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    Un Arcachonnais à la conquête de l’espace

    Avec leur jeune société « Orbite Space », Nicolas Gaume et son associé Jason Andrews veulent préparer les touristes de l’espace à leurs futurs vols orbitaux et suborbitaux...
    ORBITE SPACE 2
    Nicolas Gaume, dont la famille a prospéré dans le secteur de l’hôtellerie et de l’immobilier sur le bassin d’Arcachon, a fait l’essentiel de sa carrière dans le monde du jeu vidéo.

    Dernièrement, il s’est fait remarquer avec sa société Space Cargo Unlimited en faisant séjourner du vin et des sarments de vigne dans la station spatiale internationale.

    Demain, les voyages dans l’espace ne seront plus forcément réservés aux émules de Thomas Pesquet. Le tourisme spatial, si longtemps fantasmé, est clairement en train de se muer en réalité. Et pour tout dire, 8 touristes avaient déjà été envoyés dans l’ISS (station spatiale internationale) dans les années 2000. Le premier d’entre eux, l’homme d’affaires Dennis Tito, avait déboursé 20 millions d’euros pour un séjour d’une semaine à 400 km au-dessus de nos têtes. C’était en 2001.

    Vingt ans plus tard, c’est un véritable marché qui s’ouvre et les concurrents commencent à se bousculer au portillon pour tenter d’emmener des civils dans l’espace. Le plus médiatique d’entre eux, le SpaceX d’Elon Musk, projette d’envoyer 4 Américains au-delà de l’ISS en fin d’année, dans le cadre d’une mission touristique de quelques jours baptisée « Inspiration4 ».

    Sur le même créneau des vols orbitaux (au-delà de la fameuse limite des 100 km), la société Axiom Space enverra ensuite 3 touristes sur l’ISS début 2022. Il en coûtera 55 millions d’euros à chacun d’entre eux pour un séjour d’une semaine. Ils seront encadrés par des astronautes, et un nouveau module d’Axiom Space, arrimé à la station, leur sera dédié. Un premier hôtel spatial fabriqué de main d’homme, en bref…

    Vers un boom des séjours spatiaux…

    En attendant la lune, ces vols orbitaux sont le fin du fin des « séjours spatiaux ». Sur l’autre segment des vols suborbitaux (sous les 100 km d’altitude, vols courts avec une sensation d’apesanteur de quelques minutes), un certain nombre d’acteurs sont dans la course, mais principalement le Blue Origin de Jeff Bezos et le Virgin Galactic de Richard Branson. Le patron d’Amazon espère propulser dès cette année des touristes dans les cieux via son petit lanceur réutilisable.

    Quant à Virgin Galactic, 600 clients seraient sur la liste d’attente de ses vols à 250.000 dollars, qui pourraient débuter en début d’année prochaine. Côté français, la startup Zephalto espère emmener des groupes de visiteurs en ballon à 25 km d’altitude, assez donc pour observer la courbure de la Terre.

    Dans pareil contexte, il ne faut plus s’étonner de voir arriver de nouveaux acteurs proposant des programmes de formation destinés à nos futurs voyageurs spatiaux. Si les vols suborbitaux nécessiteront peu de préparation et seront essentiellement soumis à diverses restrictions d’ordre médical, les vols orbitaux, eux, imposeront une formation plus poussée, que SpaceX dispensera à ses futurs clients.

    Mais d’autres s’engouffrent dans la brèche, comme Nastar Center, qui propose des programmes de deux jours allant jusqu’à 10.000 dollars, avec simulations et passage par une centrifugeuse humaine…

    Le 12 mai dernier, c’est un nouvel acteur baptisé Orbite Space qui a dévoilé son programme haut de gamme à 29.500 dollars par tête, à la mesure du coût des prestations proposées, qui incluent vols en apesanteur, visites d’installations, simulations et expérience de mission en réalité virtuelle, sans oublier la dégustation d’un menu « spatial », ordinairement concocté par un chef étoilé pour les astronautes… Plusieurs sessions de 4 jours sont d’ores et déjà programmées cette année.

    Un Petrus 2000 à un million ?

    Et si l’on vous parle de ce nouveau projet, c’est qu’il associe à l’Américain Jason Andrews (créateur de plusieurs sociétés dans le spatial) un entrepreneur Arcachonnais bien connu, Nicolas Gaume, 50 ans, dont la famille opère depuis plusieurs générations dans l’hôtellerie et l’immobilier.

    L’homme est copropriétaire de l’hôtel-restaurant La Co(o)rniche, au Pyla, qui accueillera d’ailleurs le premier séminaire d’Orbite, au cours duquel sera proposé un vol en apesanteur dans l’Airbus A310 Zéro G à Mérignac, avec l’opérateur Novespace. Cela se passera en août prochain. Les 3 autres séminaires prévus cette année auront ensuite lieu à Orlando, en novembre et en décembre. Ils rassembleront des groupes d’une dizaine de personnes.

    Jusqu’à ces dernières années, on connaissait surtout Nicolas Gaume pour ses aventures dans le monde du jeu vidéo, et notamment celle de son ancienne société Kalisto Entertainment. Il a présidé le syndicat national du secteur de 2009 à 2014, mais aussi travaillé pour Ubisoft, Lagardère et Microsoft.

    Mais l’entrepreneur semble avoir tourné ses ambitions vers l’espace. Dernièrement, il avait fait parler de lui pour l’expérience de Space Cargo Unlimited, une autre société qu’il a co-fondée et qu’il dirige. Il s’agissait d’envoyer 12 bouteilles de Petrus et plusieurs centaines de sarments de vigne en orbite dans l’ISS. Après 14 mois dans l’espace, la cargaison est revenue sur Terre en janvier dernier.

    L’idée était de tester la maturation du vin et la résistance des sarments de vignes dans cet environnement étranger. Replantés, ces derniers pousseraient plus vite que leurs équivalents. Quant aux bouteilles, une dégustation à l’aveugle des plus rigoureuses aurait aussi mis en lumière des différences entre le « breuvage spatial » et son équivalent terrestre.

    Mais l’écart de prix, lui, paraît déjà colossal, puisque la maison d’enchères Christie’s a annoncé le 4 mai qu’elle mettrait en vente l’une de ces 12 bouteilles, assortie d’une estimation… à un million de dollars. Pour donner une idée, une bouteille de Petrus 2000 ne se vend « que » 5.500 dollars quand elle n’a séjourné que sur Terre. L’estimation est peut-être un peu élevée, quand on sait que la bouteille de vin la plus chère de l’histoire s’est vendue 558.000 dollars à New York en 2018. C’était un Romanée-Conti de 1945. Mais c’est une autre histoire…

    Après avoir envoyé des bouteilles dans l’espace, l’entrepreneur d’Arcachon veut donc maintenant préparer les hommes à y aller. Cela pourrait nous faire sourire sous nos bérets, mais ce sera peut-être la norme dans un futur pas si lointain…

    Plus d’informations sur Orbite Space, cliquez ici 

     

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