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PORTRAIT PASSIONJean-Jacques Camarra : il murmure à l’oreille des ours…

Avec son livre Au Pays de l’Ours (éditions La Salamandre), cet infatigable amoureux de la montagne, de la nature, et des ours regarde sa vie dans le rétroviseur… Retrouvez-le ce 12 juillet en signature à la médiathèque de Cauterets…

Jamais loin des Pyrénées où il est né, en Bigorre plus exactement, Jean-Jacques Camarra se décrit comme un homme libre depuis deux ans. Pardon, il voulait dire retraité ! Adolescent, il lisait Jack London, Rachel Carson, Henry David Thoreau, Jean-Yves Cousteau, lectures inspirantes qui, probablement, contribuèrent hautement à sa révélation écologique. Il fut le fondateur-ex responsable du Réseau Ours Brun, permettant le suivi de la population d’ours dans les Pyrénées françaises, au sein de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (qui s’intitule désormais l’Office Français de la Biodiversité). Alors, il inventa ou initia des techniques de suivi de la population des ours, des études scientifiques sur les habitats à ours, et fut conseiller technique en matière de gestion de l’espèce.

On vous résume : il devint très vite « monsieur Ours », et on vous jure que le titre n’a rien de péjoratif, plutôt hautement honorifique.

L’ours est un élément majeur de l’identité pyrénéenne 

Quand on lui demande ce qu’il pense de la réintroduction des ours dans les Pyrénées, il répond sans ambages : « Je considère que l’ours est un élément majeur de l’identité pyrénéenne. La faiblesse des effectifs, au plus bas, en 1995 (5 individus) n’assurait plus la survie spontanée de l’espèce. La réintroduction était indispensable à leur sauvegarde. » Il raconte aussi comment ce fut une décision unilatérale, faute de consensus local, où la décision de réintroduire s’imposa, avec une prise de responsabilité de l’État. Concrétisée par le lâcher de dix ours de souche slovène, entre 1997 et 2018. « Il n’y avait plus le choix de tergiverser, au risque de voir disparaître les derniers spécimens et avec eux, les pratiques pastorales de protection des troupeaux (chiens patous, clôtures, gardiennage) et les réflexes habituels de vie avec le plantigrade. » Il conclut en affirmant qu’aujourd’hui, le suivi de l’évolution démographique de la population doit s’intensifier de manière à compenser chaque ours détruit par l’homme, par un nouveau lâcher. Hormis le souci de consanguinité qui s’accroît, c’est la gestion de la prédation sur les troupeaux domestiques qui doit primer afin de faire avancer l’acceptation du prédateur.

Introverti imaginatif… Élevé à la dopamine… 

Mais parlons de l’homme (qui a vu l’homme qui a vu l’ours, oui…) : il se définit, non sans humour comme un « introverti imaginatif, brouillon parfois méthodique, assez soucieux, hyperactif, élevé à la dopamine (efforts physiques, en haute montagne). » Les meilleurs moments de sa vie, sans surprise, sont ceux où il a rencontré l’ours, une fois à courte distance, et l’autre fois, où il a joué à cache-cache avec l’un d’entre eux en forêt. Il aime alterner les jours de grande activité physique et ceux, sédentaires (pourquoi a-t-on autant de mal à l’imaginer vautré sur le canapé, même avec un pot de miel entre les pattes, pardon les mains ?). Il avoue que l’un des pires moments de son existence fut la mort de Cannelle. Mais qu’il s’amusa vraiment beaucoup le jour où il décida de faire entrer de façon volontaire un jeune ours au sein d’une assemblée de fonctionnaires lors d’une réunion technico-administrative. On aurait donné cher pour voir leur tête !

Son livre « Au Pays de l’Ours » vient de paraître aux Éditions La Salamandre et suscite déjà un vif intérêt. Il se hâte de préciser : « Ce n’est pas un livre sur l’ours. Il est consécutif au stade ultime de l’homme, le stade senior, lorsqu’on regarde sa vie dans le rétroviseur. »

Je ne suis pas un passionné d’ours, mais de la vie, de la montagne, d’esthétique autant que de liberté 

Au Pays de l’Ours est né des confinements successifs de 2020 et des longs mois de vie solitaire dans sa maison – à 1.100 mètres, sur les contreforts du Pic de Sesques (Etsaut, Vallée d’Aspe). Chez lui, la création commence avec l’effort physique, l’affût, le froid, qui le plongent littéralement dans un état méditatif. S’ensuit la prise de notes, la terrible page blanche, la construction de l’histoire, la rédaction qu’il associe à « la nuit, cet atelier d’écriture… »

Là, il tient son carnet de bord du confinement, farfouille dans ses cahiers, et notamment les « carnets des années Papillon » rédigés au même endroit, en 1980, au cours de prospections scientifiques. Les changements lui apparaissent si flagrants : climat, ours, évolution des paysages. Le synopsis s’impose doucement mais résolument : il tient son sujet, à destination du grand public.

« Je ne suis pas un passionné d’ours, mais de la vie, de la montagne - symbole de force et de vie - et d’esthétique - paysages, ours - autant que de liberté. Cette dernière est essentielle mais jamais acquise. Le combat face aux éléments naturels symbolise cette dualité. J’ai mis ces motivations au chevet des ours. »

Pour conclure, il termine avec une touchante poésie : « La beauté est à portée de mains, ici même, dans le Béarn. Je m’arrêterai de penser ours le jour où il ne sera plus un mythe, c’est-à-dire jamais ! » En l’écoutant ainsi parler, nous vient alors à l’esprit cette phrase de feu l’écrivain Roger Judrin : « Les écrivains sont des ours de société. Ils goûtent la solitude sur un théâtre. »

Crédit photo : Annie Labat

OÙ RENCONTRER JEAN-JACQUES CAMARRA

9 juillet matin à la librairie "auprès de Pyrène " de Bagnères de Bigorre

12 juillet : Médiathèque de Cauterets

1er octobre : Salon Pyrénéen du Livre, Bagnères-de-Bigorre

8 octobre (14h30) : Librairie Leclerc Oloron Sainte-Marie

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