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L'INFO INCONTOURNABLEOléandes, les irréductibles Landais

Julien Saint-Palais, directeur, nous explique comment ils combattent la pénurie due à la crise ukrainienne
Quelques uns des membres de la coopérative Oléandes, qui poduit des huiles de tournesol et de colza depusi son site de Mugron, dans les Landes.
La coopérative agricole basée à Mugron exploite depuis dix ans ses propres récoltes de tournesol et de colza pour fabriquer de l’huile. Mais les prix s’envolent depuis février.

Une dizaine d’agriculteurs et éleveurs des Landes se sont regroupés afin de transformer leurs graines de tournesol et de colza. Une presse mobile sépare ainsi l’huile (utilisée alors pour les tracteurs) et les tourteaux récupérés pour nourrir les animaux.

En 10 ans, la coopérative a bien grandi. Elle rassemble aujourd’hui 95 membres des Landes, mais aussi des Pyrénées-Atlantiques et produit 900 000 litres par an d’huile vierge de tournesol, tournesol bio, colza, colza bio ainsi que des tourteaux. Julien Saint-Palais, aujourd’hui directeur d’Oléandes, a fait partie de l’aventure dès son commencement. Il revient sur la situation inédite qui se joue actuellement en Ukraine et qui bouleverse l’économie mondiale.


Comment se portait votre coopérative avant le conflit russo-ukrainien ?

Julien Saint-Palais (J. S-P) : Très bien, nous tournions déjà à plein régime. En 10 ans, nous avons réussi à nouer des liens forts avec notre territoire. Nous avons des débouchés très variés, des laboratoires cosmétiques à l’industrie agroalimentaire, en passant par les cuisines de restauration collective et la vente au consommateur. Nous avons même un projet d’agrandissement, pour suivre la demande croissante de nos clients.

La situation actuelle est inédite. Comment impacte-t-elle Oléandes ?


J. S-P : C’est complètement fou : tout est déstabilisé. Nous avons été assaillis de toutes parts. Notre surplus de 10.000 litres d’huile est parti en fumée et notre magasin de producteurs, à Mugron, n’a jamais vu autant de monde. Les prix sont fixés à l’avance avec un contrat d’un an, donc la répercussion ne s’est pas encore fait sentir, mais la prochaine campagne [NDLR : récolte], qui démarrera en juillet pour le colza et entre septembre et octobre pour le tournesol va forcément subir la hausse des prix de l’azote (multiplié par trois depuis février), des énergies (électricité multipliée par trois), des graines et du carburant.


Depuis le début de la pandémie, on parle beaucoup de réintroduire des filières localement et de la nécessité de « produire français ». La situation actuelle ne révèle-t-elle pas les limites de cette aspiration ?


J. S-P : Depuis 2012, nous avons essayé de construire une économie pérenne et locale. Aujourd’hui, tout est à revoir, au moins temporairement, car la France est quand même ultra dépendante au niveau des énergies, de l’engrais et même de l’huile. Il faut savoir que 50% de l’huile consommée en France provient de l’étranger. La dépendance agricole est donc toujours d’actualité, nous avons encore du chemin à faire.

Y a-t-il tout de même un rayon de soleil dans ce ciel assombri ?

J.S-P : Oui, même si la période est partie pour durer et que nous n’avons aucune solution immédiate pour renverser la vapeur. Cette crise géopolitique nous a amené de nouveaux partenaires. Certains partiront une fois la guerre finie, mais d’autres partagent nos valeurs du fait local et naturel. D’autre part, notre projet d’agrandissement est toujours d’actualité : nous allons nous équiper d’une autre presse et étudions plusieurs pistes pour développer notre capacité de stockage.

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