Abonnez-vous
Publié le Mis à jour le

Rencontre avec… Jérôme Daret au coeur de la révolution du rugby à 7

Pour le Mimizannais, entraîneur de l’équipe de France, cette discipline ouvre de nouveaux horizons pour l’univers de l’ovalie. Tout va très vite, dans le monde entier…
RUGBY DARET
L’ancien demi-de-mêlée, puis entraîneur et directeur sportif de l’US Dax, est aujourd’hui à la tête de France 7 avec en ligne de mire les Jeux Olympiques. Il nous livre un regard plein d’enthousiasme sur les ouvertures apportées par le rugby à 7.

Cette discipline connaît un développement majeur…

Jérôme Daret – Oui, tout va très vite. Mais, il faut savoir aussi que le rugby à 7 est très ancien. Il a pris naissance en Ecosse en 1885 et nous venons de fêter le 50e anniversaire du tournoi de Dubaï. La création du World Sevens Series en 1999-2000 lui a permis de franchir un palier important. Désormais, 120 Nations ont des équipes de rugby à 7 alors que le XV ne concerne qu’une cinquantaine de pays. Et surtout, la plupart de ces équipes nationales sont très compétitives. Pour la petite histoire, il y a quelques temps, nous avons essuyé une bonne correction face à… la Papouasie-Nouvelle-Guinée. L’inscription de la discipline aux Jeux Olympiques a également servi d’accélérateur avec la montée en puissance de grands pays mobilisés autour de la conquête de médailles supplémentaires comme les Etats-Unis ou encore la Chine. Toutes les zones géographiques sont désormais concernées par le rugby à 7, avec de nombreuses compétitions. Il y a une dynamique extraordinaire.

Quels sont ses atouts principaux ?

J. D. – C’est un jeu très intense et très spectaculaire, avec un niveau de plus en plus relevé et qui se resserre entre de nombreuses nations. Sa richesse vient aussi de sa capacité à laisser s’exprimer dans le jeu une grande diversité de cultures et d’identités. Comme le but de ce jeu est de marquer plus d’essais que l’adversaire, le spectacle est garanti. Le rugby à 7 apporte des expériences extraordinaires tant au niveau des joueurs que du staff et du public, comme l’a montré le premier SuperSevens à Paris, avec les clubs du Top 14. Autre atout majeur, il attire la jeunesse par ses formats courts très adaptés aux réseaux sociaux. Toutes les équipes ont leur community manager pour amplifier l’impact de ce sport et générer une effervescence autour.

Les caractéristiques les plus porteuses ?

J. D. - Cela va très vite à tous les niveaux. D’abord, sur le plan du jeu. A la fois rapide et intense, il nécessite une grosse préparation physique, mais aussi une bonne gestion de la charge mentale. Les joueurs doivent être préparés à de gros affrontements physiques, tout en sachant pratiquer le contournement et l’esquive. Ils sont formés à des prises d’initiatives et de décisions rapides, avec une grande vitesse d’exécution. C’est un sport de mouvement où il faut aller à l’essentiel tout en sachant créer le désordre. Il faut à la fois être le plus simple possible pour être le plus rapide possible, être dur et malin. Au niveau des entraîneurs, il faut une remise en cause permanente dans cet univers qui va à 200 à l’heure. La qualité du collectif est essentielle, contrairement à ce que l’on peut penser vu de l’extérieur. Parallèlement, l’ambiance autour des matches est spectaculaire et les stades font souvent le plein à l’étranger. En France, l’évolution est prometteuse. Le succès du SuperSevens, qui a accueilli 25.000 personnes le 1er février dernier à La Défense Arena. Une belle fête, tout le monde s’est régalé.

Où en est l’équipe de France ?

J. D. – Elle arrive à un niveau de performance très intéressant. Les bons résultats enregistrés ces derniers temps ont envoyé des signaux forts aux autres équipes. C’est une véritable guerre psychologique. Tout le monde progresse très vite et chaque équipe évolue selon sa culture. C’est ce qui fait la richesse de ce sport. Pour nous, l’important est de pouvoir s’appuyer sur une relation forte avec les clubs français, afin d’avoir un effectif de 30-40 joueurs de haut niveau. Ce n’est pas simple, car on doit les mobiliser sur des périodes longues pour les tournois.

Justement, quelles sont les passerelles entre le XV et le 7 ?

J. D. – Les clubs français ont de plus en plus conscience de l’ouverture que peut leur apporter le rugby à 7. Pour les joueurs, il est plus facile de passer du 7 au XV que l’inverse. Un bon joueur de 7 possède la technique et tous les gestes, il lui suffit de s’approprier le jeu. De plus en plus de clubs réfléchissent à la manière d’intégrer le 7 dans leur politique sportive. Avant, seuls les jeunes étaient mis sur cette discipline, désormais plusieurs clubs mobilisent aussi des joueurs expérimentés. Il se passe beaucoup de choses intéressantes au niveau du Top 14, avec une volonté d’aller vers du jeu, de pratiquer un beau rugby. Plusieurs clubs ont aussi conscience que le 7 permet d’attirer un nouveau public, de capter les jeunes différemment.

Votre regard sur les clubs du bassin de l’Adour ?

J. D. – Nous sommes dans une période de mutation importante et la plupart des clubs l’a intégré. Ils sont tous en réflexion pour imaginer un modèle pertinent pour les prochaines années, en tenant compte des impératifs économiques indispensables pour être en mesure de rivaliser avec les autres clubs. Mais, il ne faut pas oublier que la concurrence peut aussi venir d’autres sports. Il faut être ingénieux et imaginatif. Pour prendre l’exemple des Landes, je suis convaincu qu’il y a toujours un vrai potentiel à condition d’évoluer vers une mutualisation des compétences. Avec Mont-de-Marsan, Dax, mais aussi Tyrosse, il y a beaucoup à faire pour construire un projet à l’échelle du département. De toute manière, l’évolution doit être permanente. Ce qui ne doit pas empêcher de toujours s’appuyer sur ses racines et sur l’aspect identitaire.

Prochain rendez-vous : Los Angeles Sevens, 5ème étape du circuit mondial, le 29 février et le 1e mars. Les Tricolores affronteront les Fidji, l’Argentine et la Corée du Sud. C’est le retour de la formule traditionnelle avec des quarts de finale, les Bleus ont toutes leurs chances.

Informations sur le site de la FFR – cliquez ici

Commentaires


Réagissez à cet article

Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire

À lire aussi