaboration transfrontalière. Ce modèle, basé sur le dialogue et la concertation entre les partenaires, pourrait servir d’exemple pour d’autres projets transfrontaliers.  

La Communauté d’Agglomération Pays basque, en tant que partenaire central, jouera un rôle clé dans la coordination des actions. Elle s’appuiera sur ses compétences en matière de gestion des déchets, de valorisation du patrimoine et de préservation des paysages pour garantir le succès du projet.  

Au-delà de la Rhune, le projet La Rhun-E illustre le rôle de l’Europe dans la préservation des espaces naturels transfrontaliers. Le soutien financier de l’Union européenne, via le FEDER (Fonds européen de développement régional), témoigne de l’importance accordée à la coopération entre régions voisines pour répondre aux défis environnementaux globaux.  

D’ici 2026, la Rhune pourrait devenir un modèle de gestion durable pour les territoires frontaliers, alliant respect de l’environnement, valorisation culturelle et développement économique raisonné. Ce projet incarne l’idée que, face aux défis climatiques, les frontières s’effacent pour laisser place à des solutions partagées.

Sébastien Soumagnas

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