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COUP DE CŒURGrégory Hourcadet, l’enthousiasme bien inspiré, bien équilibré

D’une famille de paysans du Nord-Béarn, le fondateur d’Eurélec ouvre en permanence de nouvelles voies, entre bon sens terrien, ouverture d’esprit, liberté de pensée et recherche de spiritualité.
COUP DE CŒUR – Grégory Hourcadet, l’enthousiasme bien inspiré, bien équilibré
A 35 ans, ce chef d’entreprise atypique peut être fier d’un parcours déjà remarquable, mais sa passion le projette surtout vers un avenir aussi ambitieux que non-conventionnel. Rencontre à bâtons rompus.

Votre rêve ?
Grégory Hourcadet –
Il se nourrit dans de multiples dimensions. Je rêve qu’Eurélec devienne l’entreprise la plus désirée chez les moins de 30 ans. J’aime contribuer à faire évoluer les comportements vers une consommation d’énergie responsable, grâce à nos compétences. Je souhaite être un acteur social et sociétal vertueux et efficient. J’ai envie d’associer la communauté Eurélec en inventant un modèle et en ouvrant le capital. Entre autres…
 
Un plan de bataille ?
G. H. –
Oui, avec notre projet 2030. L’objectif est d’abord de renforcer notre mission au service de l’énergie et de la production d’énergie. Nous réalisons aujourd’hui un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros. L’enjeu est de changer de dimension pour devenir un acteur sociétal faisant référence. Alors que l’énergie électrique est de plus en plus utilisée, à tous les niveaux, nous voulons aller beaucoup plus loin dans le mieux consommer, dans la responsabilité. La flamme vient de ce projet. Nous avons bâti la stratégie, reste à construire la voie pour y arriver.
 
C’est à dire ?
G.H. –
A partir du 1er trimestre 2024, un tiers des résultats sera investi dans la création d’une cellule performante de recherche et développement. Par exemple, pour créer notre propre production d’énergie, en inventant un nouveau type de générateur. En parallèle, nous devons grandir encore sur le plan sociétal, c’est le côté cœur pour moi. Au-delà des compétences, l’objectif est que chacun puisse se réaliser sur le plan humain, à travers un projet commun.

Une véritable culture d’entreprise ?
G. H. –
Elle est déjà forte, même si elle n’a jamais été formalisée, conscientisée… Quand on rentre ici, il se passe déjà quelque chose de spécial. On ne sait pas l’expliquer, il y a un état d’esprit, une énergie qui fait qu’on s’y sent bien. Je voudrais que les gens qui viennent travailler dans cet environnement, puissent mettre à profit leurs compétences, mais avant tout qu’ils se réalisent eux-mêmes sur le plan humain. On va structurer cette culture pour franchir un pas supplémentaire dans la dimension sociale et sociétale, afin de devenir une entreprise toujours plus attractive pour les jeunes. Nous avons des clés, des pépites en interne, dans nos attitudes, nos fonctionnements, nos valeurs… Nous voulons accélérer le défrichement d’un chemin vertueux, pour tout le monde, capable de devenir une référence nationale, tout en restant un acteur local.
 
Comment ?
G. H. –
Il y a donc un double projet, économique et sociétal. D’où la création d’Artgonomia, la holding du groupe. Art, c’est la dimension culturelle et artistique, l’être et le subtil. Ergonomia, comme ergonomie, qui touche toute la relation au travail. C’est aussi un cabinet d’accompagnement, en interne, et pourquoi demain au service d’un réseau de concessionnaires indépendants. J’aimerais que ceux qui travaillent dans l’énergie puissent ainsi rejoindre cette culture d’entreprise, et constituer avec eux un maillage autour de cette notion. Quelque part, il s’agit d’un accompagnement pour la réalisation de soi.
 
Votre force ?
G. H. –
C’est un ensemble illustré par l’arbre d’Eurélec, avec ses racines, avec son tronc, constitué de toutes les ressources : les collaborateurs, nos réseaux, nos idées, tout ce qui est palpable et non palpable... Notre tronc, c’est aussi nos clients, ils font partie de l’entreprise, ils sont ici comme chez eux. Même chose pour les fournisseurs et les partenaires, certains viennent presque toutes les semaines, ils apportent des idées. Les branches, ce sont nos extensions, les ramifications vers où l’on va, les directions stratégiques que l’on prend. Quant aux fruits, ils seront partagés en 3, entre les salariés, la R&D et les futurs actionnaires.

Pourquoi grossir ?
G. H. –
Nous sommes 80, aujourd’hui. Dès la création d’Eurélec, j’ai mis une condition que l’on soit au moins une trentaine pour éviter d’être prisonnier de l’entreprise. Je suis un homme libre. La responsabilité ne me fait pas peur, j’aime ça. Par contre, je ne voulais pas me retrouver enfermé dans une entreprise où je bosse tout le temps. Grâce au développement, je peux m’appuyer sur un comité de direction solide. On partage beaucoup de sujets, je suis très bien entouré et organisé. Personnellement, je veux affecter 50% de mon temps à toutes mes missions économiques au sein de l’entreprise, 50% à d’autres activités.
 
Lesquelles ?
G. H. –
Essentiellement, les pompiers, le Centre des Jeunes Dirigeants (CJD) et Réseau Entreprendre Adour. Ce sont deux réseaux qui ont beaucoup de sens, et qui sont essentiels à la société de demain. En tant que pompier volontaire, je consacre 4 à 8 heures par semaine à cet engagement citoyen. Le CJD m’a tellement apporté que j’ai accepté d’être président pour le Béarn. J’ai beaucoup reçu de Réseau Entreprendre Adour, alors c’est normal d’apporter ma contribution. Trois belles oeuvres dans lesquelles je m’investis en apportant aussi des énergies, mes vibrations.

Revenons au changement de dimension…
G. H. –
J’insiste. Plus l’entreprise se développe et plus j’ai du temps pour être dans une vision stratégique, pour ancrer l’entreprise sur le territoire de manière pérenne. J’ai un comité directeur et un comité stratégique, demain on aura une cellule de recherche et développement. Ce qui manque aujourd’hui, c’est un conseil d’administration, avec des parties prenantes, internes et externes, avec des experts. Pour ça, il faut avoir une autre dimension, en visant un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros. Nous aurons alors notre rôle dans la société, et nous devrons assumer nos positions. Tout ça, c’est mon rêve. Ce qui me motive chaque jour, c’est de bâtir cet avenir.
 
Des frustrations ?
G. H. –
Je suis un frustré permanent. J’ai plein d’idées, mais il faut choisir, on ne peut pas tout faire… Mais c’est de la bonne frustration, celle qui challenge. Dans notre métier au départ, la frustration venait du fait que nous devions réaliser ce que d’autres avaient pensé, un bureau d’études, un architecte… Je n’ai pas une âme d’exécutant. J’ai besoin de m’exprimer librement, bien au-delà du cadre qu’on imagine, des cloisons mentales… D’où la création de nombreuses spécialités dans Eurélec : téléphonie, télécom, vidéo, contrôle d’accès, de l’énergie, de la production, de la gestion, du pilotage, des bornes électriques, du photovoltaïque, etc. D’où le lancement de Quadrilater qui permet de changer de positionnement dans nos relations au client. Désormais, il appelle pour exprimer une idée, et on réfléchit ensemble pour construire le projet. Cela m’a ramené dans la créativité, a donné du sens et du plaisir dans le travail.

Parlez-nous de Cubao…

G. H. – C’est encore plus extraordinaire. On crée des réserves d’eau dans des containers, rendus étanches. C’est particulièrement utile pour les pompiers et l’on est dans une démarche totalement RSE. J’adore ! On a créé un produit, protégé par un brevet international, qui peut être construit dans tous les ports du monde, avec un chaudronnier. Nous gardons l’exploitation sur la France et nous cherchons des partenaires pour les autres pays, avec une approche largement décarbonée. On a une idée forte, on va la libérer.

Vos origines ?
G. H. –
Mes oncles sont tous agriculteurs autour de Garlin, à Aurions-Idernes et Castetpugon. J’ai grandi à la ferme au contact de la terre, avec la notion de saison telle qu’on l’aime. Je me suis imprégné du bon sens paysan. Tout cela m’a donné une foi immense dans la vie et me sert beaucoup. Comme l’agriculteur, chaque année on replante, on repart, on refait. Je ne suis pas fatigué de recommencer, au contraire. La vie est un éternel recommencement. Par ailleurs, avec le yoga tibétain, j’ai appris à vivre de l’instant, à capter chaque instant, à profiter de moments éphémères, de l’impermanence.

Comment êtes-vous arrivé à l’électricité ?
G. H. –
Dans mon enfance, je voulais être docteur, puis prof. Je ne savais rien du métier d’électricien, mais j’ai été attiré par le côté mystique de l’électricité. Elle sert à tout le monde, il y en a partout, elle est invisible et porteuse de danger. L’électricité m’a allumé des ampoules à l’intérieur de l’esprit.
 
Votre formation ?
G. H. –
Je n’ai pas fait beaucoup d’études : un bac pro et un BTS par alternance. Mais, je ne me suis jamais arrêté, je suis toujours à l’école. Je suis en formation 3 à 4 semaines par an, partagées entre des sessions métier et du développement personnel, dont la recherche de soi et de son unité intérieure.
 
Des étapes marquantes ?
G. H. –
Entre 14 et 18 ans, j’ai fait tous mes stages chez le même artisan. A la sortie, je savais faire mes chantiers, j’étais déjà autonome. Pendant mon BTS en alternance dans un groupe régional, je suis tombé sur un directeur d’agence (malheureusement décédé) qui m’a donné les clés du management, du relationnel, de la négociation, du commercial, des échanges avec les collaborateurs… il m’a beaucoup transmis et je me suis largement inspiré de lui. Parallèlement, j’ai appris à faire du sport de haut niveau mentalement, le sport de l’esprit, avec beaucoup de recherche intérieure.

D’autres rencontres ?
G. H. -
Ma 3e vocation, je l’ai reçue avec Réseau Entreprendre, au contact de Pierre Gougy. A 48 ans, il avait vendu deux de ses entreprises. Il m’a transmis ce qu’est un chef d’entreprise. A cette occasion je me suis rendu compte que j’avais toujours eu une âme d’entrepreneur : pompier volontaire, animateur maître-nageur dans un camping, président du comité des fêtes de Castetpugon, trésorier de l’Amicale des pompiers… cela a été un bel échange, une belle transmission.  La 4e personne qui est venue influencer très positivement mon parcours, c’est Jean-Jacques Lesgourgues : un modèle d’inspiration, une belle réussite personnelle, beaucoup de recherche intérieure, très à l’écoute, très présent pour les autres, des qualités humaines extraordinaires. Il a soutenu avec son épouse de nombreux artistes et participé avec le fond de dotation Quasar à préserver l’art contemporain et mené une carrière professionnelle exceptionnelle sur le plan humain.
 
Il vous a donné le goût d’être patron ?
G. H. –
Non. Pas d’être patron. Parce que dans l’inconscient collectif, l’image qui prédomine est celle du patron égo-centrique et cela m’insupporte. Une entreprise est bien souvent conçue comme un système d’asservissement non assumé, pas forcément vertueux sur le plan humain, pas équilibré sur le plan spirituel. En fait, la rencontre avec Jean-Jacques Lesgourgues m’a ouvert une autre voie parce qu’il est hors cadre et a coché toutes les cases qui étaient importantes pour moi. Je me suis dit que je pouvais moi aussi devenir chef d’entreprise à ma façon, en créant mon propre modèle. Aujourd’hui, je suis auteur, entrepreneur, accompagnateur… Je suis surtout sans étiquettes, ne voulant pas m’enfermer dans ce que je suis aujourd’hui. Sinon, comment évoluer demain ?
 
Vous n’aimez pas les casquettes ?
G. H. –
Effectivement, je ne supporte pas qu’on me colle telle ou telle casquette, ou que l’on me mette dans une case. Je n’ai pas un fonctionnement compartimenté. J’aime trop la liberté, casser des barrières, sortir des schémas sociétaux classiques. Je me réalise à travers tout ce qui peut le permettre. Et si je veux vraiment me réaliser, il faut que les personnes autour de moi se réalisent aussi car tout prend un sens à partir du moment où c’est partagé.

Pourquoi écrire un livre ?
G. H. –
Tout simplement parce que ça me fait du bien, que j’aime partager et que tout vient du cœur, tient de l’inspiration. Je ne détiens pas de vérités, j’exprime des sentiments, des choses que je vis, que j’aime. Je parle de ce qui m’anime, de ce qui me frustre. J’ai écrit ce livre « Business et spiritualité, de la dualité à l’harmonie » comme on fait une œuvre, comme un artiste… Il ne s’agit pas d’unifier le business et la spiritualité, mais de trouver l’harmonie entre les deux, qui nourrissent la même mission.
 
Vous prenez beaucoup de plaisir avec cette approche ?
G. H. –
Énormément. Notamment parce que j’ai trouvé le bon équilibre entre tout ce qui me passionne, et qui s’enrichit mutuellement. Nous avons besoin de nos deux hémisphères, le rationnel et l’irrationnel, pour avancer. C’est pour ça que je donne 50% de mon temps pour le business, le pro, et 50% pour le personnel et le sociétal. C’est pour ça que je ne réfléchis pas en cloisonné, je ne parle pas de 35 heures. Quand on me demande combien d’heures par jour je travaille, je ne sais même pas répondre. Je fais tout le temps un peu de tout, selon l’inspiration du moment. Je ne suis pas du tout un boulimique du travail. J’ai besoin de tout ça, de tout ce dont je viens de vous parler.
 
Informations concernant Eurélec sur son site internet
 
Informations sur Quadrilater, cliquez ici
 
Informations sur Cubao, c’est ici

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