Créé en 1997 à l’initiative de sept entreprises du territoire, le Geiq 64 compte aujourd’hui une quarantaine de membres, de l’artisan au grand groupe du BTP, qu’il accompagne dans ses besoins de recrutement et de formation.
« En tant que chef d’entreprise, il est important d’avoir en face de nous des personnes motivées, qui ont envie de s’investir et d’apprendre le métier. Nous sommes prêts à transmettre notre savoir-faire, notre passion. Encore faut-il qu’elles soient prêtes à les recevoir. C’est la raison pour laquelle l'accompagnement en amont du Geiq est important », explique Jacques Gastigar, charpentier et président du Gieq depuis 10 ans.
La mission principale du groupement est l’insertion professionnelle par l’activité économique du public éloigné de l’emploi. Il coordonne le temps de travail des salariés qui occupent des postes temporaires non spécialisés et profiter des périodes de non-emploi pour développer l'orientation et la formation de ces derniers.
« Pour définir notre travail, le premier mot qui me vient, c’est humain. C’est ce qui nous lie autour du Gieq. On prend le temps d’écouter les personnes avec des profils atypiques, sans jugement », expose-t-il.
Le Gieq 64 collabore avec les principaux acteurs de l’emploi, tels que le Pôle Emploi ou les Missions locales, mais également avec des organismes de formations, à l’instar de l’Afpa, du Greta et de la Fédération compagnonnique des métiers du bâtiment (FCMB) de Lons.
« La qualité, pas la quantité »
L’organisme opère principalement auprès du public prioritaire, comme les demandeurs d’emploi longue durée, les bénéficiaires du RSA, les personnes sans ressources ou sans qualifications, les travailleurs handicapés…
En 2022, le Geiq 64 a permis l’embauche de 35 emplois équivalent temps plein. « On n’est pas dans la quantité, mais dans la qualité. C’est ce qui me tient à cœur », résume le président.
En 2022, l’âge moyen des salariés embauchés par le groupement béarnais était de 28 ans et 92 % d’entre eux étaient des hommes. Si la parité est loin d’être respectée dans ce secteur d’activité, Cécile Collier, la directrice de la structure, tient cependant à souligner que le Geiq 64 est au-dessus du niveau national (8 % en Béarn, contre 2 % dans l’Hexagone).
Au-delà de ce type de public, l'organisme reçoit de plus en plus de personnes diplômées de l'enseignement supérieur qui souhaitent se reconvertir dans le BTP.
« Ici, nous avons de très beaux parcours : on vient souvent à notre rencontre après des premiers, deuxièmes, voir troisièmes parcours de vie professionnelle. Parfois, ces profils se heurtent à de l’incompréhension de la part des conseillers d'orientation : mais pourquoi un ancien étudiant en master de psychologie du numérique veut devenir peintre ou plombier ? », souligne Cécile Collier.
Un accompagnement professionnel et social
Redirigés majoritairement par les centres prescripteurs, les candidats poussent les portes du Gieq 64 afin de concrétiser un projet professionnel. Plusieurs rencontres sont organisées pour comprendre les besoins de la personne, avant de trouver une entreprise parmi ses membres qui pourrait correspondre au profil du candidat.
S’ensuivent une rencontre entre les différentes parties, une période d’immersion et d’évaluation sur chantier, et l’élaboration d’un plan de formation, avec des parcours individualisés.
L’atout principal du Gieq est son accompagnement et le suivi professionnel et social de ses salariés. En effet, l’association les aide à la compréhension du contrat et de la fiche de paie et sur des questions de la vie courante, comme la sécurité au travail, le logement, la mobilité, les démarches administratives, juridiques et personnelles ou encore à l’accès aux soins…
« Comment voulez-vous qu’une personne éloignée de l’emploi puisse se concentrer sur son projet professionnel si elle dort dans un logement insalubre, est malade ou ne peut pas se déplacer ? Notre rôle est de casser les freins de sa réinsertion », interpelle Cécile Collier.
De beaux parcours
En 25 ans d’existence, il y a bien eu des ententes malheureuses entre salariés et artisans, confesse Cécile Collier, mais celle-ci préfère se rappeler des belles histoires.
En 2001, un jeune chef d’entreprise est venu au Giecq pour former son fils de 19 ans au métier du BTP. Après un contrat d’orientation, Sylvain Thirant a finalement repris l’entreprise paternelle de carrelage, il y a une dizaine d’années. Il est aussi président de BTP Insertion.
« Au fonds de lui, mon père espérait que ce métier ne me plairait pas et que je fasse autre chose. Dans notre entreprise, il y a toujours eu des apprentis, car la formation et la transmission sont des choses importantes pour nous. Grâce à l’insertion professionnelle, j’ai pu rencontrer des personnes exceptionnelles, avec des parcours de vie totalement décalés, certaines d’entre elles sont d’ailleurs encore chez nous. Face au manque de main-d’œuvre, nous, chefs d’entreprise, devons prendre le temps de former ceux qui veulent apprendre nos métiers. Nous en sortirons forcément gagnants », témoigne-t-il.
En 2008, Nicolas Salmon a passé un brevet professionnel en maçonnerie grâce au Gieq 64. Après avoir été salarié, il a repris une entreprise artisanale, puis est devenu membre et administrateur du groupement d’entrepreneurs. « Si j’en suis là aujourd’hui, c’est grâce au Gieq et à son accompagnement. J'ai rencontré cette équipe à une période de ma vie où je cherchais ma voie professionnelle et à me prouver des choses », conclut-il.
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