Rhooo, la boulette, la loose, le pépin, la tuile, le hic, la "biiip" (censure) dans le potage, la poisse, la scoumoune, on en passe et des pires. Tout était prêt, les vuvuzelas, le piz buin indice 50, le recueil "La samba pour les Nuls", le recueil "Le brésilien pour les Nuls", le recueil "Le foot pour les Nuls", le recueil "Comment différencier une sublime brésilienne d'un trav' en dix points fondamentaux", et un billet d'avion Paris-Rio de Janeiro à exhiber devant tous les potes verts (et jaunes) de jalousie.
Et puis, vlan, fin de semaine dernière, la nouvelle, terrifiante, est tombée : Ribéry ne serait pas du voyage ! Je ne sais pas vous, mais moi ça a glacé net mon enthousiasme.
Et…
Fan absolue ? Pensez donc, que nenni ! Contrairement à nombre de mes compatriotes béret-cocorico-baguette, j'entretiens âprement quelques préceptes tout personnels. Le premier étant que je ne suis pas rancunière. Mais que, hélas, j'ai une sacrée mémoire. Et je n'ai oublié ni la truculente affaire Zahia, ni l'affaire du bus de Knysna en Afrique du Sud. Alors, a priori, notre gars peut bien enchaîner les buts, les dribbles, les passes mirobolantes et assurer la bonne humeur dans les vestiaires, je m'en contrefiche. Ribéry, blacklisté !
Non, ce que je vais vraiment, vraiment regretter de Ribéry pendant cette Coupe du Monde, ce sont ses interventions orales. Car, si quelques footballeurs s'illustrent par des déclarations pimentées, comme Souleymane Camara, il y a quelque temps, qui déclarait : "J'ai apporté ma pierre à le déficit", la palme d'or, euh pardon, le ballon d'or de la déclaration à la noix revient tout de même à Franck Ribéry, champion toutes catégories de la boulette et de l'approximation verbale.
Ainsi, j'en pleure de frustration à l'idée de me priver de petites phrases cultes de ce style :
- J'espère que la routourne va tourner (variante : que la roucoule coule, que la roulotte lotte, que la roulade lade, que la rouflaquette flaquette, que la roubignole gnole, à vous...),
- C'est beau ce Stade Vélodrome qui est toujours plein à domicile comme à l'extérieur (pchiiit, Franck, demande à Zahia de te re-expliquer l'histoire de extérieur-intérieur, dedans-dehors, tout ça...),
- C'est vrai qu'on vient de jouer contre une équipe qui sont vraiment très forte (oh, quoi ? Une équipe, ils sont nombreux, non ? Y a - presque - pas faute, là, monsieur l'arbitre)
- Il fait attention pour qu'on a du peps (Je vois pas où ça cloche. Peps, peut-être, un tantinet ringard, non ?),
- Inconsciemment, il ne faut pas s'endormir (Par contre, consciemment, tu peux, aucun souci !)
- Je pense qu'on espère qu'on va gagner (manque "essayer", on reprend Franck : "Je pense qu'on espère qu'on va essayer de gagner", c'est mieux),
- On est des joueurs qu'on va vite avec le ballon (oui, et qu'on te merde, et qu'on la cause mieux que toi la langue de la France, tout ça, on sait !),
- Au niveau des sensations, je n'ai rien ressenti (mais c'est parce qu'il faut passer au garage, te faire vérifier les niveaux, pitchoun),
- Maintenant il faudra faire avec sans Zizou ("Avec sans le temps, va, tout s'en avec va", ça ne manque pas d'une certaine poésie tout ça, avec sans du recul !)
- J'ai couru jusqu'à quand ce que je pouvais (et quand est-ce que c'est ce que j'en pouvais plus, je m'a arrêté... J'ai tout juste, là ?)
Oui, oui, je sais, c'est méchant de se moquer, et après tout, on lui demande de taper dans un ballon, et pas de faire de la littérature...
Mais a) il semble que même taper dans un ballon soit compromis, b) tous les gamins écoutent les propos du Dieu Ribéry alors un petit effort ne nuirait pas à une certaine pédagogie d'ensemble, c) sinon, je vous ai dit que j'étais pas rancunière mais que j'avais de la mémoire ?, d) au salaire que touchent ces messieurs du foot, ils pourraient se payer des coachs personnels de "causationnerie en publique", non ?
Enfin, moi, je dis ça, je dis rien...
Gracianne Hastoy
Réagissez à cet article
Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire