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Le rugby « amateur » dans ses incertitudes

Cette année encore, les phases finales de Fédérale 1 vont se dérouler dans le flou : une rocambolesque affaire de… photographes
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Il faut remonter au mois de septembre 2015, lorsque 12 clubs de Fédérale 1 ont fait part de leur volonté de briguer la division supérieure, répondant ainsi à un cahier des charges précis de la FFR.

Ils étaient alors 12 clubs à s’être donné les moyens budgétaires d’être déjà dans une dimension professionnelle, face à de vrais amateurs. Parmi eux, Lille et Chalon-sur-Saône qui ont sombré et Soyaux-Angoulême qui est désormais sous les feux des projecteurs avec ses… photographes. Seul Auch représentait le bassin de l’Adour dans ce bal des prétendants.

Et…

ANGOULEMEOn assiste donc de plus en plus à un championnat amateur à deux vitesses, avec des résultats en conséquence. Comme ce Nevers-Mauléon qui s’est soldé par un score fleuve (94-5). Sans surprise : d’un côté un budget de 7 millions d’euros, de l’autre 300.000.

Ceux qui croyaient ne jamais revivre le feuilleton de Lille l’été dernier (qui s’est vu refusé la montée en Pro D2) en sont pour leurs frais. C’est désormais Soyaux-Angoulême qui est sur la sellette. Le club charentais qui a survolé la saison régulière, terminant premier au classement national, va repasser sous les griffes du gendarme du rugby professionnel, la fameuse DNACG.

RUGBY AMATEUREn cause, la déclaration comme photographes auto-entrepreneurs d’une vingtaine de joueurs. Une manière de contourner le plafonnement de la masse salariale à 30 % du budget du club, c’est ce que devront vérifier les contrôleurs.

En attendant, Soyaux-Angoulême reste bien qualifié pour les demi-finales d’accession à la Pro D2 et devrait rencontrer le vainqueur du barrage entre Auch et Bourg-en-Bresse qui doit se dérouler dimanche prochain, 1er mai. Si le club charentais est sanctionné, une chose est sûre, la phase finale sera une nouvelle fois faussée.

Du temps de Quillan…

QUILLANLe 19 février dernier, Georges Duzan, vice-président de la fédération en charge du secteur amateur, expliquait dans les colonnes de notre confrère Midi Olympique que cette confrontation entre gros budgets et petits clubs ne datait pas d’hier, prenant pour exemple le cas de Quillan : «  Personne ne s’en souvient, mais en 1925 le chapelier de Quillan, Jean Bourrel, avait monté, quasiment du jour au lendemain et avec beaucoup d’argent, une équipe professionnelle. Dans la foulée, le club était devenu champion de France. Ces disparités ont toujours existé ».

QUILLAN 2Effectivement en 1926, Jean Bourrel fit venir à Quillan sept des meilleurs joueurs de l'Union Sportive Perpignanaise, champion de France 1925, dont les internationaux Marcel Baillette et Eugène Ribère avec leur entraîneur Gilbert Brutus.

Mais, l’arrivée massive d’argent dans le monde dit amateur exacerba les jalousies et les rancœurs et le championnat se trouva alors entaché par des actes d’une extrême violence, avec pour apogée une confrontation en 1927 entre Perpignan et les « traitres » au cours duquel le talonneur de Quillan Gaston Rivière décéda suite à une mêlée écroulée.

QUILLAN 3En 1931, horrifiés par cette violence et excédés par ce faux amateurisme, les Britanniques décidèrent d’exclure l'équipe de France du Tournoi des V nations (elle ne reviendra qu’en 1947). Résultat, en 1933, la star quillanaise, Jean Galia, décide de partir pour rejoindre le rugby professionnel à XIII, puis Jean Bourrel se désengage du rugby.

Le bilan de cette période agitée devrait faire réfléchir les décideurs de la Fédération. L’inflation des budgets chez les « amateurs », hors toute réalité économique de la Fédérale 1, n’est elle pas une impasse dangereuse ?

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