Ce réseau a vu le jour il y a 36 ans afin de lutter contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire. Le 13 mars 1984, La Croix publie une tribune intitulée « J’ai Faim », écrite par Sœur Cécile Bigo, dénonçant le scandale de la pauvreté qui cohabite avec le gaspillage de denrées alimentaires.
Dans cette lettre, Sœur Cécile Bigo écrivait : « …Quelle est la personne de génie qui surgira et aura assez d’astuce pour mettre en place, avec d’autres, le procédé de récupération rapide et efficace des aliments avant qu’ils ne soient jetés dans nos poubelles… ». De cette étincelle éditoriale est né le premier réseau d’accompagnement alimentaire en France, sur le modèle des Food Banks américaines, sous l'impulsion de Bernard Dandrel et de 5 associations (Secours Catholique, Emmaüs, Armée du Salut, Entraide d’Auteuil et Entraide protestante).
L’aide alimentaire permet d’accompagner des publics très nombreux et différents. Aujourd’hui en France, on estime qu’entre 9 et 10 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté, dont un tiers d’étudiants. C’est aussi une porte d’entrée vers leur réinsertion durable.
En moyenne, en Béarn et Soule, 5.500 personnes bénéficient de cette aide alimentaire chaque mois grâce à la Banque Alimentaire Béarn et Soule (créée en 1985). Dans son local de 2.500 m2, situé au 9 rue du Corps Franc Pommiès à Billère (inauguré en 2020), la BABS peut compter sur le soutien de ses 220 bénévoles, cinq contrats aidés (Parcours Emploi Compétence), un mécénat de compétence (Crédit Agricole) et trois prestataires de service.
La Banque Alimentaire Béarn et Soule entretient un partenariat de longue date avec les acteurs de la Grande distribution. Ces derniers ont récemment intégré le dispositif « loi Garot » dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. Ce faisant, ils ont optimisé leur démarche sans renoncer à leur politique de dons, mais en proposant également à leurs clients des offres à prix réduits sur les produits à courte date de consommation comme des paniers de fruits et légumes « anti-gaspi ». Cette action a pour conséquence d’entraîner un tassement du pourcentage de leurs dons à la Banque Alimentaire.
Récupérer, stocker et redistribuer les dons alimentaires
Pour lutter contre la précarité alimentaire, l’association collecte les denrées (produits frais et secs, d’hygiène, produits « Bébé »…), et accompagne les associations d’actions sociales de son territoire. « Pour schématiser, je dirais « que notre organisation est une plateforme logistique : nous prospectons, recevons, stockons et redistribuons ensuite, mais nous menons conjointement des actions d’accompagnement auprès de nos associations partenaires (formation, ateliers cuisine…), souligne Jean-Bernard Casenave, le président de la BABS.
En 2020, l’organisation béarnaise a reçu environ 1.200 tonnes de produits : 51% proviennent de la ramasse quotidienne auprès des acteurs de la grande distribution, 15% des différentes collectes ponctuelles, 14% des dotations de l’Europe et de la France, 12% des industries agroalimentaires locales, 4% des plateformes régionales des Banques alimentaires (de grands groupes font des dons qui sont ensuite redistribués) et enfin, 4% sont des achats.
« En 2020, nous avions obtenu une dérogation spéciale pour acheter des denrées en raison de la covid. Mais depuis juin 2021, nous avons officiellement le droit d’en acheter », explique le président de la BABS, qui espère faire augmenter ce pourcentage en 2022, afin d’atteindre 7 à 8% du total de produit frais. « C’est un objectif ambitieux pour la première année, car il faut enclencher le mouvement ».
La Banque alimentaire Béarn et Soule redistribue ensuite ces dons via 39 structures (CCAS, collectifs locaux d’aide alimentaire et associations rattachées aux grands réseaux nationaux la Croix Rouge, le Secours Populaire et le Secours Catholique.
Veiller à la qualité nutritionnelle et privilégier les produits locaux
Pour compenser cette baisse de donation sur certains produits frais, la BABS compte s’appuyer sur les achats. Mais, ce nouveau levier pourrait bien également servir un autre enjeu. « Aujourd’hui, le questionnement d’une recherche d’une meilleure la qualité nutritionnelle de l’aide apportée aux plus démunis est tout à fait légitime. Les préoccupations sociétales concernant le mieux manger ne doit pas exclure les plus précaires. Donc, c’est à nous d’ajuster notre fonctionnement », insiste Jean-Bernard Casenave.
La BABS a, depuis plusieurs années, mis en place des ateliers de cuisine où les bénéficiaires de l’aide alimentaire peuvent découvrir des recettes et astuces simples à réaliser au quotidien. Une nutritionniste accompagne également l’association locale avec le soutien de l’Agence Régionale de Santé (ARS).
Ce nouvel approvisionnement sera aussi possible grâce au Mouvement des entreprises pour une solidarité alimentaire (Mesa), un fonds de dotation qui regroupe 120 entreprises. Des conventions sont déjà en cours de signatures avec les producteurs locaux et les organisations intéressées.
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