« Ma première constatation est que des avantages fiscaux très importants ont été faits aux entreprises par les gouvernements successifs. Lorsque j’ai été élu maire, les deux entreprises multinationales Engie et EDF participaient sur le budget communal à 85% des ressources. Aujourd’hui, nous sommes tout juste à 52% » souligne d’entrée le premier édile.
Les propriétaires des appartements ont vu, grâce aux investissements de la collectivité, leur patrimoine valorisé
Malgré cet appauvrissement conséquent pour la commune, les stations sont là et bien là, nécessitant un entretien et des améliorations constantes qui pèsent très lourd dans le budget. « Nous avons investi sur le domaine skiable en quelques années plus de 30 millions, et la perte des ressources de ces grandes entreprises ne peut pas être compensée par les 240 habitants d’Aragnouet ! En même temps, les propriétaires des appartements ont vu, grâce aux investissements de la collectivité, leur patrimoine valorisé. Augmenter les impôts n’est jamais populaire, mais sans les efforts d’investissements de la commune, ces appartements ne vaudraient aujourd’hui que 1 500 € le m² au lieu de 3 000 à 3 500 € ».
D’autant que la municipalité a aussi investi dans 60 appartements communaux destinés aux travailleurs saisonniers, proposés à plus de 20% en dessous du tarif HLM. « Nous les avons construits et nous les entretenons pour les louer dans des conditions correctes, et à des prix corrects. Ils ne sont pas rentables du tout, mais nous assumons le logement de ceux qui viennent travailler chez nous ». Une heureuse initiative qui leur permet en plus d’éviter des trajets coûteux et inutiles.
Les travailleurs locaux vont se loger ailleurs, donc les écoles ferment, les services de santé disparaissent, et la vie du village s’éteint peu à peu
Direction Cauterets, où le maire Jean-Pierre Florence se retrouve confronté à une érosion importante de sa population permanente. Près de 1 000 habitants à l’année, 5 800 propriétaires DGF, soit environ 25 000 lits. Une richesse immobilière importante, mais une difficulté à maintenir les gens qui viennent travailler sur place, sans compter les jeunes qui ne peuvent pas accéder à la propriété en raison de la flambée des prix de l’immobilier.
« Entre les deux derniers recensements, nous avons perdu 20% de cette population. Certaines habitations principales se transforment en résidences secondaires, les travailleurs locaux vont se loger ailleurs, donc les écoles ferment, les services de santé disparaissent, et la vie du village s’éteint peu à peu » constate-t-il.
La surtaxe nous permettrait de financer des opérations immobilières à vocation sociale
« On ne peut parler qu’au conditionnel en attendant de savoir si la commune est éligible au nouveau dispositif, mais, si c’était le cas, la taxe des logements vacants passerait de 12,5% à 17% la première année, et de 25% à 34% les années suivantes. Cette loi apporterait des recettes complémentaires, la surtaxe nous permettrait de financer des opérations immobilières à vocation sociale ».
La municipalité, qui a acheté l’ancien hôtel de Londres pour le transformer en résidences pour les saisonniers, réfléchit à l’acquisition d’un deuxième ancien hôtel destiné à des logements à vocation sociale. Le projet de loi des finances pourrait être un levier intéressant pour financer ces opérations.
Marielle Fourcade
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