Abonnez-vous
Publié le

PORTRAIT PASSIONL’Alevibox pour repeupler les rivières efficacement

C'est Michel Salanave-Péhé qui est à l'origine de cette invention qui date d'une quinzaine d'années maintenant. Une création ayant comme seul moteur sa passion pour la pêche et les poissons.
Michel Salanave-Pehe utilise son Alevibox dans un cours d'eau.
Véritable succès à l'étranger, l'Alevibox peine à décoller en France. Un constat que l'inventeur peine à expliquer au vu des résultats concluants de son produit...

En bon pêcheur, Michel Salanave-Péhé fréquentait longuement les courants d'eau béarnais à la recherche de truites. Mais trop souvent, la pêche n'était pas bonne... « On n'attrapait rien. Je m'en plaignais au travail, jusqu'au jour où un collègue m'a dit qu'au lieu de râler, j'avais qu'à trouver une solution ». Il ne pensait pas si bien dire, puisque notre Géo Trouvetou béarnais se penche alors sur les solutions qui existent.

« J'ai rejoint l'AAPPMA d'Oloron-Sainte-Marie pour voir comment ils repeuplaient les rivières. En fait, ils vidaient des seaux entiers remplis d'alevins nés en pisciculture. Mais ça ne fonctionnait pas, les pertes étaient immenses... En y réfléchissant, j'ai fait un parallèle avec l'élevage des pigeons. Ils sont fixés à un pigeonnier et y reviennent toujours, même s'ils sont en liberté. Alors j'ai voulu m'inspirer de ça pour les truites et les saumons. C'est bien connu, le saumon revient toujours là où il est né ».

C'est ainsi que naissent les premiers prototypes d'une boîte immergée capable de recevoir plusieurs milliers d’œufs. « Au début, on m'a traité de fou ! Pas grand monde ne croyait au projet... Mais on m'a laissé une chance. J'ai placé des alevins dans la boîte pendant 6 semaines, et nous avons observé leur capacité à survivre dans ce dispositif. Ça a été un succès ! J'ai alors poursuivi l'expérience, en plaçant directement des œufs pour laisser les alevins naître directement dans le cours d'eau, et à l'abri des prédateurs ». Idem, ce fut un succès. L'Alevibox était née.

Tout ça se déroule donc en entre 2004 et 2005. En cette dernière année, Michel Salanave-Péhé se lance même dans le dépôt d'un brevet pour son invention. Trois ans plus tard, le dossier aboutit, et il est même contacté pour participer au Concours Lépine, qui récompense les inventions en cours de brevetage. Une médaille d'argent à la clé, il revient dans le Béarn avec la ferme intention de commercialiser sa création.

La CCI Pau-Béarn m’a énormément aidé. 

« La CCI Pau-Béarn m'a énormément aidé. Je voulais trouver des industriels locaux, mais les prix de revient étaient bien trop élevés, surtout que je paye tout de ma poche... Mais nous avons trouvé une solution proche d'ici, à Saragosse ». Ce sont très exactement 500 Alevibox qui sont alors produites puis commercialisées au compte-goutte, ou pas d'ailleurs... 

« La fonction publique wallonne m'en a commandé plusieurs dizaines ! », s'extasie l'inventeur, très fier d'être également en contact avec des clients au Québec, en Suisse, en Slovaquie, en Irlande, et en Espagne. « Localement, je ne sais pas pourquoi, ça ne décolle pas. Et ce n'est pas faute d'avoir essayé ! Mais on ne m'en commande pas ici. J'en vends en France, quelques-unes dans le Sud-Ouest, mais dans le Béarn, non ». 

Le dispositif est pourtant efficace et responsable. « Les boîtes sont en PVC recyclé et assemblées avec une visserie en inox. Les premières qui ont été commercialisées sont toujours en service ! C'est donc aussi un produit durable ». Et Michel Salanave-Péhé souhaite continuer à le développer. « J'aimerais que cela se développe à plus d'espèces de poissons, car tous les poissons disparaissent, ce n'est pas spécifique aux truites ou aux saumons. Surtout que c'est un dispositif très facile à mettre en place ». Une version pour écrevisse est d'ailleurs en cours de gestation... Alors associations, institutions et professionnels du milieu, on fonce commander un Alevibox, et quelque 8000 œufs de truite, disponibles en pisciculture, et on part tous redonner vie à nos cours d'eau !

Timothé Linard

Commentaires


Réagissez à cet article

Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire

À lire aussi