« Passionnée depuis toujours par l’écriture, les voyages, les relations humaines, les émotions et le « prendre soin », l’idée de devenir biographe hospitalière a germé en moi en 2015, à l’issue d’un bilan de compétences et en raison d’appétences personnelles, sans savoir que ce métier existait déjà. Au cours de mes recherches, j’ai découvert le travail de Valéria Milewski et l’association “Passeur de mots, passeur d’histoires”. Tout ce que j’avais dans la tête et dans le cœur était déjà formalisé par eux », raconte la Béarnaise.
Cette association est née en septembre 2007 dans le service d’onco-hématologie du CH Louis Pasteur de Chartres. Elle a déjà accompagné plus de 1.000 patients et rassemble aujourd’hui une soixantaine de biographes hospitaliers partout en France.
Le rôle de ces professionnels est d’aller à la rencontre de personnes gravement malades et suivies par une équipe médicale pour leur proposer de faire le récit de leur vie, de moments importants pour eux ou bien d'écrire des lettres destinées à leurs proches.
Le résultat de ces échanges prendra la forme d’un livre conçu par un artisan d’art, « pour sublimer le parcours de vie de la personne ». Il sera remis gracieusement au patient ou à ses proches.
Une autre façon d’accompagner la fin de vie
Il y a six ans, Caroline Palué s’est donc formée au métier de biographe, puis plus particulièrement à la biographie hospitalière et est intervenue au sein de l’Unité de Soins palliatifs du Centre hospitalier de Pau, en tant que bénévole d’accompagnement au sein de l’association Présence, durant deux ans.
Grâce à cette démarche, des personnes peuvent faire passer des messages d’amour à leur entourage, se remémorer de bons souvenirs et faire en quelque sorte un bilan de leur vie.
« Mon premier patient, Bernard Bellet, vient tout juste de nous quitter. Cette envie de transmettre était déjà en lui et la concrétisation de ce projet lui a permis de partir heureux et apaisé. Certains patients se laissent convaincre très vite, tandis que d’autres sont dubitatifs au début, puis ressentent rapidement les bénéfices de la démarche », explique-t-elle.
C’est finalement grâce à l’appui des équipes du Centre hospitalier de Pau, de la Fondation Helebor et de la Fondation de France (qui financent toutes deux cette démarche) que Caroline Palué a débuté son activité en mai 2022.
« Je reçois plus que je ne donne »
Pour Caroline Palué, chaque vie est unique : même l'existence la plus simple peut contenir des moments exceptionnels. « Mon travail célèbre la vie des anonymes et permet d’adoucir cette période difficile. Les personnes que je rencontre m’apportent beaucoup. Elles ont un certain regard, un recul sur la vie très précieux et toujours riche d’enseignements. En réalité, je reçois plus que je ne donne ».
À raison de deux ou trois rendez-vous par semaine, elle crée très rapidement avec ses patients un lien de confiance. Le livre est un prétexte, car l’objectif de la biographe hospitalière est avant tout d’apporter une nouvelle dynamique à travers ce « voyage intérieur », en dehors de la maladie. Et à la fin de chaque ouvrage, une vingtaine de pages blanches sont ajoutées pour que le patient ou la famille continuent d'écrire.
« L’objectif est de redonner du pouvoir à la personne malade, alors qu’elle n’est plus maîtresse de son corps. Cela permet de leur redonner une raison de se lever le matin et de penser à autre chose qu'à la maladie », précise Caroline Palué.
Pour les professionnels de la fin de vie, la biographie hospitalière fait partie des soins dits de « confort ». Ce travail contribue à améliorer l’état émotionnel des patients et, certains arrivent même à diminuer leur dose d'antalgiques pendant le processus.
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