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Un million de chasseurs sur la sellette : verdict ce lundi

Le gouvernement devrait officiellement renoncer à interdire la chasse le dimanche. Il pourrait imposer un examen médical et faire des contrôles d’alcoolémie.
CHASSE PLUS SÛRE - Des accidents mortels à la baisse
La pression « parisienne » est forte sur la chasse, comme sur les corridas, le foie gras et de nombreuses traditions. L’objectif de certains est donc d’interdire de sortir les fusils le week-end et les jours fériés, en commençant par le dimanche.

Pour quoi ? Pour protéger « les riverains, promeneurs, randonneurs, cueilleurs et cyclistes ». Des réunions se sont tenues à l’initiative du gouvernement entre tout ce beau monde : un beau dialogue de sourds !

Il faut dire que les randonneurs et VTTistes ne sont pas, non plus, toujours bien vus quand ils envahissent les chemins forestiers ou de montagne. Parkings sauvages, détritus, pratiques peu respectueuses de la nature… plusieurs sites pyrénéens réputés doivent désormais faire face à de nombreuses dégradations, pendant la période estivale.

Que dire des cueilleurs de champignons qui, dans certains coins de chez nous, retournent les sous-bois et font plus de dégâts que des sangliers. Au point que certains villages de Bigorre ont imposé un permis de cueillir, comme à Caixon où la chasse au… cèpe a pris des proportions ahurissantes.

L’indispensable régulation de la faune sauvage…

Si la chasse est aussi un loisir, elle joue un rôle essentiel pour la régulation de la faune sauvage. Elle est, avant tout, pratiquée par les habitants de chaque village qui connaissent leur espace naturel sur le bout des doigts, et qui sont indispensables pour l’entretenir.

Les chasseurs ne vont pas, tout d’un coup, déferler sur un territoire, comme une horde de touristes ou de randonneurs. Ils ont un permis de chasse, et ils doivent avoir une carte de chasse liée à un territoire précis, délivrée localement.

Sur le bassin de l’Adour, on compte plus de 50.000 chasseurs regroupés au sein de quelque 1.500 sociétés ou associations locales. Des organisations qui font appliquer des règles précises.

Il faut rappeler que, sur chaque commune, les prélèvements de gibiers sont très encadrés et contrôlés. Pour chaque espèce, le nombre d’animaux sauvages est identifié, année après année, pour fixer les autorisations de chasse. Si une espèce est menacée sur un territoire, la chasse peut être interdite jusqu’à retrouver une population suffisante ; inversement, si une espèce prolifère trop le nombre de prélèvement autorisés est augmenté, à la fois pour éviter une dégénérescence et des dégâts.

Par exemple, un trop grand nombre de chevreuils et de sangliers sur une commune va engendrer de nombreux dégâts dans les cultures et la forêt, voire même parfois dans des jardins privés. Il n’est pas rare que les chasseurs soient appelés au secours pour organiser des battues sur des communes urbaines.

Sécurité et contrôle d’alcoolémie…

C’est la secrétaire d’État chargée de l’Écologie qui a lancé l’idée d’introduire des alcootests au cœur de la forêt. La dernière trouvaille du gouvernement consiste donc à créer un délit d’alcoolémie pour l’exercice de la chasse, laissant croire que ce serait une pratique courante, voire qu’elle serait une cause majeure d’accident.

C’est oublier que, dans nos campagnes, la grande majorité des chasses individuelles a lieu le matin et souvent au lever du jour. Et que dans ces cas-là, les chasseurs ont plutôt du café ou du lait dans les veines que du vin rouge ; ils ripaillent sauf exception après la chasse, se contentant éventuellement d’un petit casse-croûte en cours de route pour caler l’estomac.

C’est oublier aussi que les chasses collectives, en battues, sont très encadrées par les associations de chasse. Et que, de plus, les chasseurs ont tout intérêt à faire leur propre police, puisqu’ils seront les premiers à risquer leur vie si l’un des leurs a un comportement dangereux.

La mesure doit être confirmée ce lundi. Mais, qui va contrôler tous les champs, toutes les forêts, tous les chemins de France, alcootest et carnet à souches en main ? Et tant qu’on y est, pourquoi ne pas installer des limites de vitesse et des radars dans les bois ?

Un examen médical et une appli…

Autre mesure qui devrait être officialisée, l’obligation de passer une visite médicale tous les 10 ans, complétée par un examen ophtalmologique. Cela fait déjà grincer des dents dans les villages et dans les associations locales.

Enfin, le gouvernement veut promouvoir une « appli » permettant de signaler les zones de chasse en temps réel. Des initiatives ont déjà été prises dans ce sens, comme celle d’un Gersois qui a créé le site internet Chassé & Croisé – lire notre article.

Ce ne sera pas évident dans les zones blanches encore nombreuses dans nos campagnes, et cela imposera de ne plus quitter son smartphone, même en balade, même à la chasse…

Et comme d’habitude, les autorités vont vouloir durcir les sanctions, comme si elles n’étaient pas déjà suffisantes. Savez-vous que l’absence de port de gilet fluorescent en chasse collective du grand gibier, ou l’absence de panneaux de signalisation d’une chasse collective sont passibles d’une amende de 750 €. Savez-vous qu’une infraction liée à la sécurité à la chasse, pouvant engendrer une mise en danger de la vie d’autrui, constitue un délit puni d’un an d’emprisonnement et de 15.000 € d’amende.

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