Cette association implantée à Le Haillan (Gironde) coordonne depuis six ans « Les Sentinelles du climat », un programme scientifique de suivi de l’impact du changement climatique sur la biodiversité des Pyrénées.
En choisissant de s’intéresser à des espèces particulièrement sensibles aux modifications de l’environnement physique, il sera possible d’envisager leur avenir face au changement climatique. Christophe Coïc, président de Cistude nature, nous éclaire sur les enjeux ce programme scientifique et ses premières conclusions.
Pouvez-vous nous en dire davantage sur l’origine du programme « Sentinelles du climat » ?
Christophe Coïc (C.C) : Bien sûr. À l’époque ce programme a été créé en Aquitaine pour étudier l’impact du changement climatique sur la biodiversité locale. On avait alors tous en tête l’image de l’ours polaire sur sa banquise lorsqu’on parlait de cette thématique, mais qu’en était-il des espèces locales ? L’objectif était donc d’observer leur comportement afin de définir statistiquement le risque de disparition de celles-ci, ou l’expansion et l’apparition de nouvelles espèces.
Quelles espèces étudiez-vous, et comment ?
C.C : Les sentinelles du climat sont des espèces animales et végétales indicatrices des effets du changement climatique sur la flore et la faune de la Nouvelle-Aquitaine. Nous en suivons une vingtaine, à l’instar de la grenouille des Pyrénées, du lézard de Bonnal et de la marmotte.
Nous nous appuyons sur des données scientifiques et humaines. Par exemple, pour le suivi des marmottes, nous avons installé plus d’une centaine de stations météo près de leurs terriers. Ces relevés nous permettent de connaître l’hydrométrie notamment. On observe aussi le facteur nourriture. Les marmottes sont des animaux sédentaires et territoriaux. Elles vivent au sein de familles qui sont facilement identifiables d’une année sur l’autre. Quelques centaines d’individus vivent dans les Pyrénées, même si cette espèce est endémique des Alpes.
Au bout de six années, quelles conclusions avez-vous pu établir ?
C.C : Tout d’abord, les espèces du massif Pyrénéens souffrent beaucoup du réchauffement climatique. Elles ont besoin des températures hivernales basses pour bien vivre et se reproduire. Par exemple, chez les marmottes, les femelles mettent bas durant la période d’hibernation. Les hivers de plus en plus doux posent problème, surtout pour la survie des jeunes. Les marmottes stockent des réserves de graisse en prévision de leur hibernation et pour nourrir leurs petits. Des températures plus douces et un manque d’enneigement peuvent les faire sortir prématurément de leur sommeil et elles se mettent alors en quête de nourriture qui n’est pas présente l’hiver (bourgeons, fleurs et herbe grasse n’apparaissent qu’au printemps). Elles dépensent donc inutilement leur réserve de graisse qui auraient pu servir à nourrir leurs petits.
On observe aussi des espèces endémiques de pays plus au Sud arriver dans les Pyrénées, comme le moustique tigre. Celle-ci peut mettre à mal l’équilibre déjà fragilisé du massif.
Chaque année d’étude amène plus de questions. Jamais nous n’avons été confrontés à un mouvement d’une telle rapidité et d’une telle durabilité. Tout l’enjeu des prochaines années sera concentré sur la question de l’adaptabilité des espèces, dont la nôtre, au changement climatique. De nombreuses espèces vont connaître des changements dans leur répartition. Certaines sont amenées à disparaitre. La question de leur conservation est importante pour les années à venir.
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Noémie Besnard
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