L'Association des Acteurs de la Course Landaise était créée en 1995 pour défendre les droits des sauteurs, écarteurs, et hommes en blanc. Aujourd’hui, elle regroupe près de 200 adhérents, qui se retrouvent tous dans une impasse. « Il y a quelques années, la FFCL a opté pour un changement de système avec l'Urssaf. Ainsi, depuis 2022, un Chèque Emploi Associatif (CEA) a été mis en place, et retrace toutes nos cotisations. Sauf que le système nous enregistre également dans les listes du Pôle Emploi, de la Caisse des retraites, etc. », explique Romain Clavé, co-président de l'Association des Acteurs de la Course Landaise.
Une situation qui pose beaucoup de soucis, puisque les acteurs étaient alors considérés comme professionnels, et les spectacles apparaissaient comme des missions. « Le souci c'est qu'on n'avait pas signé de contrat de travail, et qu'on ne percevait aucun bulletin de paie », poursuit Romain Clavé. « Et ça engendrait des problèmes administratifs importants, mais aussi auprès des assurances, puisque l'on cotisait en tant que sportifs amateurs, et que ce nouveau système faisait de nous des sportifs professionnels. Nos contrats devenaient donc caducs ». Un statut qui empêchait également les fonctionnaires de cumuler un second contrat de travail, qui rendait impossible la pratique de la course landaise aux mineurs de moins de 16 ans, et qui limitait grandement celle des mineurs entre 16 ans et 18 ans.
« On ne sait pas pourquoi ça a été mis en place... On ne comprend pas trop... La situation avait déjà été soulevée en 2021, mais le dossier avait été mis de côté. C'est dommage parce que les problèmes soulevés à cette période sont exactement ceux que l'on rencontre aujourd'hui », déplore le co-président de l'Association des Acteurs de la Course Landaise. « On a dit à la FFCL qu'on ne pouvait pas continuer comme ça à cause de tous les problèmes que ça engendre, pour nous, mais aussi pour les organisateurs qui devenaient alors des employeurs, avec les charges et les risques que cela comporte en cas d'accident du travail ».
Si la situation était tendue aux premiers instants, Romain Clavé assure que les négociations et études pour un nouveau système se font en bonne et due forme. « On ne se fait pas la guerre, au contraire, on discute. On soutient la FFCL, on sait qu'ils œuvrent pour nous. Et nous, on est des passionnés avant tout, on a envie de reprendre le plus vite possible, et les ganaderias ont besoin de spectacles pour vivre », poursuit-il, témoignant de toute une filière qui est paralysée par la situation. « Ce n'est pas qu'on ne veut pas, c'est qu'on ne peut pas ! Quelques-uns pourraient, mais ce serait impossible d'assurer tous les spectacles prévus ».
Les acteurs de la course landaise savent que le statut qu'ils avaient auparavant n'est plus possible à avoir, pour de nombreuses raisons financières, politiques, et administratives. « Ce n'est pas comme un club de sport, on n'est pas de simples bénévoles puisque nous pouvons toucher des prix sur certains spectacles. Mais on n'est pas des professionnels non plus. On doit sortir du CEA, car être reconnus comme professionnels est incompatible avec notre activité... C'est là que c'est délicat, il faut trouver un système serein pour tout le monde, pour nous les acteurs, et pour les municipalités qui sont organisatrices de ces événements ».
De son côté la FFCL a repris le dossier de 2021. Un nouveau système est à l'étude, et devrait être expérimenté sur une période d'une année afin d'en confirmer la bonne forme et d'en corriger les quelques lignes encore brouillonnes. « On est conscient que ça prend du temps, et il faudrait même qu'ils s'entourent d'avocats spécialisés dans le droit du sport. Mais il sont optimistes. Nous avons des points hebdomadaires avec eux pour nous tenir informés des avancées de la situation, et ils souhaitent véritablement trouver une solution. La préfecture aussi s'est engagée à trouver une solution rapidement. Mine de rien, ça nous rassure de voir tout ça, et d'entendre ces mots. On se pose tout de même encore beaucoup de questions, on reste sur notre réserve, mais on a envie d'y croire », conclut Romain Clavé qui, comme le reste du monde de la course landaise, se prépare à une éventuelle reprise normale des activités taurines pour Pâques.
Timothé Linard
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