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CÔTÉ FEMMESErika Sellier, une artiste autodidacte accomplie

Installée à Saint-Jean-de-Luz depuis près de 30 ans, cette artiste peintre manie également l’art ancestral du fixé sous-verre. Un travail aussi passionnant qu’exigeant !
Quelques créations d'Erika Sellier, peintre spécialisée dans la fixation sous-verre.
Erika Sellier crée sur mesure des œuvres uniques sur verre, art de la table, sculptures, grands panneaux décoratifs pour hôtels, spas, restaurants, boutiques et clients particuliers.

Après une première vie professionnelle dans l’univers de la création et la conception publicitaire, Erika Sellier rencontre finalement sa nature profonde, en tombant amoureuse de la peinture. Elle décide alors de se consacrer entièrement sa passion.

« J’ai vécu pendant trois ans sur un voilier. Au cours de cette période, j’entretenais une correspondance avec ma grand-mère et j’ai commencé à joindre des aquarelles, sans trop que je ne sache pourquoi. Je n’avais alors jamais peint de ma vie. Je vivais à 100 km/heure, ces aquarelles m’ont permis de prendre le temps d’admirer le paysage et de ralentir. Ça a été une révélation pour moi », confie l’artiste.

Conquise par l’énergie du Pays basque, elle s’y installe en 1993 et ouvre son atelier près de Guéthary. Il y a dix ans, un antiquaire la contacte pour la restauration d’une pièce fixé sousverre. Erika Sellier se rapproche alors des Ateliers de France pour se former à cet art.

La peintre autodidacte est admise à la maison des artistes et découvre la technique de peinture inversée pour laquelle elle se passionne. Cet art remonte à l’Antiquité, mais il est peu à peu délaissé et remplacé par la sérigraphie, plus facile à mettre en œuvre.

Contrairement aux émaux poudre de verre colorés qui pénètrent le verre en fusion, et nécessitent autant de cuissons que de couleurs, le fixé sous verre (ou peinture dite ” inversée”) est un art de surface qui permet le jeu des mélanges et une palette précise et infinie au peintre. La peinture s’applique ensuite par différentes couches superposées au dos d’un support en verre transparent (en commençant par l’infini petit pour finir par le fond, contrairement à la peinture normale).

Avec cette technique, impossible de retoucher ou de modifier tout défaut qui surgirait lors de la pose des premières couches. Une fois le décor posé, la pièce est cuite. Cette dernière étape permet la fusion des couleurs entre elles et la pérennité du décor. De plus, afin de suivre l’avancée de son travail, l’artiste doit peindre face à un miroir, ce qui apporte à cet art une contrainte supplémentaire. « Cette technique est très exigeante et demande beaucoup de dévouement. On peut passer des jours et des jours à peindre une pièce qui se brise dans le four », précise l’artiste.

Préservant de l’oubli cette technique ancestrale et délicate de peinture sur verre inversée, elle lui donne un nouveau souffle en la travaillant à chaud. Cette innovation technique renforce la tenue des couleurs sur le verre en améliorant sa pérennité. Elle est inscrite au répertoire des talents de France en 2010.

En 2016 elle se forme au thermoformage chez un verrier de La Bastide-Clairence afin d’apprendre à tailler, assembler et former à chaud le verre pour réaliser ses propres gabarits. Ses premières sculptures sur verre sortent de son atelier.

Erika Sellier adore expérimenter, chercher, essayer, jouer avec les codes, les formes et les couleurs…avec le temps elle est devenue une des spécialistes de la peinture sur verre en Europe et maître d’art en France. « Je suis une fan du travail de Gaston Suisse, Jean Dunand et de Paul Jouve. Je suis aussi fascinée par le Japon et notamment l’époque Edo. J’en suis tombée amoureuse en voyant une affiche de l’exposition du peintre Katsushika Hokusai, qui s’était tenue au Grand Palais à Paris. »

La reconnaissance d’un art presque oublié

« Selon moi, les artisans d’art ont un devoir de mémoire. Les métiers d’art retracent l’histoire de l’humanité, ce sont des métiers d’abnégation, de transmission, de valeurs humaines. Si un métier d’art s’éteint dans un pays, celui-ci perd une partie de son âme », assure Erika Sellier.

Exposées dans de prestigieuses manifestations ou des lieux culturels renommés (salon Révélation au grand Palais à Paris, musée Hébre à Rochefort, musée d’Aquitaine de Bordeaux, musée du Revard…), ses œuvres sur verre suscitent l’intérêt et la curiosité de collectionneurs, décorateurs d’intérieur, architectes et amateurs de pièces uniques.

En 2019 Erika Sellier est lauréate dans la catégorie « Métier d’art » du concours organisé par les Ateliers d’art de France, pour son grand triptyque en peinture inversée sur verre, dont le fond est enrichi de feuille d’or et d’argent. « En tant qu’autodidacte, ce prix est pour moi une véritable reconnaissance de mon travail par mes pairs. Cette pièce est celle dont je suis la plus fière. Elle représente la nature sauvage à travers la jungle et les animaux », confie Erika Sellier. En 2021, elle reçoit le prix d’excellence au salon Art Expo Paris.

Peintre autodidacte et professionnelle depuis 30 ans, Erika Sellier a su trouver son équilibre, entre ses grandes toiles régionalistes et la peinture inversée. « J’aime cette double casquette, car elle m’offre une certaine liberté dans mes créations. Après plusieurs mois à ne faire que peindre, je reviens avec plaisir au fixé sous-verre, et inversement ».

En novembre prochain, l’artiste basque sera présente au Salon Made in France, à Paris, aux côtés d’autres créateurs et entrepreneurs de Nouvelle-Aquitaine.

Noémie Besnard

Voir le site internet de Erika

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