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Biarritz Amérique Latine : une scène ouverte aux migrations

Du 20 au 26 septembre, Biarritz se transforme en capitale des cinémas latino-américains avec un scénario plus vibrant que jamais.
Le Festival Biarritz Amérique Latine a su s’imposer comme la principale vitrine en France des cinémas latino-américains
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Projections, concerts, rencontres littéraires et débats : une semaine entière pour explorer la richesse culturelle d’un continent, sous le signe des migrations, thème central de cette 34ᵉ édition.
Cette année encore, plus de soixante films, pour la plupart inédits en France, composeront la sélection
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Chaque année à la fin septembre, le front de mer biarrot se métamorphose. Entre les vagues de l’Atlantique et les gradins improvisés du Casino, les projecteurs s’allument pour accueillir un rendez-vous désormais incontournable : le Festival Biarritz Amérique Latine. Du 20 au 26 septembre 2025, la ville offrira une nouvelle fois son décor à ce grand plan-séquence où se croisent cinéastes, écrivains, musiciens, chercheurs et spectateurs passionnés. Depuis sa création en 1979, le festival a su s’imposer comme la principale vitrine en France des cinémas latino-américains, mais aussi comme un carrefour d’échanges culturels qui va bien au-delà des salles obscures.

Cette 34ᵉ édition met en lumière un thème universel et brûlant : les migrations. Le continent latino-américain est traversé par d’innombrables trajectoires, intérieures ou transfrontalières, du Brésil vers ses métropoles, du Venezuela vers la Colombie, du Mexique vers le Nord. Entre arrachements et renaissances, entre mémoires et espérances, ces récits irriguent le cinéma du continent et trouvent un écho direct dans notre actualité mondiale.

Un festival en trois actes

Au cœur du scénario, trois compétitions donnent le tempo : longs-métrages de fiction, courts-métrages et documentaires. Chacune d’elles offre une fenêtre sur des réalités multiples, entre fresques intimes et grandes épopées collectives. À la clé, le précieux Abrazo, ce prix symbolique qui, comme une accolade, vient récompenser les œuvres qui auront le plus touché jury et public.

Cette année encore, plus de soixante films, pour la plupart inédits en France, composeront la sélection. Certains viennent de Cuba ou d’Argentine, d’autres du Brésil ou du Chili, révélant la vitalité d’un cinéma qui n’hésite pas à mêler documentaire social, fiction audacieuse et expérimentations formelles. Le festival n’est pas seulement un lieu de diffusion : il est un révélateur de talents et un tremplin pour des cinéastes souvent peu visibles dans les circuits traditionnels.

Au Village du festival, les spectateurs peuvent assister à des concerts gratuits, découvrir des expositions ou s’attarder à une table de discussion
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En choisissant de consacrer son focus aux migrations, le festival déroule une pellicule où s’entrelacent routes poussiéreuses, gares bondées, frontières franchies dans la peur ou l’espérance. Les films sélectionnés racontent la fuite de familles entières, l’exil des travailleurs vers les capitales, mais aussi le retour au pays, porteur de nostalgie.

Comme le résume la présentation officielle : « Le continent américain est traversé de mouvements migratoires, comme l’essentiel du monde et en cela il en est un parfait résumé ». En salle, sur l’écran, mais aussi dans les débats et conférences, cette thématique sera déclinée, multipliant les angles de vue et les récits.

Rencontres et prolongements hors-écran

Mais le Festival Biarritz Amérique Latine n'est pas qu'une succession de projections. Chaque soir, dès que le générique des films s’achève, la fête continue au Village du festival. Installé face à l’océan, au Casino Municipal, ce lieu de convivialité est une véritable scène parallèle où les spectateurs peuvent assister à des concerts gratuits, découvrir des expositions, flâner entre les stands ou s’attarder à une table de discussion.

Le Village ouvre ses portes de neuf heures du matin jusqu’à deux heures du matin. On y passe d’une conférence universitaire animée par l’IHEAL à un concert de salsa, avant de trinquer pour terminer la soirée. Cette année, une nouveauté enrichit encore ce lieu : le Conversatorio, un espace dédié aux échanges informels avec les invités, où les cinéastes dialoguent librement avec le public.

Bérénice Bejo lors du précédent Festival
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Le festival multiplie les passerelles avec d’autres disciplines. Les rencontres littéraires donnent voix aux écrivains du continent, dont les œuvres résonnent souvent avec les thématiques portées par les films. Les débats animés par l’IHEAL apportent une profondeur scientifique et historique aux récits projetés, offrant une clé de lecture indispensable pour saisir les enjeux des migrations.

Ces croisements entre arts et savoirs transforment l’événement en une semaine entière où l’on apprend autant que l’on s’émeut, où la réflexion côtoie la danse et où les spectateurs repartent ravis de souvenirs.

Trois lieux dans Biarritz accueillent les projections et temps forts, à savoir le Cinéma Le Royal, la Gare du Midi et le Casino Municipal. Chacun possède son atmosphère : salle intimiste pour le premier, grandeur théâtrale pour la seconde, et ambiance balnéaire face à la Grande Plage pour le troisième. Cette diversité des espaces reflète l’esprit du festival : ouvert, pluriel, à l’image du cinéma latino lui-même.

Le Village du Festival reste un lieu d'échanges
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BAL-LAB : l’arrière-scène professionnelle

Depuis 2018, le festival s’est doté d’un espace professionnel baptisé Biarritz Amérique Latine Lab (BAL-LAB). Véritable coulisse du festival, il favorise les rencontres entre producteurs, distributeurs, vendeurs français et créateurs latino-américains. Deux pôles structurent ce dispositif : les résidences, où les projets trouvent un accompagnement au long cours, et les rencontres de coproduction, véritables salles de montage pour bâtir des partenariats solides.

Ce qui fait la singularité du Festival Biarritz Amérique Latine, c’est ce mélange permanent entre exigence artistique et ambiance conviviale. On peut assister dans la journée à un documentaire cubain bouleversant, et le soir danser au son d’un orchestre argentin. On peut échanger avec un réalisateur colombien autour d’un café, puis participer à un atelier ouvert aux enfants dès huit ans.

Cette dimension inclusive se traduit aussi par les actions menées auprès du public scolaire. Des parcours thématiques et un programme personnalisé permettent aux jeunes spectateurs de découvrir la richesse des cinémas latino-américains, mais aussi de réfléchir aux enjeux politiques et sociaux qu’ils véhiculent.

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Palmarès et nouvelle mise en scène

Grande nouveauté de l’édition 2025, la soirée de Palmarès, qui se détache de la clôture. Présentée vingt-quatre heures avant la fin du festival, elle prend la forme d’une soirée festive dédiée aux courts-métrages. Ces films, venus du Mexique, d’Argentine ou du Brésil, osent le stop motion ou la fable fantastique, jouent avec l’humour et l’émotion. Entre chaque remise de prix, le public découvre ainsi des créations débordantes d’énergie. Un choix audacieux qui montre à quel point le festival aime réinventer sa propre narration.

À l’heure du générique de fin, le Festival Biarritz Amérique Latine laisse derrière lui plus que des souvenirs de cinéma. Il offre une traversée, celle d’un continent aux cultures foisonnantes, celle de récits où se mêlent migrations et racines, celle d’une fête collective.

Sébastien Soumagnas

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