« Je me souviens que nous rentrions de la messe de minuit avec mes parents, et que le circuit avait été monté durant notre absence dans la salle à manger » sourit l’ancien pompier professionnel, tout jeune retraité. « À l’époque, nous habitions en Normandie, et nous passions l’essentiel de notre temps sur la plage. Nous ne sortions les jouets que durant les vacances d’hiver ; le reste du temps, ils étaient soigneusement rangés dans des cartons qui repartaient au grenier. C’est pour cela qu’ils sont encore en très bon état ! ».
Avec mes premières payes, j’ai commencé à acheter des coffrets en HO, meilleur marché. J’avais attrapé le virus du collectionneur
Si ce cadeau tombé du ciel n’était pas forcément attendu par Jean-Pierre, d’autres suivront pour les anniversaires et les Noëls, jusqu’en 1966. Pourquoi cette année-là ? « Parce que Jouets de Paris et Hornby ont arrêté de fabriquer les trains à l’échelle 0. C’était l’avènement des premiers HLM, et pour ne pas encombrer les pièces réduites, ces marques se sont mises alors à produire des trains HO, plus petits » explique notre expert, dont les rayons des bibliothèques regorgent de livres sur l’histoire et l’évolution des trains électriques.
Arrivé dans le Gers à l’âge de 10 ans, par un extraordinaire va-et-vient entre une grand-mère originaire de Haute-Garonne et un grand-père du Pas-de-Calais, il passe son CAP de menuisier à Samatan quelques années plus tard. Les cruelles inondations qui ravagent le paysage gersois en 1977 l’incitent à rejoindre les pompiers volontaires de Lombez. Son chef de corps, qui a repéré ses qualités de grand sportif, l’inscrit d’office - à son insu - au concours des pompiers professionnels à Toulouse. Il sera reçu, et intègrera la caserne d’Auch à l’âge de 29 ans, pour y rester jusqu’à sa retraite.
Comme j’ai une centrale digitale qui permet de faire rouler presque dix trains à la fois sur la même voie, c’est encore plus réaliste !
« Nous étions dans les années 80, et il était impossible de trouver des trains à l’échelle 0. Avec mes premières payes, j’ai finalement commencé à acheter des coffrets en HO, meilleur marché. J’avais attrapé le virus du collectionneur. Et quand les premiers vide-greniers sont apparus dans les années 90, j’ai vu ressurgir alors des pièces incroyables. Aujourd’hui, j’ai quelques 1 500 locomotives et wagons, datant de 1902 à 1957. Des Charles Rossignol, des Louis Rossi, des Joustra, plus récents… et bien entendu, ma toute première locomotive des années 30 ».
La Bourse aux jouets de Tournefeuille, en Haute-Garonne, puis les sites Internet, favoriseront alors les échanges ou les bons tuyaux, à travers les réseaux qui se constituent entre passionnés de France, et d’ailleurs.
Aujourd’hui, dans sa maison de Roquelaure, Jean-Pierre Houplain profite de sa retraite pour aménager le très grand grenier, avant d’y installer ses trésors. Une bonne idée pour ne pas chambouler la vie de famille et le quotidien de Lola, son épouse.
« Je viens de terminer l’isolation, je vais m’attaquer au plateau, avant de monter les circuits. Comme j’ai une centrale digitale qui permet de faire rouler presque dix trains à la fois sur la même voie, c’est encore plus réaliste ! » s’extasie-t-il. Avant d’ajouter : « Mais les prix sont très élevés aujourd’hui ; il faut y aller avec parcimonie ». Parcimonie, un mot qui ne fait pas vraiment partie du monde des collectionneurs.
Si ses enfants n’ont pas particulièrement accroché aux wagons de sa passion, son petit-fils semble beaucoup plus enthousiaste. Il a six ans, l’âge où tout a commencé pour son fabuleux papy. Un grand-père passionné peut donc cacher un petit-fils en herbe…
Les amateurs qui souhaiteraient joindre Jean-Pierre Houplain peuvent lui adresser un mail à l’adresse suivante : jp.youp@orange.fr
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