Au détriment de ses parents qui lui avaient dit « Tout, sauf ça », Anne Piques-Rouxelin a choisi “ça” avec une détermination qui s’apparente à une véritable vocation.
« Mes parents ont créé l’entreprise en 1970, et on peut dire que j’avais de la sciure dans le biberon » s’amuse la jeune femme de 39 ans, aujourd’hui à la tête des 35 salariés de l’entreprise basée à Seissan. « J’ai eu la chance de savoir très tôt ce que je voulais faire, et j’ai donc pu choisir mes études en fonction. J’ai fait un Master en management stratégique de la production, et des stages dans les palettes à Lyon, aux États-Unis… J’avais des propositions, mais j’ai rejoint l’entreprise familiale dès que j’ai pu, car j’étais sûre d’apprendre vite et bien, et sans traitement de faveur ! J’ai commencé par la gestion de production, en rajoutant forcément des cordes à mon arc au fur-et-à-mesure ».
En 2014, la passation officielle la nomme dirigeante de Gers Sciage Palettes – Gers Sci Pal pour les habitués - et Anne continue de vivre à fond sa passion pour la transformation industrielle du bois, afin d’en tirer la quintessence.
Les investissements conséquents pour remplacer l’outil de production devenu obsolète vont permettre à l’entreprise, historiquement dans le secteur du bâtiment, de s’ouvrir à une clientèle plus vaste, comme l’agro-alimentaire ou la chimie.
Cette diversification a permis de pérenniser la structure
« C’était un pari très osé, un immense pas en avant, mais nécessaire. Cette diversification a permis de pérenniser la structure. Aujourd’hui, nous scions 50 000 tonnes de bois par an, ce qui représente 800 000 palettes de tailles différentes, en fonction de la demande et du cahier des charges du client. Nous travaillons en prélèvement raisonné essentiellement sur du résineux, issu de nos massifs d’approvisionnement en Occitanie, l’Ariège, le Tarn, les Pyrénées, et également des Landes ».
L’entreprise s’apprête à franchir un nouveau pas avec la construction d’un bâtiment supplémentaire de 3 000 m² sur son site de Seissan, ainsi qu’une ligne d’assemblage automatisée et mécanisée, qui permettra de diminuer la manutention et de renforcer l’ergonomie au travail.
Nous allons muter les postes de manutention pure vers des postes de surveillance
« Comme nous l’avons fait il y a plus de dix ans pour le sciage, nous allons muter les postes de manutention pure vers des postes de surveillance, qui ouvriront nos ateliers à des femmes ou des seniors. On pense encore que dans une scierie, les employés portent les pièces de bois sur l’épaule ! Notre filière n’a pas assez communiqué sur les nouvelles technologies intégrées sur nos lignes, et les scolaires que je reçois pour visiter les ateliers sont étonnés de constater que l’on travaille par exemple sur des scanners 3D ».
En véritable passionnée, Anne essaie de susciter des vocations auprès de ces jeunes générations, en insistant sur la multitude de métiers qui interviennent sur un seul et même produit : plaquage, charpente, emballage, pâte à papier, chimie verte…
« En 1964, on comptait environ 15 000 scieries en France. Les projections pour 2023-2024 s’élèvent à 1 000. C’est un secteur où il faut continuellement investir pour rester dans la course ».
Avec la nouvelle ligne qui devrait ouvrir en milieu d’année 2023, des postes d’opérateurs et conducteurs de lignes seront proposés. Femmes et seniors y seront les bienvenus.
Marielle Fourcade
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