Tout le monde peut en faire le constat les routes départementales et communales souffrent fortement d’un manque d’entretien. Et les difficultés financières rencontrées par les collectivités territoriales (baisse des dotations de l’Etat) n’arrangent rien. De plus en plus, ces dernières ralentissent ou même mettent à l’arrêt les travaux pour faire des économies.
Seulement voilà, les conséquences pourraient être très lourdes. D’abord sur le plan humain, puisque l’on considère déjà que, dans 47% des cas, les accidents sont liés à un problème au niveau de l’infrastructure routière.
Ensuite sur le plan économique, puisqu’une route non entretenue doit être complètement refaite au bout de 20 ans, générant des coûts très importants. « Un euro non investi dans l’entretien peut générer jusqu’à 10 euros de dépenses supplémentaires », c’est le constat déjà fait en 1992 par la Cour des Comptes.
D’où la volonté de 40 millions d’automobilistes et des Automobile-Clubs de tirer la sonnette d’alarme. C’est ainsi qu’il y a un an, était lancé l’opération « J’ai mal à ma route » pour demander aux usagers de signaler les routes dégradées.
L’association a donc déjà recueilli les témoignages de nombreux automobilistes confrontés aux dangers liés à ces routes mal entretenues. Elle a édité une carte où apparaissent pour chaque département les trois routes les plus dégradées.
Tous les détails du Palmarès sur le site Internet
Dans les Pyrénées-Atlantiques…
Pour les Pyrénées-Atlantiques (16 222 km de routes), 220 signalements ont été enregistrés. A noter qu’en 2015, le Département a consacré 69,8 millions d’euros à l’entretien de la voirie routière, soit 102 euros par habitant.
Signalement 1 – avenue des Lilas à Pau : « Dos d’âne beaucoup trop haut et pointu (le plus haut de Pau à ma connaissance). On est obligé de réduire sa vitesse à 15 km/h pour le passer sans encombre. » - Aurélien H.
Signalement 2 – D146 à Aubertin : « De larges fissures parallèles au devers sur toute une voie de circulation, causant un important affaissement de la chaussée et projetant les véhicules vers le dévers. » - Maxime R.
Signalement 3 – D9 à Ledeuix : « Virage très accentué, ni signalé, ni sécurisé, qui présente un dévers considérable. De nombreux camions y ont chaviré ! De plus, aucune évacuation d’eau efficace = patinoire à chaque pluie, même en voiture ! » - Thierry R.
Dans les Landes…
Pour les Landes (11 495 km de routes), 110 signalements ont été enregistrés. En 2015, le Département a consacré 44 millions d’euros à l’entretien de la voirie routière, soit 108 euros par habitant.
Signalement 1 – D352 à Larrivière-Saint-Savin : « Portion entre route de Coutet et route de Pouymiro, soit environ 1,8 km du bourg. Route très ombragée, en hiver verglas fréquent, route étroite avec champ en contrebas et passage de camions qui vont et viennent de l’usine. La pose d’une glissière est très vivement souhaitée. » - Martine D.
Signalement 2 – D634, route de Sabres à Mont-de-Marsan : « La route et les trottoirs sont en piteux état, complètement affaissés. » - François B.
Signalement 3 – route des Barthes à Heugas : « Petite route étroite desservant un lycée agricole et servant de raccourci pour plusieurs petites communes. On y croise comme on peut des ensembles routiers. Le plus dangereux, c’est par temps humide : les bas-côtés sont instables et la route très sinueuse. Plusieurs accidents ont eu lieu. » - Laureano G.
Dans les Hautes-Pyrénées…
Pour les Hautes-Pyrénées (6 438 km de routes), 119 signalements ont été enregistrés. En 2015, le Département a consacré 32,9 millions d’euros à l’entretien de la voirie routière, soit 139 euros par habitant
Signalement 1 – Allée du Château à Barbazan-Debat : « Toute la route est très abîmée, nombreux nids-de-poule et fissures. Aucun aménagement. » - Vincent B.
Signalement 2 – D939, rue du Huit Mai 1945 à Lannemezan : « Route complètement déformée depuis des années maintenant. On se croirait sur une piste de rallye en plein milieu de la ville, inacceptable. » - Julien D.
Signalement 3 – intersection D26 / D526A à Montoussé : « Il faudrait un stop sur la D526A. De nombreux accidents y ont eu lieu, car peu de visibilité, mais priorité à droite... » - Julien D.
Dans le Gers…
Pour le Gers (10 747 km de routes), 132 signalements ont été enregistrés. En 2015, le Département a consacré 27 millions d’euros à l’entretien de la voirie routière, soit 137 euros par habitant.
Signalement 1 – Boulevard des Poumadières à L’Isle-Jourdain : « Chaussée très abimée (plus de revêtement, nids-de-poule, fissures, chaussée déformée, marquage effacé, dus aux passages répétés des camions, aux pluies diluviennes et au non-entretien). Cette route est en projet de réfection depuis... Mais c’est toujours reporté. » - Dany M.
Signalement 2 –D174, lieu-dit Au Périsson àLe Brouil-Montbert : « Nids-de-poule, trous, déformations... » - Julien S.
Signalement 3 –D32 à Le Houga : « Route complètement déformée. La DDE a fait des bosses sur plusieurs kilomètres ! Une voiture y a été détruite. » - Julien P.
Sécurité : assumer ses responsabilités…
L’association 40 millions d’automobilistes, profite de la publication de ce palmarès pour interpeller à nouveau les autorités.
« Et si chacun assumait sa responsabilité ? Lorsqu’il s’agit de parler de sécurité routière, c’est sans cesse le même refrain d’une chanson que l’on connait par cœur : il faut accentuer la répression pour limiter le nombre d’accidents. Et pourtant, comment imaginer que l’on puisse inlassablement accumuler les textes et mesures répressives sans tomber un jour dans l’excès de mesure ? La réglementation plus stricte, toujours plus sévère, ne résout pas tout.
« La sécurité routière ne se résume pas à des sanctions toujours plus lourdes. À quoi bon punir de 135 euros le dépassement d’1 km/h de la limitation de vitesse ? 1 km/h de trop par inadvertance et c’est 12 % du SMIC qui s’envole...
« Cette impunité, cette intolérance, est toujours justifiée par l’absence de limite à la lutte contre l’insécurité routière. Alors pour quelle raison l’État ne se l’impose-t-il pas à lui-même ? Car oui, il est inadmissible que nos routes se dégradent sans la moindre attention des Pouvoirs publics. Et aucune étude sérieuse depuis 1995 n’ose évaluer l’impact réel d’une route mal entretenue sur la sécurité routière.
« Oui, à force de ne pas entretenir, nous détruisons notre patrimoine routier, cette richesse de mobilité que l’on a mis des années à construire, kilomètre par kilomètre.
« Cet état des lieux que nous vous proposons aujourd’hui, cette carte compilée d’informations remontées par les automobilistes eux-mêmes, met l’accent sur quelques routes, symboles d’une France qui réduit à peau de chagrin ses investissements dans l’entretien de nos routes.
« Une chose est sûre, nous ne tolérerons aucun accident sur ces routes où la responsabilité de l’infrastructure routière peut être clairement engagée. Grâce à la publication de cette première carte au Gouvernement, aux parlementaires, aux conseillers régionaux, départementaux ainsi qu’à tous les maires de France, plus personne ne pourra se réfugier derrière l’argument du « On ne savait pas ».
Signalez les chaussées en mauvais état !
Vous pouvez continuer à apporter vos témoignages concernant des routes dégradées et dangereuses, mais aussi des manques au niveau de la signalisation qui peuvent mettre en péril les usagers de la route.
Pour cela, vous pouvez contacter l’Automobile-Club au 05 11 08 00, ou bien vous rendre directement sur le site Internet www.jaimalamaroute.com
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