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FOCUSAu Pays basque, des professionnels inquiets pour leurs perspectives d'avenir

La CCI Bayonne Pays basque a publié plusieurs études afin de dresser un baromètre de la conjoncture économique du territoire sur le premier semestre 2022, et pour anticiper son évolution lors du second semestre. Explications...
Catherine Errecart et André Garreta lors de la présentation du baromètre économique du Pays basque.
Malgré de bons résultats de façon générale sur le chiffre d'affaires et sur le taux de chômage au Pays basque, les professionnels ne sont pas vraiment confiants quant à leur avenir. Une méfiance qui s'explique par des coûts qui augmentent, et des marges qui se réduisent...

Ce lundi 17 octobre, la CCI Bayonne Pays basque, par l'intermédiaire de son président André Garreta, a présenté son baromètre économique. Une façon concrète d'analyser les résultats du premier semestre 2022, et de dessiner une tendance pour les six mois suivants. Ce sont très exactement 213 entreprises qui ont participé à cette étude portant sur leurs activités, leurs revenus, l'emploi, etc. En bref, tout ce qui les fait fonctionner.

Ce qu'il est bon de noter, c'est que le premier semestre 2022 n'est pas un mauvais semestre. En effet, environ 40% des entreprises participantes déclarent avoir enregistré une augmentation de leur chiffre d'affaires, quand 38% signalent que ce dernier s'est stabilisé. On peut donc en conclure que seulement 22% ont vu leurs chiffres baisser, ce qui représente environ 1 entreprise sur 5. « C'est en partie dû à la relative résistance de l'activité française cet été qui devrait d'ailleurs permettre au PIB national d'augmenter de 2,6% », explique la CCI.

Autre point positif, le taux de chômage qui est historiquement bas, notamment sur la zone d'emploi de Bayonne. « Au premier trimestre 2022, le taux de chômage était de 6,2%, ce qui est en dessous des moyennes régionales et nationales ». Mais il faut tout de même nuancer... Car bien que le taux de chômage soit relativement bas, cela ne veut pas dire que la demande est comblée, au contraire. En effet, les professionnels rencontrent de grandes difficultés à recruter pour diverses raisons : manque de candidats qualifiés ou volontaires, difficultés à se loger, etc. Des soucis que rencontrent surtout les secteurs de la restauration et de l'hôtellerie, qui représentent à eux seuls près de 60% de l'activité au Pays basque.

Une main-d’œuvre qui ne peut donc pas répondre à la demande malgré le fait que cette dernière baisse. En effet, les professionnels locaux enregistrent moins de commandes qu'auparavant, principalement pour des raisons économiques. Les prix sont plus élevés car les coûts de production grimpent également, notamment à cause de la hausse du prix des matières premières et de l'énergie. Un effet papillon important sur toute la chaîne de l'économie...

Le Pays basque est ainsi forcé d'importer une partie de sa demande. « L'ensemble des activités implantées au Pays basque génère une production équivalente à 14,26 milliards d'euros pour une demande locale qui s'élève à 13,73 milliards d'euros. Cependant, la nature de la demande est plus diversifiée que celle de la production, ce qui oblige le territoire à avoir recours à l'importation à raison de 56% de sa demande. C'est à peu près équivalant à l'exportation qui représente 52% de la production locale ». Quand l'on fouille, on se rend compte que le Pays basque est relativement dépendant de ses voisins et partenaires extérieurs, puisque le territoire n'est auto-suffisant qu'à 47,5%.

Des chiffres qui pourraient encore fluctuer, pas forcément dans le bon sens, puisque si l'on regarde les rapports de l'enquête sur la saison estivale, on s'aperçoit que la situation est moins stable qu'auparavant : des réservations de dernière minute privilégiée à 65% par les touristes, qui chassent également les promotions. Une restriction du porte-monnaie qui s'observe bien lors des dépenses des touristes, en réduction de 63% de manière générale, et de 92% si l'on parle de sports et de loisirs.

Alors forcément, tous ces chiffres inquiètent les professionnels du Pays basque qui, aux deux tiers, ne se disent pas confiants sur les perspectives. Un chiffre qui contraste énormément avec le reste de la Région Nouvelle-Aquitaine où les deux-tiers des participants à la même étude sont, quant à eux, confiants pour l'avenir.

Mais alors existe-t-il des solutions ? Oui. Les rapports montrent que les fuites économiques et importations sont ciblées sur des secteurs d'activité très précis : les transports, le consulting ou encore les services de support aux entreprises. « Si à peine 10% de ces fuites étaient relocalisées, ce sont plus de 4000 emplois qui seraient recréés au Pays basque ».

« L'ancrage de notre économie doit en effet favoriser les échanges locaux, et permettre ainsi de maximiser les retombées économiques locales. C'est l'un des objectifs que j'ai fixé à notre CCI qui œuvre en ce sens. Et pour ce faire, nous ne cessons de multiplier les actions qui visent à la densification comme la diversification des entreprises par des activités guidées notamment par des opportunités présentées dans ces domaines », souligne André Garreta, pleinement conscient que la CCI à tout intérêt à accompagner les entrepreneurs dans la création d'entreprises et dans la relocalisation d'activités.

Les échanges transfrontaliers pourraient aussi être salvateurs pour le territoire. « Ils représentent 3% de la demande, ce qui met en perspective des gisements très importants à développer avec les voisins d'Euskadi et de Navarre qui disposent d'une puissance économique dix fois supérieure ». Sur Presselib', on ne cesse de présenter les actions entre les Pays basque français et espagnols qui sont, à chaque fois, une nouvelle pierre qui vient s'ajouter à la construction d'un édifice économique commun.

Enfin, pour terminer sur une bonne note, il faut tout de même reconnaître la puissance du Pays basque dans des domaines comme la santé, l'éducation, le bâtiment, l'hôtellerie, la restauration, l'immobilier, secteurs florissants dont la production est sur une courbe ascendante, dépassant très nettement la demande. Des secteurs qui n'ont d'ailleurs pas ou très peu recours à l'importation et qui enregistrent donc pas ou peu de fuites économiques. Au contraire, ce sont eux qui permettent principalement au Pays basque de rayonner, aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur de son territoire. 

« Pour 100 euros de production locale initiale, 47,10 euros circulent par effet de ricochet dans l'économie locale. Sur des aires urbaines comparables, on parle de retombées allant entre 24 à 40 euros ». Le Pays basque est donc en avance sur ce volet. Et sur des secteurs générant des milliards d'euros, ce sont donc des retombées majeures pour le territoire. Une force évidente, assumée, qui ne cesse de croître et qui pourrait bien permettre aux faiblesses du territoire de s'estomper. C'est en tout cas le souhait de la CCI, et à n'en pas douter, des professionnels locaux...

Timothé Linard

Voir le baromètre de la CCI Bayonne Pays Basque

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