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SUR LE FRONTLes urgentistes, premiers de cordée

Équipes sur la brèche, réorganisation des hospitalisations et des secteurs… Les urgences sont plus que jamais sous tension et font face de manière admirable…
URGENCES - L’hôpital de Dax est contraint de baisser le rythme
On savait les hôpitaux déjà fragiles, bien avant l’apparition fracassante du coronavirus sur le territoire. Manque de lits, de personnel, de matériel, de moyens financiers permettant d’accueillir et soigner les patients en toute sécurité.

Manifestations, colère, jets de blouses et démissions des fonctions administratives ont défrayé la chronique cet hiver.

Puis, il y a eu les trois premiers cas de Covid-19, officiellement recensés en France, le 23 janvier. Le stade 1 était décrété le 25 février, le stade 2 deux jours plus tard. Le 15 mars, le pays basculait en stade 3, avec fermeture de tous les lieux publics non indispensables. Le 17 mars, « La France est en guerre », et les populations confinées.

Entre temps, le « Plan blanc », un dispositif de crise rare, a été déclenché le 6 mars dans les hôpitaux du Grand-Est et Ile de France- régions les plus touchées-, avant d’être étendu à tout le pays. Il détermine, face à une situation sanitaire exceptionnelle, les mesures d’organisation pour l’accueil et la prise en charge d’un afflux massif de victimes.

Sont alors envoyées sur le front, en premières lignes, les blouses blanches. Avec en poche de maigres munitions pour affronter l’ennemi et tenir un siège.

L’alerte ayant été lancée dès l’apparition des premiers cas, les centres hospitaliers des régions épargnées ont eu un peu plus de temps pour se préparer. Les informations préalables ont permis d’anticiper et d’organiser les capacités d’accueil de patients graves, notamment en réanimation.

« Il a fallu tout d’abord restructurer les secteurs d’accueil Covid et non Covid, pour cloisonner les pathologies. Comme partout en France, l’activité non liée au coronavirus a été recentrée sur les véritables urgences ; nous avons donc aujourd’hui beaucoup de patients gravement atteints, nécessitant plus de plateau technique », explique le Docteur Tran, responsable du service des urgences au centre hospitalier d’Auch.

« En ce qui concerne l’activité Covid, nous avons reçu certains patients dont l’état était sérieux, mais en faible proportion. La difficulté pour nous vient surtout de la complexité de la prise en charge pour l’examen clinique. Elle nécessite en effet un temps extrêmement long consacré à l’habillage-déshabillage, au nettoyage et à la désinfection des chambres et boxes dans lesquels sont accueillies les personnes supposées infectées. Il peut se passer deux à trois heures entre l’admission, l’examen et la sortie ; ce qui est beaucoup plus long qu’une entrée classique aux urgences. »

L’appréhension des équipes, minime lorsque les premiers cas se sont présentés, s’est ensuite aggravée lors du constat de conséquences dramatiques liées à l’infection. « Le passage en réanimation et les décès de patients relativement jeunes ont suscité des inquiétudes quant à la possible contamination du personnel soignant. D’autant qu’au départ, nous manquions alors de matériel de protection, comme dans la plupart des hôpitaux ».

Si le problème est résolu de ce côté, et les capacités d’accueil adaptées pour l’instant, les médecins sont maintenant dans l’expectative d’une deuxième épidémie, beaucoup plus difficile à contenir. Car elle pourrait avoir lieu en même temps qu’une remise en service des admissions « classiques », examens radiologiques, semi-urgences, etc. qui devraient reprendre prochainement.

« On ignore si elle aura lieu, quand, comment, mais on se prépare pour le déconfinement. L’organisation actuelle est maintenue, on prolongera le secteur Covid tant que ce sera nécessaire. Le grand public doit absolument respecter les gestes barrières, les distances sociales, et se conformer aux règles édictées si l’on veut éviter qu’une nouvelle vague vienne submerger les hôpitaux », conclut le Docteur Tran.

De sages conseils déjà appliqués, qu’il faudra maintenir à tout prix après le 11 mai.

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