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DÉCRYPTAGEZones ZFE : faible émission et grand bazar !

1 Français sur 2 ne pourra plus circuler en centre-ville - Pau et Bayonne concernés
Photo d'un panneau zone ZFE

On a beau prendre la question par tous les bouts, la question des ZFE, ces zones à faibles émissions constituent d’ores et déjà un casse-tête épouvantable. Et ce n’est rien à côté de ce qui nous attend.

Petit rappel de l’épisode précédent : dans le but de lutter contre la pollution, donc d’améliorer la qualité de l’air des grandes villes, responsable selon Santé publique France, du décès de 40 000 personnes chaque année, les déplacements des véhicules à moteur thermique seront progressivement limités. C’est déjà le cas de Paris, Rouen, Lille, Strasbourg, Toulouse et Reims, et cinq autres villes, avant d’être élargi d’ici le 31 décembre 2024 aux grandes métropoles régionales, une quarantaine en tout, comptant au moins 150 000 habitants. Sur nos territoires, Pau et Bayonne font partie du lot.

Et on est prié de se taire, car la mesure a été votée il y a deux ans, incluse dans la loi Climat et Résilience. Dans la pratique, les Crity’Air 5 seront interdites en 2023, suivis des Crity’Air 4 en 2024 et les 3 en 2025. L’idée étant que les véhicules les plus anciens sont estimés plus polluants, et donc progressivement interdits. Echappent au diktat les véhicules d’État (ben voyons), ceux des persones handicapées et les voitures de collection. Et si, d’humeur rebelle, vous passez outre, gare au coup de massue : vous risquerez une amende de classe 3, allant de 45 à 750 euros. C’est enfoncer une porte ouverte que de constater que cette interdiction vise les automobilistes les plus modestes, qui n’ont pas les moyens de s’acheter une voiture neuve, a fortiori électrique. Fracture sociale en vue, quand on sait que 38 % des ménages les plus pauvres ont un véhicule classé Crity’Air 4 ou 5… Et que le pouvoir d’achat constitue la priorité des préoccupations des Français. Là, c’est le coup de pied de l’âne !

Le constat est le même pour les petits patrons, les artisans, qui se voient ainsi interdits de pénétrer dans le cœur des villes, où pourtant les besoins sont similaires à ceux des banlieues (réparations, travaux, livraisons). Un vrai casse-tête, délibérément mis en place pour inciter la population à passer à l’électrique, en dépit du prix d’achat du véhicule et de l’absence de bornes, voire de l’attente aux stations de recharge et le manque d’autonomie des batteries. Une solution consiste à changer la motorisation du véhicule (donc passer du thermique à l’électrique), une opération appelée retrofit, qui lui permettrait de passer à travers les mailles du filet. Mais qui s’élèverait à environ 20 000 euros. Une paille !

À ce jour, on n’assiste pas (encore) à une occupation des ronds-points par une nouvelle génération de Gilets jaunes, qui étaient sortis de leur torpeur pour un motif moindre, l’augmentation du prix des carburants, de seulement 0,03 euros. Mais déjà, la grogne est en vue. Ainsi Pierre Chasseray, le délégué général de « 40 millions d’automobilistes » incite le gouvernement à revoir sa copie sur les ZFE, qualifiées de « bombes à retardement social ». « On est tout simplement en train d’interdire à un Français sur deux, au 1er janvier 2025, de circuler avec sa propre voiture. C’est inacceptable ! Pas besoin d’avoir fait Polytechnique pour comprendre qu’en interdisant à un Français sur deux de rouler, ça va mal se passer» conclue-t-il.

Quid de la concertation ? Elle est totalement absente, comme d’habitude. Mais notre petit doigt, doublé de notre grande expérience, nous disent que la partie est loin d’avoir été perdue. Pot de terre contre pot de fer, prenez vos paris !

Dominique Padovani

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