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Edito

Ecouter et respecter l’armée des paysans
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Même si leur nombre a été divisé par 6 en 60 ans, le million d’agriculteurs qui exerce encore en France est une force vitale pour nos campagnes, mais aussi pour notre pays. Et ces paysans ne doivent plus être traités comme une espèce protégée que l’on met en vitrine, une fois par an, au salon de l’agriculture pour divertir les Parisiens, en mal de nature, et permettre aux politiques de faire leur show hors sol devant les caméras de télévision.

Et, il est temps...

Il est temps, également, que les donneurs de leçons arrêtent de les harceler en montant des coups médiatiques pour tenter de faire passer les agriculteurs pour des sauvages. Lequel de ces écologistes des villes, connaît mieux la terre, la faune et la flore ? Lequel d’entre-eux les aime autant ? Sans les paysans que deviendraient nos campagnes et nos montagnes. Ce sont des évidences, mais il est utile de les rappeler sans cesse.

En plus de cela, les filières agroalimentaires sont en permanence assommées par des contrôles draconiens liés au tsunami des normes qui a déferlé ces dernières années, et qui ne permet guère le moindre faux pas. Laissez les vivre !

Oui, ces centaines de milliers d’artisans de la terre méritent qu’on les respecte enfin et pas seulement en paroles. Et ils méritent certainement plus de respect qu’aucun d’entre-nous. Depuis des générations, ils font preuve d’une capacité d’adaptation exceptionnelle avec la métamorphose des structures agraires. Ils font face avec courage et dignité aux aléas climatiques comme à la folie des cours des marchés mondiaux. Ils savent prendre des risques avec des investissements lourds… tout ça parce qu’ils aiment leur métier et leur terre. Il faut le dire et le redire !

Si aujourd’hui, ils sont dans la rue ce n’est pas pour revendiquer un quelconque confort, les 35 heures ou des congés payés. Ils sont confrontés à leur survie et à celle de leur famille. Tout simplement, parce qu’ils sont obligés de vendre à perte une partie de leur production. Ainsi, le kilo de viande de bœuf coûte à l’éleveur 4,50 euros et il ne le vend qu’à 3,80 euros. Pour le lait, les coûts de production s'élèvent à 360 euros les 1.000 litres en moyenne pour un prix de vente autour de 300 euros.

Les revenus de bon nombre d’agriculteurs ont dégringolé, et leur train de vie avec. Insupportable ! Quand on entend le ministre de l’Agriculture annoncer que des dizaines de milliers d’éleveurs sont déjà au bord du dépôt de bilan, on comprend cette révolte. De même quand le président de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles), Xavier Beulin, rappelle que chaque jour un agriculteur se suicide.

Et pourtant, l’agriculture est un secteur tout à fait essentiel dont le pays a besoin. La France reste la première puissance agricole de l’Union européenne devant l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. Mais pour combien de temps ? Est-ce que l’agriculture et l’agroalimentaire ne méritent pas aussi leur « état d’urgence » ?

Espérons que tout le monde se mobilisera, enfin et sérieusement, pour apporter des solutions concrètes et durables.

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