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    Une année décisive pour le vignoble bordelais ?

    Si les destinées du millésime 2018 s’annoncent gustativement intéressantes, elles semblent économiquement moins nettes. Le brexit et la prochaine semaine des primeurs devraient donner le ton.
    PL BORDEAUX BOUTEILLES

    Entre ce brexit, les mouvements sociaux et une récolte meilleure qu’en 2017, mais contrariée par la grêle et le mildiou, la conjoncture n’est pas des plus favorables aux viticulteurs et à la place. Le tout sur fond de baisse des volumes vendus et de pression concurrentielle à l’international. Mais avec des marchés export qui progressent toujours en valeur et un Bordeaux qui reste une valeur sûre.

    On commence par le verre de vin à moitié plein : avec un peu plus de 5 millions d’hectolitres, la récolte bordelaise 2018 nous a ramenés dans la moyenne des 10 dernières années. Le climat aura été capricieux et grêleux jusqu’en juillet dernier (avec 10.000 hectares touchés sur approximativement 120.000), mais assez exceptionnellement clément par la suite. Les années noires de la décennie resteront donc impaires (on croise les doigts pour celle qui commence). En 2017, la récolte ne s’était montée qu’à 3,5 millions d’hectolitres (3,8 en 2013). Au niveau du goût, on parle déjà d’une très belle année 2018, pour certains supérieure à 2015.

    Sur le plan économique, en revanche, le marché resterait dominé par une absence de visibilité, du côté de la vente en direct mais aussi et surtout du négoce via la Place de Bordeaux, confronté à un marché assez atone sur les crus classés à l’approche de la semaine des primeurs.

    L’export fait mieux que résister…

    D’abord, les chiffres du CIVB (Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux) pour le dernier exercice sont plutôt mitigés. Dans l’Hexagone, les ventes auraient enregistré un recul de 5% en volume (à 155 millions de bouteilles) et d’1% en valeur, à 875 millions d’euros. Le vignoble bordelais représenterait toujours entre un quart et un tiers des ventes en grande surface.

    Pour se consoler, on peut avancer que cette érosion des ventes ressemble moins à un phénomène purement structurel qu’à la conséquence d’une production moindre sur 2017-2018, laquelle aura presque été compensée par une hausse quasi-mécanique et remarquée des prix. Et nous ne sommes là qu’en France, où en dépit d’une meilleure récolte et d’un millésime apparemment séduisant, d’autres facteurs conjoncturels continuent de susciter l’inquiétude. On a parlé çà et là d’un « effet gilets jaunes » qui aurait joué sur la fin d’année dernières, notamment en affectant restaurateurs et cavistes.

    Ensuite, et bien que les ventes ne se soient globalement pas trop mal comportées à l’international en 2018, certains jugent les marchés chinois et américain en deçà des attentes. Pour ce qui est du marché chinois, s’il a certes chuté en volume (-11%, à 73 millions de bouteilles expédiées), il aura tout de même progressé de 3% en valeur, en dépit d’une économie locale un peu déprimée et d’une concurrence australienne et chilienne avantagée par des accords internationaux.

    Le constat est d’ailleurs valable un peu partout à l’export, avec des progressions parfois très nettes en valeur (+9% au global, +16% en Europe). Le signe évident que le vignoble bordelais reste une valeur sûre hors de nos frontières, puisqu’on a été prêt à le payer plus cher un peu partout en 2018. En deux mots, le vignoble est armé pour résister à la conjoncture : l’an dernier, il a d’ailleurs (provisoirement ?) délaissé les vins d’entrée de gamme pour tenir mécaniquement ses revenus.

    Semaine des primeurs, juge de paix ?

    Pour rester sur l’étranger, les incertitudes du moment semblent beaucoup tourner autour du tout prochain brexit (on rappelle que c’est pour fin mars, avec ou sans accord). Nos confrères du Point ont tout récemment été interroger Gavin Quinney au château Bauduc, où le viticulteur a « anticipé de six semaines sa mise en bouteille pour que tout son vin soit livré en Grande-Bretagne avant la date fatidique du 29 mars, au cas où il n'y aurait aucun accord ».

    Seront expédiées 40.000 bouteilles. Bien sûr, nous parlons là d’un viticulteur qui a coutume d’expédier 60 % de sa production outre-Manche.

    Du côté des professionnels et notamment des négociants de la place, par lesquels passerait toujours une bouteille sur deux, on n’a cependant pas encore été jusque-là et l’on reste confiant au chapitre de ce marché-clé anglais (qui a lui aussi augmenté en valeur, +1%).

    Concernant 2019, la prochaine semaine des primeurs (du 1 au 4 avril, organisée par l’UGCB, Union des Grands Crus, qui fédère 134 châteaux) devrait donner une première tendance en termes de prix et d’activité sur le segment du négoce. On rappelle que cet événement, lors duquel sont présentés et donnés à déguster les derniers millésimes, « permet de réserver à prix préférentiel des grandes bouteilles encore en cours d’élevage » et « réunit tous les ans entre 5.000 et 6.000 professionnels du monde entier à Bordeaux ». Au total, le vignoble bordelais compterait toujours une petite dizaine de milliers de viticulteurs, pour environ 200 grands crus.

    Plus d’informations sur le site bordeaux.com – cliquez ici

     

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